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Scout Niblett

Interview publiée par Valy le 12 décembre 2007

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Sa carte d’identité donne une bonne excuse à notre site sur l’actualité du rock britannique pour parler de Scout Niblett. Oui, la demoiselle est de nationalité anglaise. Mais Sound of Violence prend le pari d’une autre vérité : Scout Niblett est une petite cousine d’E.T. qui a atterri, comme tous les E.T. notez, aux Etats-Unis. Il y a quelques semaines à l'occasion de la sortie de son troisième album "This Fool Can Die Now", nous avons donc disséqué pour vous le dossier en sondant ce petit être aux grands yeux, vêtu d’une tunique sans nul doute conçue sur une autre planète. Rencontre du troisième type pour une interview-portrait …

Expatriée dans l’Oregon, elle a à l’occasion de « This Fool Can die Now » marié à quatre reprises sa voix à celle de sa majesté le prolifique Will Oldham (aka Bonnie Prince Billy), avec pour témoin l’oreille respectueuse d’un pasteur du rock : Steve Albini. La chanteuse qui raffole des perruques blondes reprend avec son cow-boy princier la « River of No Return » de Marilyn. « Will fait un excellent Robert Mitchoum », nous a-t-elle confié. Alors finalement, Yankee manquée, notre anglaise déglinguée ? « Je ne me sens pas appartenir à une nation en particulier, je suis bien anglaise, mais musicalement il est vrai c’est en Amérique que je me sens chez moi. ».

Elle a donc fait siens un blues délicat, un folk minimaliste, les fracas indisciplinés du grunge, ponctué de poèmes récités avec des airs de petite fille sauvage. Notez que la pochette de son nouveau bébé est son choix personnel d’ « une belle photo de moi pieds nus marchant sur l’eau. C’est une image de moi plutôt douce, pas si bizarre, mais j’ai décidé qu’il y aurait ces rayons laser qui me sortiraient des yeux. ». Rappelez vous, son précieux complice Albini, c’est bien cet homme qui avait par exemple produit « Surfer Rosa» des Pixies – autant dire qu’il s’y connait en OVNI, ça ne peut pas être un hasard. Ou trouverons nous les indices de l’objectif d’atterrissage du vaisseau spatial de Scout Niblett parmi nous ?

« Au départ l’idée de la pochette n’a rien à voir avec l’album en lui-même, ce sont deux choses bien distinctes, mais au bout du compte je trouve que l’ensemble des deux fait complètement sens. ». Ce sens, il faut aller le chercher sans doute dans l’immatérialité singulière d’émotions brutes : cette voix lumineuse qui transperce un environnement instrumental dépouillé. La section rythmique mise à nu et les guitares frondeuses, quelques discrètes cordes, un piano pas crâneur, ornent simplement le chant, farouche, sur des mélodies ombragées. « La voix est un instrument, mais les paroles sont vraiment la chose la plus importante. Cela dit, la voix est le véhicule des émotions des textes, c’est crucial aussi…les deux le sont peut-être autant finalement. Quand j’écris une chanson, la voix et l’émotion arrive en premier et les paroles viennent se greffer dessus. », confie-t-elle. L’émotion la plus humaine ! C’était pourtant tellement évident, elle nous l’avait d’ailleurs déjà révélé dès le titre même de son deuxième album, tout simplement : « I am ». Harmonies vocales maîtrisées dans le respect intact de cette émotion naturelle en effet : « j’essaye simplement de chanter chaque chanson autant que possible avant d’enregistrer. Plus je les chante plus ma voix s’ajuste …particulièrement pour une chanson comme « Kiss » où ma voix monte assez haut. Initialement quand j’ai commencé à la chanter je luttais pour aller atteindre les notes sans toujours y arriver, mais à force ça devient plus aisé. Comme on enregistre en direct, et pas chaque partie instrumentale et la voix chacun de son côté, si quelqu’un se plante il faut tout refaire. Mais on ne pousse pas non plus, si ça ne marche pas, on passe à autre chose et on y revient ensuite. L’excitation et l’intensité de la chanson se perd si on finit par répéter les choses mécaniquement. ». Excitation et intensité, notions ardemment défendues, dans les climats arides comme dans les zones plus douces de la planète Niblett. Tout le secret est là.