Hadouken!

Hadouken!
Un mot qui résonne comme un cri de victoire, comme une marée haute à l'assaut de la terre ferme, comme un trois set zéro ou comme, dans la version originale le coup du poignet porté par la vague. Seuls les spécialistes de jeu vidéos japonais auront une petite idée concernant cette dernière expression très imagée...
Après un passage annulé au dernier festival des Inrocks, les voilà enfin à Paris , un mois avant la sortie de leur premier album Music For An Accelerated Culture.

Tout d'abord, ce sont les Housse de Racket qui ouvrent le jeu avec une mise en jambes assez exceptionnelle et des morceaux de haute volée.
Il ne sont que deux dans leur formation de base, mais c'est comme s'ils étaient neuf ou dix-huit. Ils pulvérisent à loisir tout ce qui bouge avant de le caresser d'un revers affectueux. Le tournoi est déja gagné qu'ils s'évertuent encore dans des prises de risque inimaginables, des coups tordus le long de la ligne ou des passing-shots fulgurants. Huit morceaux et autant de balles neuves !

Hadouken! surgissent enfin depuis les vestiares, direction le court central, essayant de mettre tout le monde d'accord sur le bien fondé de cette balle liftée et tournoyante.
Ne me demandez pas de définir leur musique, eux seuls le peuvent peut-être... Faisant quelque part partie de la New Rave, on les considére comme Grindie (Grime + Indie rock), ajoutez à ça quelques samples et une petite dose de techno... Le Grime, c'est un peu une grosse marmite où l'on aurait touillé du hip-hop, de la dance et du garage, le tout made in London avec comme fer de lance notre ami Dizzee Rascal.
Le groupe se lance donc avec un Get Smashed Gate Crash tout en énergie fondue et cuisson torride avec claviers qui virevoltent de tous côtés et rythmes syncopés. Une histoire de fête du vendredi soir à fond les ballons avec des paroles particulièremant bien senties : 'Let’s get this party started and rip the place apart', 'People being sick on the landing carpet', 'Getting laid on the parents bed', 'Smashing up all the porcelain china'... Et le refrain : 'Welcome to our world, we are the wasted youth and we are the future'.
Le reste est du même acabit, des petites histoires où l'on sent une réalité du quotidien détaillée avec talent, humour et férocité.
A mettre en rapport avec la verve d'un Mike Skinner... Et c'est d'ailleurs la tête pensante de The Streets qui les avait propulsés vers le grand public au début 2007 en passant leur That Boy That Girl à la BBC.
Hadouken! sont cinq depuis l'ajout d'un bassiste en décembre 2006.
James Smith, le chanteur à casquette blanche à motifs colorés, arbore un t-shirt Sonic Youth. Il va dans tous les sens, faisant de la scène son territoire de jeux.
Il descend dans la fosse, emprunte et finit le verre d'un membre de l'audience (c'est promis, il en paiera un autre), arrose délicatement les premiers rangs (juste une fois), se fera porter gentillement par quelques bras résistants.
Et puis il y a Daniel, Chris et Nick respectivement guitariste, bassiste et batteur de leur état et qui ne sont pas en reste en rayon t-shirt (At The Drive-In et un très seyant Nike), prêts à en découdre pour la palme de plus beau garçon avec James.
Et il y a aussi Alice au claviers, belle fille blonde aux longs cheveux, qui restera super concentrée sur son instrument tout le long de la soirée.
Oscillant entre furie, frénésie et routes sans signalisation au calme étrange, leur musique est capable de faire fondre la tolle la plus résistante et de la transformer en oeuvre artistique véritable.
Pas de temps perdu, tout est au point et les morceaux fusent. Seulement deux extraits de l'album à venir : Declaration Of War et Crank It Up . Sans compter bien sûr sur ce premier morceau du set (vitrine de l'album) et sur les inévitables singles Liquid Lives , Leap of Faith et le fameux That Boy That Girl qui terminera le set en fanfare interstellaire.

Hadouken! est décidement une bien belle machine avec sa quantité inestimable de petits humains rieurs à l'intérieur.
Et même si la qualité du songwriting n'égale en rien celle d'un Klaxons, pour ne pas les citer, Hadouken! reste un beau fer de lance pour la divine Albion.
Au vu de leur succès outre-manche, la France reste encore un territoire à conquérir mais la fougue de la jeunesse, l'énergie solaire et une détermination farouche sont avec eux.