Comme
S, son EP paru l'année dernière, le laissait présager : le troisième opus d'Emmy The Great délaisse la folk au profit d'un electronica plus froid et pop.
Faisant suite aux splendides
First Love et
Virtue sortis respectivement en 2009 et 2011,
Second Love emprunte une orientation bien différente. Les cinq années qui séparent ce troisième album de son prédécesseur auront vu Emma-Lee Moss bourlinguer à travers le monde, s'essayer au journalisme rock et participer à la bande-originale de la comédie
Austenland – pour laquelle elle a été nominée aux Oscars il y a deux ans.
Souhaitant s'éloigner du son de ses débuts, elle s'est lancée dans la synthpop éthérée en début d'année dernière avec
S, porté par l'envoûtant single
Swimming Pool, qu'elle avoue avoir mis trois ans à composer avant de trouver le son qu'elle cherchait.
Également présent en début de ce
Second Love,
Swimming Pool se place clairement parmi les meilleures compositions de la jeune anglaise, aussi bien de par son atmosphère désincarnée que ses mélodies enivrantes, magnifiée qui plus est par la voix discrète mais terriblement imposante de Tom Fleming (
Wild Beasts) sur le refrain.
Les deux morceaux suivants, bien qu'inspirés, n'ont quant à eux ni le charme et l'authenticité des débuts, ni l'émotion que l'on pouvait ressentir sur des
First Love et
We Almost Had A Baby. Fort heureusement, la voix angélique d'Emma-Lee Moss est toujours présente, fidèle à elle-même et portant les titres plus que jamais.
Hyperlink pose ensuite une ambiance surprenante, à la fois apaisante et inquiétante, avant que
Constantly se démarque grâce à son riff entraînant et son refrain simple mais qui, porté par le chant, parvient à nous emmener dans des contrées lointaines. L'atmosphère solennelle présente dans ce disque, imposée par les claviers, et la sobriété des arrangements demandent à l'artiste de mettre davantage en avant sa voix, ce qu'elle fait à la perfection.
Il en va ainsi avec la majeure partie de la seconde moitié de
Second Love, à commencer par l'électrique
Social Halo, déjà présent dans
S, et un
Never Go Home au refrain ravageur.
Dance w Me amène une inspiration
CocoRosienne dans son instrumentation, tandis que plus loin
Shadowlawns et ses notes de xylophone flirtent tendrement avec la folk.
Emma-Lee Moss conclut ce troisième opus comme à l'accoutumée, par une ballade mélancolique qui, même si elle n'atteint pas le brio de
City Song, parvient cependant à nous faire oublier le temps de quelques minutes qu'une moitié des chansons auraient davantage brillé dans un écrin folk rock ou acoustique (
Less Than Three, Never Go Home, Part of Me).
Second Love n'est pas le meilleur album d'Emmy The Great, il est seulement un très bon album.