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Hurts

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 28 juin 2010

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Aujourd’hui, rendez-vous est pris avec HURTS à l’hôtel Jules, rue Lafayette. Nouveaux fers de lances de la pop synthétique romantique, coupes de cheveux ras sur les cotés et plaquées en avant sur le dessus, Theo Hutchcraft et Adam Anderson pourraient être deux mannequins de magazine ; un magazine froid et très avant-gardiste. Ils ont débuté à Manchester sous un climat aussi froid que leur musique. Chics rétro comme pouvaient l’être Brian Ferry ou les membres du Lotus Eaters, ils représentent l’élégante vague synthétique venue d’Angleterre. Souvent photographiés et filmés dans le style d’Anton Corbjin, je les trouve, tirés à quatre épingles et gominés de près, assis au bar dans de confortables club en cuir, dégustant leur thé une heure avant l’heure officielle en Angleterre !

Enchanté de faire votre connaissance, pouvez-vous me dire de quand date votre rencontre ?

Nous nous connaissons depuis trois ou quatre ans maintenant mais le groupe n’existe que depuis dix-huit mois.

Je suis le dernier à vous rencontrer aujourd’hui, quelle ont été les questions les plus posées par les précédents journalistes ?

C’est vrai, dans quelques heures nous prenons l’avion pour Madrid pour une tournée européenne. Hier soir nous étions à Berlin, Madrid demain et après la Suisse. Ensuite nous rentrons en Angleterre puis nous jouons à Copenhague... Les questions qu’on nous a le plus posées aujourd’hui sont sans doute « Pourquoi nous nous appelons Hurts ? », « Comment nous sommes-nous rencontrés ? » et « Sommes-nous frères ? » !

Je vais à mon tour vous le demander, mais qu’est-ce qui vous blesse (ndlr : what hurts) ?

La pluie, le mauvais temps... mais finalement le climat froid est assez important pour nous, il est parfois le reflet de notre musique. Mais le beau temps de cette journée à Paris nous convient aussi. Ça recharge nos batteries. À Manchester, il peut en ce moment et c’est horrible. Dernièrement nous ne pouvions même trouver le courage de travailler !

Est-ce la raison principale du choix de Hurts comme nom de groupe ?

Non. C’était plus un choix par légèreté, un nom qui sonnait bien. C’était aussi quelque chose qui allait bien avec notre musique. Un nom qui touchait les gens et qui pouvait définir beaucoup de forts sentiments.

Quels sont vos artistes cultes ?

Prince, Depeche Mode, Gary Numan…

Gary Numan, belle référence ! Vous avez d’ailleurs débuté avec lui je crois ?

Oui, nous avons joué avec Gary Numan lors de la tournée Replicant avec notre ancien groupe, Daggers. Nous avons chacun appartenu à quelques formations avant de jouer dans Hurts.

Peut-on dire que Gary Numan est une de vos influences majeures ?

Oui, on peut dire ça. Gary joue une musique si froide et si intense en même temps que nous acceptons volontiers son influence !

Quelles sont vos autres influences musicales ?

Tears For Fears. Ils représentent la quintessence de la pop new wave des années 80s. Ils avaient de fantastiques pop songs, tant dans la qualité que dans la durée, comme avec les huit minutes de Shout dans version vinyle 45t. Ils avaient également des paroles très terre à terre, très réalistes, très sombres même. Nous aimons leur carrière car ils n’ont jamais fait que deux très bons albums. Et si vous voulez vraiment les connaître, il faut aller chercher dans ces deux albums ; ça démontre une réelle envie d’aller à leur rencontre.

Votre musique comporte beaucoup de sons synthétiques, est-ce parce que vous avez grandi avec des groupes comme Depeche Mode ou Echo & The Bunnymen ?

Oui, en partie, mais cela vient aussi du fait que nous aimons les nappes des synthétiseurs qui correspondent bien à notre esprit. Pour nous, les guitares sont trop expressives, trop présentes pour les titres que nous voulons écrire. Et puis les machines nous donnent la possibilité de remplacer dix guitares si nous le désirons.

L’utilisation des machines ne rend-elle pas plus délicates vos performances live ? On pourrait penser que votre musique est plus adaptée aux studios...

Non, parce que nous avons plusieurs claviers, un batteur, des backing voices... nos live deviennent donc vivants très rapidement. Et nous enregistrons nos disques de telle sorte que sur scène nous puissions rendre tout cela encore plus puissant et totalement vivant.

Votre album sort en septembre, que pouvez-vous nous en dire ?

Cet album est le fruit d’un travail de plus d’un an. Ce sera un voyage à travers tout ce que nous avons vécu et traversé ces derniers temps. Ce sera un album audacieux, nous l’espérons en tout cas.

Pensez-vous, comme beaucoup d’autres, diffuser certains titres en ligne avant la sortie de l’album ?

Non. Uniquement une sortie classique dans les bacs. Nous voulons tout garder pour nous ! (ps : le titre Better than love est disponible gratuitement en téléchargement sur www.informationhurts.com).

Sans vouloir enfermer votre musique dans une petite case, diriez-vous que votre style est « synth pop » ?

Oui. C’est ce qu’elle est. Mais quand nous commençons à écrire, c’est toujours au piano et à la guitare, sans aucun élément électronique. Ensuite, nous décorons, nous embellissons et sensibilisons notre univers avec les synthétiseurs et les machines.

N’est-ce pas là la relève de la cold wave des années 80 ?

Oui, absolument. Nous pourrions appeler ça de la cold wave. Une musique électronique très émotionnelle. On dit souvent que la musique électronique ne procure pas d’émotions mais nous essayons de mettre des sentiments dans chacun de nos morceaux.

Une question d\'actualité, vous vous intéressez à la coupe du monde de Football ?

Oui, avec tristesse et pitié. Comme chez vous on imagine ! Au moins peut-on se réjouir de ne pas avoir vos joueurs ! Même si nos deux équipes sont assez similaires dans le pathétique, c’est la pire que nous ayons eue en Angleterre. Nos deux équipes sont terribles. Vous, votre problème principal c’est votre manager, Domenech ! Même en Angleterre il est connu…

Si vous aviez le choix, où aimeriez-vous vivre ?

La plupart du temps, nous sommes à Paris. Mais nous nous sommes toujours dit que nous habiterions le pays qui nous ouvrirait son cœur en premier. La Grèce fut celui-ci.

Vous venez d’ailleurs de jouer en Grèce pour les Mad TV awards. Comment était-ce ?

C'était incroyable ! Onze mille personnes. C’était tellement fou et nous ne attendions absolument pas à ce que tout le monde connaisse nos chansons et nos paroles. C’était tellement fou que nous allons sûrement déménager en Grèce ! Un autre pays qui nous a paru génial quand nous nous y sommes rendus fut la Lituanie. Il y a des châteaux, des villes moyenâgeuses…

Mais la Grèce n’est-elle pas en pleine crise économique ?

Peut-être, mais ils aiment nos chansons ! Et même si nous ne pouvons plus gagner pas d’argent là-bas, nous y retournerons… Peut-être aussi pour leurs superbes plages sur lesquelles la crise ne se voit pas !

Avez-vous déjà joué à Paris ?

Une fois, au Nouveau Casino pour la soirée de lancement d'une compilation Kitsuné, il y a deux mois. C’est une bonne salle d’ailleurs.

Quand pensez-vous revenir ici ?

Nous serons là cet automne, mais nous ne savons pas encore quand ni où (ndlr : Hurts seront le 29 octobre à la Boule noire).

Avec plusieurs festivals cet été d'ici là ?

Plusieurs festivals en Europe mais pas en France. Nous allons jouer au Japon également et c’est terriblement excitant !