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Porridge Radio

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 19 mai 2022

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Deux ans après l'excellent Every Bad, Porridge Radio nous reviennent pour un non moins réussi Waterslide, Diving Board, Ladder To The Sky. Un album qui confirme tous les espoirs placés en ce groupe. Entretien.

Votre album Every Bad était sorti alors que le premier confinement débutait. Malgré cela, il a réussi à trouver son public. Ne pas pouvoir le défendre live n'a-t-il pas été pour autant une frustration ?

On voulait bien sûr partir en tournée pour le défendre mais, en même temps, pouvoir faire un break, rester à la maison, avoir du temps pour soi pour se reposer a été bénéfique pour nous. On en avait besoin. En plus, cela nous a donné du temps pour écrire ce nouvel album.

Vous avez pris ce temps pour peaufiner le nouveau disque ?

Les choses prennent toujours plus de temps que tu ne le voudrais. Ne pas pouvoir tourner te permet d'aller plus vite.

En même temps ne pas tourner doit être très frustrant...

En fait, pas trop. J'avais surtout besoin de me reposer à ce moment-là et j'ai pu le faire. J'étais frustrée de ne pas pouvoir répéter avec le groupe mais pas de ne pas pouvoir tourner. Les tournées, c'est quand même épuisant, il faut bien le dire.

Vous avez sorti l'an dernier des singles, des reprises de Wolf Parade et des Shins... Vous avez été bien occupé ces temps derniers...

C'est vrai. Cela a été cool de développer plein de choses différentes. Il y avait une vraie émulation dans le groupe. Tu n'as pas le temps de faire tout ça quand tu es en tournée. C'est important de partager tes morceaux avec le public, de communiquer avec lui, mais tu n'as pas beaucoup de temps pour t'occuper du reste.

Every Bad avait été nominé pour le Mercury Prize. Cela vous avait touchés ?

On ne s'y attendait pas. Cela a été une surprise. Encore plus quand tu es enfermé à la maison et que de chez toi tu vois que tu es nominé pour ce prix prestigieux.

Votre nouvel album est très différent de Every Bad. Il ouvre de nouvelles portes...

On a eu du temps pour penser à ce que l'on voulait faire. J'adore ce disque plus que tout ce qu'on a fait jusqu'à présent. C'est un disque qui va dans plusieurs directions musicales mais nous n'avons pas pensé à cela au moment où nous l'avons produit.

Je trouve qu'il y a dessus une balance entre rage et douceur...

C'est vrai. Cela vient de la manière dont je gère aujourd'hui les émotions. On vit des expériences diverses et elles se reflètent dans cet album. C'est comme une conversation entre la peur et la joie.

Vous avez voulu un disque très émotionnel ?

Non, on n'a réalisé que plus tard qu'il l'était. Je ne pense pas à cela au moment où j'écris. J'écris, j'écris encore, et ce n'est seulement qu'après que les choses prennent sens.

Vous n'avez pas souffert de solitude durant le confinement ?

La solitude est importante pour moi. J'adore la solitude. Ce n'est pas un sentiment négatif. C'est au contraire utile. Cela te donne de l'espace pour créer.

On dit souvent que le troisième album est le plus difficile à faire. Cela a été le cas ?

Pas du tout. Au contraire cela a été notre disque le plus excitant à réaliser.

Votre précédent album a figuré dans de nombreux classements annuels comme l'un des meilleurs disques de 2020. Cela vous a mis de la pression pour celui-ci ?

Une certaine pression oui, mais pas pour créer le disque. On savait où on allait, ce qu'on voulait faire. On était fiers de ce qu'on avait fait jusque là mais on voulait produire quelque chose d'encore meilleur.

Pourquoi avez-vous choisi Back To The Radio comme premier single ?

On aime beaucoup ce morceau mais on en aime plein d'autres dans ce disque qui auraient pu également être choisis pour être le premier single.

Dans l'album je trouve que ta voix fait penser à Nico...

Vraiment ? J'adore Nico mais je n'y aurais pas pensé.

Il y a aussi moins de guitares que sur les précédents albums...

Oui il y a beaucoup de morceaux qui ont été écrits soit aux claviers soit au piano. On a expérimenté de nouveaux sons pour le disque.

Il y a même un titre Splintered qui me fait penser aux Doors avec son orgue à la Manzarek...

J'ai beaucoup aimé les Doors à un moment donné. Ce morceau a beaucoup changé durant sa conception.

Vous allez beaucoup tourner ces prochains mois ?

On jouera de juin à septembre en Angleterre, puis en décembre en Europe.

Vous avez dit au moment de la nomination pour le Mercury Prize qu'il était important qu'il y ait plus de filles dans la scène musicale. Vous voulez que les choses bougent enfin à ce niveau ?

Tout à fait. On est dans un environnement dominé par les hommes. C'est sain qu'il y ait de plus en plus de femmes dans l'industrie musicale. Ce serait bien qu'il y ait plus de groupes de filles programmés dans les festivals mais malgré tout les choses évoluent quand même un peu. Les Festivals ne prennent pas beaucoup de risques dans leurs programmations. C'est dommage.