Bloc Party

La pochette : une lune rousse sur fond bleu. La date de sortie : le 21 juillet. La durée de l'EP : treize minutes. Toute coïncide ou presque... On est dans une fiction-réalité financée par la NASA : « Houston on a un problème, on a perdu la fusée Bloc party ! ».

Même si l'EP The High Life est présenté comme un exercice de transition entre le précédent album du groupe, Alpha Games, et leur futur opus, il est difficile de s'enthousiasmer pour cette sortie de Bloc Party. The High Life démarre pourtant sur un son funky-disco boule à facettes en phase avec l'astre mort sur la pochette de l'EP. Kele Okereke s'enthousiame et nous chante qu'il est prêt pour la grande vie : « Are you ready for the high life ? ». C'est original dans le répertoire de Bloc party, mais cela ressemble plus à un nouveau mix de Banquet et d'un titre de Metronomy. Joseph Mount pourrait crier au plagia. Seul bon point, l'optimisme retrouvé du leader du groupe de l'Essex, et finalement ce n'est déjà pas si mal !
Sur le second morceau Keep It Rolling, on retrouve la voix en écho caractéristique du chant de Kele et la première collaboration de Bloc Party avec la star montante du pop-punk US Kenny Hoopla, assistées cette fois d'une batterie électronique. Malgré la qualité vocale du titre et un dernier riff de basse à la Hooky, la fusée Bloc Party semble, là aussi, avoir perdu sa trajectoire initiale.

Dans l'ascension lunaire, le rythme ralentit sur le troisième titre, Blue, certainement le meilleur de cet EP. La fragilité de Kele se dévoile à travers cette ballade qui n'est pas sans rappeler This Modern Love de leur premier album Silent Alarm. C'est un peu comme si, en retrouvant le protagoniste de cette histoire vingt ans plus tard, il nous livrait ses états d'âme du moment. L'homme a certainement vieilli, le tempo est plus lent mais la voix reste singulière. Puis la batterie (physique) accélère le rythme tel un cheval au galop. Non ce n'est pas l'effet d'attraction de la lune sur la marée mais un vrai exercice de style de la batteuse Louise Bartles dont on peut ici saluer le travail.
The Blood Moon, emprunt reconnaissable à Johny Marr sur l'intro de Bigmouth Strikes Again, clôture cet EP. Un son rock plus traditionnel mais déjà entendu du côté de Manchester (New Order, rien de nouveau à l'horizon !) permet d'entrevoir toutefois une fin plus positive à cette aventure.

La fusée Bloc Party est partie sur une trajectoire basse. En manque d'inspiration, elle n'aura pas atteint la lune, mais avec plus de vingt ans de travaux dont le génial Silent Arm, on ne peut qu'espérer la voir à nouveau là-haut au plus près des étoiles.