London Grammar

Difficile d'accoucher d'un second disque lorsque le premier a été un succès aussi retentissant, autant critique que médiatique. London Grammar en sont clairement conscient, les trois jeunes anglais ayant bien pris leur temps pour peaufiner ce Truth Is A Beautiful Thing, mature et sophistiqué.



Rooting For You, titre d'ouverture, reprend là où le groupe s'était arrêté. Quatre ans se sont écoulés depuis la parution de If You Wait et pourtant rien ne semble avoir changé. Sobre, délicate, portée par la voix toujours aussi envoûtante et singulière de Hannah Reid, la composition conserve la formule gagnante qui faisait le sel du premier album.
Les morceaux suivants se veulent dans la même lignée, délivrant une synthpop éthérée mais complexe, quelque peu répétitive sur la durée mais qui parvient à rester fascinante, en partie due aux cordes vocales de la chanteuse, qui ne cesse d'impressionner tout au long des cinquante-deux minutes de ce second opus – si l'on fait fi du vocoder dispensable sur Non Believer.
Hell To The Liars, pièce maîtresse de Truth Is A Beautiful Thing, en est son exemple le plus frappant. Elle est une œuvre riche qui monte crescendo, les deux musiciens accompagnant Hannah Reid sur une épopée longue de six minutes parée d'une envolée lyrique enivrante encore jamais entendue chez London Grammar.



Plus encore que sur If You Wait, la voix de Hannah Reid est ici autant une remarquable qualité qu'un « défaut ». Lorsque l'on écoute le groupe sur disque, on a bien souvent davantage le sentiment d'écouter Hannah Reid accompagnée de ses deux acolytes qu'un groupe en tant que tel, tant les instruments passent généralement au second plan.
La structure est dès lors semblable sur la plupart des titres, les instruments ne venant vraiment chatouiller les oreilles qu'en intro et outro. Hormis l'épique Hell To The Liars qui convie tout le monde à la fête, seules quelques compositions ne sont pas tournées vers le chant, à l'image de Big Picture et Bones Of Ribbon et leur dernière minute frénétique, la guitare froide de Everyone Else, la rythmique entraînante de Who Am I ainsi que les notes de piano mélancoliques de la chanson-titre.
Il aura fallu deux ans à London Grammar pour sortir ce second album. Peut-être le trio l'a-t-il trop travaillé, délaissant quelque peu les émotions au profit de la perfection en se focalisant essentiellement sur son atout majeur, à savoir la voix de sa chanteuse. Seul véritable point négatif notable à travers ces onze morceaux, on ne peut toutefois que s'agenouiller face à tant de technique et de savoir-faire, aussi bien dans la performance que le songwriting.



Truth Is A Beautiful Thing n'a pas l'aura de If You Wait, et c'est au final une bonne chose. Plutôt que répéter le succès du debut album, celui-ci s'en démarque de par l'omniprésence de Hannah Reid mais aussi de par une tonalité plus électronique et lumineuse, que l'on se fera un plaisir d'aller découvrir en live où, l'on sait, la chanteuse donne de la voix et où, on l'espère, le groupe fera davantage parler les instruments.