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Porridge Radio

Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me

Porridge Radio - Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me
Chronique Album
Date de sortie : 18.10.2024
Label : Secretly Canadian
45
Rédigé par Adonis Didier, le 16 octobre 2024
Comment ouvrir une chronique du nouvel album de Porridge Radio sans vous parler du 6 avril 2024 ? Une journée plutôt banale pour beaucoup, une soirée historique et inoubliable pour une centaine de chanceux encore ignorants de ce qu'ils s'apprêtaient à voir et à entendre.

« Porridge Radio performing live (something special!) » s'affichait depuis des semaines sur le site du Centre Pompidou à Paris. Quelque chose de spécial, si spécial qu'il avait été demandé à tous de ne prendre aucune photo, et à tous les journalistes invités de finalement laisser les calepins au vestiaire. Alors on descendait au sous-sol du Centre présidentiel, une porte, une autre porte, et finalement un théâtre caché dans le dédale de tuyaux colorés, dans lequel on prenait place, empli d'attentes et d'excitation, empli de tous ces sentiments qui ne se décrivent que par des pupilles dilatées et des cœurs griffonnés dans un bas de page. Car ce « something special » était un nouvel album, et devant nous s'étendait une scène de graviers blancs, avec en son centre un miroir, ovale, dont les ondulations à l'entrée des musiciens trahissaient une nature aqueuse. Disposés tout autour de la forme de l'eau se trouvaient Porridge Radio, de gauche jusqu'à droite la batterie de Sam Yardley, la basse de Dan Hutchins, les claviers de Georgie Stott, ainsi qu'exceptionnellement les violons de deux amies du groupe, Magdalena McLean et Maria Marzaioli. Un tableau presque parfait auquel il ne manquait que la guitare, la voix, et l'âme écorchée de Dana Margolin, ange musical auquel le créateur donna chacune des émotions humaines, et la mission de les disperser sur la Terre.

Un labeur sacré touchant à sa fin, et une trinité dont la pointe se parerait d'un nom évocateur : Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me. Les nuages dans le ciel, ils seront toujours là pour moi, et alors qu'Anybody explosait déjà sous les parvis de la ville de Paris, sur le rideau derrière le groupe, un oiseau cherchait la sortie sans savoir qu'il n'était fait que d'ombre et de lumière. Un piège, A Hole In The Ground, quelques perles sortant d'un clavier, une chute d'eau tombant sur le dos d'une cymbale, et derrière le rideau un couple tirait des ficelles déjà trop grosses faisant choir du ciel des colonnes. Alors pour se faire entendre, Dana hurlait déjà, le cœur dans la bouche, les tripes remontées dans la trachée, claquant en lieu de cordes vocales qui avaient servi à changer celles de la guitare, quand s'effondrait le grand rideau blanc dans le séisme de Lavender Raspberries, et que de rage et d'incompréhension se brisaient chaque vitre et chaque vase dans l'appartement.
Non, Dana Margolin n'est pas qu'un ange, c'est aussi une déesse, le dieu de tout le reste, trop intense, trop émotive, trop tout, trop tout le reste, éclatant God Of Everything Else contre les murs de la scène, dispersant la frustration et la retenue en confettis de cris réverbérés, de cymbales fracturées et de cordes arrachées dans la bataille. Une bataille contre elle-même, une bataille pour se défaire de ceux qui la prenaient pour une autre, qui auraient voulu la changer, la rendre moins, moins tout, et des cendres fumantes du conflit s'élevait Sleeptalker, au doux toucher bientôt ganté de fer tant la détermination est grande à repartir en guerre.

Ainsi, You Will Come Home enfourchait à nouveau la guitare et hurlait à qui veut l'entendre que la personne rentrerait à la maison, et que je ferais n'importe quoi pour la revoir encore une fois. Revoir encore une fois ce concert qui n'aura plus jamais lieu, revoir Wednesday grimper jusqu'à toucher du doigt ce rêve, et In A Dream trouver le chemin du bonheur, là où plus rien ne nous rend triste, où tout nous rend enfin heureux, quand s'envolaient dans la chaleur des projecteurs des mille et des cents colombes de tissu blanc, comme autant de fragments de paradis. Des Pieces Of Heaven, cet endroit d'où tomba un jour Dana Margolin avec sa guitare, pour finir un 6 avril dont personne ne se souvient si ce n'est ceux qui y étaient, par jouer le récit de cet ange descendu du ciel, et de comment il accepta qu'au-dessus de lui il y aurait désormais toujours des nuages. Fatiguée de te vouloir, fatiguée d'attendre, tellement Sick Of The Blues, et de nouveau amoureuse de la vie, si amoureuse que c'est par du saxophone que s'achève cet album somptueux proposé par Porridge Radio, mis en scène par Ella Margolin et Ellie Wintour, joué par Sam Yardley, Dan Hutchins, Gerogie Stott, Magdalena McLean, Maria Marzaioli, et évidemment Dana Margolin. Comme un film en onze séquences, Dana en onze chapitres, l'histoire d'une jeune femme avançant dans la vie jusqu'à s'aimer encore ou pour la première fois. Un film qui aurait mérité une palme d'or, mais comme de ce film est en réalité un album, celui-ci se contentera de cet ode et de nos larmes sur les touches du clavier alors que se déroule le générique de fin de ce que l'on avait à dire sur cette symphonie des anges baptisée Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me.

A tous ceux qui attendaient de Dana Margolin qu'elle soit autre chose que Dana Margolin, sachez que c'est encore raté, et que pour notre plus grand plaisir, sous le ciel il y a les nuages, sous les nuages il y a Porridge Radio, et Porridge Radio dans le ciel seront toujours là pour nous.
tracklisting
    01. Anybody
  • 02. A Hole In The Ground
  • 03. Lavender, Raspberries
  • 04. God Of Everything Else
  • 05. Sleeptalker
  • 06. You Will Come Home
  • 07. Wednesday
  • 08. In A Dream I'm A Painting
  • 09. I Got Lost
  • 10. Pieces Of Heaven
  • 11. Sick Of The Blues
titres conseillés
    Lavender Raspberries, God Of Everything Else, Pieces Of Heaven
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