
Quatre femmes, deux hommes, et une tronçonneuse vrombissant d'une musique si extraordinaire qu'on la croirait sortie d'un rêve. Alors chaque jour, on se pince de sa réalité pour admettre que oui, Eazy Peazy de Man/Woman/Chainsaw existe bel et bien, un EP découvrant la vie comme un enfant punk et grandissant en une symphonie saturée de violons et de chœurs et de pianos volant dans les airs. Sortez les briquets, un vent de jeunesse souffle sur le rock anglais, et à l'horizon pointe une tornade dans laquelle tourbillonnent des requins armés d'une tronçonneuse.

Du Berghain-rock mêlé à de la techno-punk. C'est par ces mots que Ross Cullen, chanteur de Chalk, décrivait son groupe quand sortait cette année leur deuxième EP. Conditions II, un gigantesque pont tiré entre Belfast et Berlin passant par-dessus Leeds et Hambourg, mêlant noise-punk irlandais et techno-house allemande en un alliage de textures à la fois brutes et raffinées, industrielles et aériennes. Un grand EP à écouter dans un hangar, sur un port, entre deux et quatre heures du matin, et si vous n'avez pas de drogue avec vous, pas d'inquiétude, quelqu'un vous en proposera !

Il était une fois une petite fille qui vivait dans une vieille maison. De cette vieille maison qui lui faisait si peur, elle fit avec ses amis un EP, où prit vie une musique faite de ronces entortillées, de genoux écorchés, et de pleurs d'enfants effrayés par des loups dont la gueule était remplie de couteaux. Douce, abrasive, solaire, lunaire, réconfortante, inquiétante, la musique de l'EP this old house de mary in the junkyard est tout à la fois, car en elle vivent les joies, les peines, et les peurs d'une petite fille devenue avec ce premier EP une très grande dame, et une preuse chevaleresse.

Ne vous fiez pas à son patronyme, Ugly, est une formation d'une beauté confondante. Ces six musiciens forment un ensemble qui nous propose une pop orchestrale aux mille et une nuances. Rock, folk, pop 60s et inspirations d'autres continents, les chants en chœurs et la dextérité des musiciens font d'Ugly un mini orchestre enchanteur qui se positionne aux antipodes de l'échiquier musical actuel, avec un style aussi audacieux que celui de Black Country, New Road ou Squid. La précision et l'élégance des harmonies sont au cœur de la musique d'Ugly, et leurs prestations scéniques plus que convaincantes.

L'Irlande continue de nous donner de belles leçons de rock avec Cardinals et leur premier EP alliant magnifiquement indie rock affutée et élans de folk irlandais traditionnels, créant une passerelle entre présent et passé. Leur musique est percutante, asymétrique et inspirée, les guitares aussi furieuses qu'assagies, tendant soit vers du post-punk étendard de la scène irlandaise actuelle ou du rock garage aux mélodies addictives, menés par cet accordéon qui signe l'identité du groupe. Avec leur air impassible et la puissance qu'ils dégagent sur scène, l'ascension de Cardinals est assurée en 2025.

Cet EP autoproduit était épuisé avant même sa sortie. La musique du quatuor de Manchester possède une dimension quasi mystique, comme s'ils avaient puisé leur inspiration à la source de Connla, symbole de sagesse et de connaissance dans la mythologie celtique. Batterie, saxophone, guitare, basse et chant s'entrechoquent dans une cacophonie maîtrisée. L'expérience auditive qui en résulte est comparable à une radio diffusant simultanément des stations de punk, jazz et hip-hop. L'aventure autoproduite s'arrête là, leur premier album sortira l'année prochaine sur Music For Nations.

Horoscope 2025 : Si vous êtes nés entre le 1er janvier et le 31 décembre, il y a de fortes chances que vous tombiez éperdument amoureux le 14 février prochain, date de sortie de Like A Ribbon, debut album de John Glacier. Quelques dates : 1995, ses parents la nomment John. 2020, Vegyn produit son premier projet solo, SHILOH : Lost For Words. 2024, elle sort deux EPs, le glacial Duppy Gun en plein été et le solaire Like A Ribbon au cœur de l'hiver, épine dorsale de l'album éponyme. 2025, John Glacier continue de ne rien faire comme les autres mais troque la posture absconse de ses débuts pour la limpidité imparable d'un disque qui s'annonce déjà comme un point d'orgue de l'année à venir.

Tasmin Stephens, alias TTSSFU, est fan de shoegaze, et sa musique en reprend tous les codes : couches de guitares, arpèges ciselés, accords bruitistes et voix éthérée. Mais loin de s'enfermer dans un style, elle pose une touche d'électronique discrète s'il le faut. Pour ce concept EP, elle s'inspire de la relation complexe entre Andy Warhol et Jed Johnson, tout en y intégrant ses propres expériences. Résultat : des compositions simples et efficaces qui accrochent les auditeurs. Son talent a d'ailleurs convaincu Partisan Records, qui l'a récemment signée.

Le Pays de Galle revient en force avec slate, lesquels nous proposent avec leur premier EP Deathless une immersion dans un rock profond, à l'ambiance aussi tendue qu'incroyablement élégante. L'écoute de Remover Heaven ou Hailstone nous fait plonger dans une atmosphère presque angoissante car l'emprise sur nous est instantanée : avec des tonalités passant de ténèbres à clair-obscur, portées par des mélodies extrêmement pointues et un chant oscillant entre puissance et fragilité, ce premier essai nous percute de plein fouet et nous permet de nous laisser aller à nos tendances les plus ténébreuses avec délice.

Catapultés grands espoirs de la scène néo-shoegaze sur la foi de leur premier single, deary n'ont depuis cessé de confirmer, déjouer et dépasser les attentes. Sur Aurelia, second EP masterisé par Simon Scott de Slowdive, ils travaillent sons, textures et motifs et incorporent à la dream pop ciselée et au shoegaze ouaté de leur premier essai un peu de l'ampleur ambient de Bowery Electric et des beats enfumés de Massive Attack. Signés sur l'excellent label Sonic Cathedral et adulés par les meilleurs architectes sonores actuels, deary sont à n'en pas douter The Next Beautiful Thing.