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THUMPERS

Interview publiée par Fab le 5 novembre 2013

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Après avoir vécu plusieurs vies ensemble au cours de la décennie écoulée au sein de Antihero puis Pull Tiger Tail, c'est en duo, en tant que THUMPERS, que les deux musiciens se présentant sous les noms de Marcus Pepperell et John Hamson Jr. sont en passe de réussir leur pari. Retour sur leur long périple, leur signature récente chez Sub Pop et la sortie prochaine de leur premier album.

Vous avez donné ce soir votre second concert en France ce soir après une première apparition aux Transmusicales de Rennes en décembre 2012. Quel est votre ressenti ?

Jack : Nous avons aimé la réaction du public ce soir. Nous avons ressenti l'intérêt et l'excitation du public dès notre montée sur scène, cela ne fait qu'accentuer notre plaisir d'être là et de jouer nos chansons. La perception même du concert s'en retrouve changée lorsque c'est le cas. Je me souviens avoir joué en France avec Friendly Fires il y a quelques années lorsqu'ils n'étaient pas très connus encore et la salle était globalement très calme et silencieuse. La connexion ne se faisait pas.
Marcus : Pour un groupe aussi jeune que le nôtre, voir qu'un public ne connaissant au mieux que deux ou trois de nos chansons est capable d'apprécier notre musique, cela signifie beaucoup pour nous.

Vous avez fait partie ensemble de Antihero puis Pull Tiger Tail avant de former THUMPERS. Comment expliquez-vous le fait que vous soyez restés fidèles l'un à l'autre toutes ces années ?

Jack : Nous avons appris à jouer de nos instruments ensemble, nous ne cherchions pas à devenir les meilleurs musiciens du monde mais simplement à faire partie d'un groupe tous les deux. Nous avons pour ainsi dire toujours joué ensemble, c'est pour cela que nous sommes encore réunis aujourd'hui.
Marcus : Nous avons toujours fonctionné en duo. En l'écoutant parfois jouer de la batterie je me sens inspiré pour écrire quelque chose à la guitare, et vice-versa. Il en va de même pour d'autres instruments, et il est rare de créer une telle connexion avec un autre musicien.
Jack : Je sais par expérience qu'il est très compliqué de créer un tel lien avec une autre personne, trouver la confiance nécessaire pour travailler ainsi. Et pourtant la musique que nous avons joué dans nos précédents groupes était très différente de celle que nous jouons actuellement, nous sommes passés du rock à l'indie pour en arriver à quelque chose de plus électronique.

Vous vous êtes tout de même accordé une pause d'environ deux ans suite à la séparation de Pull Tiger Tail. A quel moment et pourquoi avez-vous décidé de travailler à nouveau ensemble ?

Marcus : Il nous a fallu un peu de temps car la fin de Pull Tiger Tail a été très difficile. Lorsque tu es impliqué dans un groupe, sa séparation n'est pas simple à vivre d'un point de vue émotionnel ou artistique.
Jack : Cette pause nous a permis de raviver la flamme et de restaurer notre volonté de jouer de la musique après ce que nous avions vécu avec Pull Tiger Tail. Nous avons évacué notre frustration, nous nous sommes remémorés ce que nous aimions dans le fait de faire partie d'un groupe. Nous savions qu'un jour nous jouerions à nouveau de la musique ensemble, ce n'était qu'une question de temps. Nous avons profité de la vie en prenant du recul le temps de recharger nos batteries pour mieux revenir avec des idées fraîches. Vivre un peu nous a aussi donné de nouvelles sources d'inspiration pour l'écriture de chansons, nous ne voulions pas simplement composer sur le fait de faire partie d'un groupe.

Etait-il évident dès le départ que vous seriez les deux seuls membres à plein de temps de THUMPERS ?

Marcus : Notre songwriting fonctionne mieux lorsque nous sommes tous les deux, il nous semblait plus honnête de choisir cette approche. Malgré tout, notre musique possède un aspect très « collectif », nos chansons ne sonnent pas comme si deux personnes seulement les jouent. Nous voyons le groupe comme une communauté, cela s'entend avec les instruments ou même le chant. Jack et moi avons grandi ensemble dans différents groupes et il découle de cela une certaine proximité dont nous ne pouvons pas nous détacher.
Jack : Cela m'aurait manqué de partir en tournée seulement à deux. Nous avons la chance d'avoir des amis à nos côtés sur scène et en studio, tout ceci contribue à faire de THUMPERS une superbe expérience. En un sens nous avons la même philosophie que des groupes comme MGMT ou les Flaming Lips qui s'appuient sur le cœur du groupe pour composer mais s'entourent de musiciens supplémentaires sur scène. Nous restons ouverts vers l'extérieur.
Marcus : Cela s'accompagne aussi de nouveauté. Lorsqu'un groupe est figé, chacun sait à l'avance de qu'il doit jouer pour chacune des chansons. Avec notre fonctionnement, lorsqu'un de nos amis se joint à nous, il faut lui apprendre et expliquer ce qu'il est supposé jouer. Cela me semble plus enrichissant que si tous les musiciens du groupe étaient là à plein temps. Si nous n'étions qu'un duo, nous serions trop restreints dans les possibilités s'offrant à nous.

Sur scène, la présence de plusieurs personnes à vos cotés n'apporte-elle pas plus de vie à votre musique également ?

Marcus : Le raisonnement que nous suivons est le même en studio ou sur scène. Nous voulons être un groupe spontané et vivant, ça ne fonctionnerait pas si nous faisions tout en duo.
Jack : A deux, le rendu serait trop propre, trop mécanique.
Marcus : Nous tirons le maximum de ce que chacun des musiciens présents sur scène nous apporte. En fonction des personnes nous accompagnant, nous découvrons de nouvelles nuances pour nos chansons et nous comprenons mieux ce dont nous sommes capables en tant que personnes ou groupe.

Vos chansons se situent au croisement de l'indie et de la musique électronique, comment parvenez-vous à trouver le bon équilibre ?

Marcus : C'est un challenge pour beaucoup de groupes, certains vont même jusqu'à renoncer à y parvenir. Je connais des personnes ne souhaitant utiliser que des instruments organiques, le piano et la guitare par exemple, rien de plus.
Jack : De par nos précédentes expériences, nous avons compris qu'il est intéressant de chercher ce qui peut nous permettre de rendre les chansons meilleures. Exploiter nos influences, qu'elles soient pop ou électroniques, au sein d'une même palette. Nous ne nous bridons pas, nous testons ce qui nous semble excitant ou intéressant et nous observons le résultat. Sans cette recherche constante, tu finis par tourner en rond. Tes premières chansons vont peut-être te sembler géniales, mais les suivantes seront seulement bonnes et ainsi de suite.
Marcus : Ce n'est pas une question de faire des choix mais plutôt de se plier à ce qui fonctionne ou non.

Après deux EPs et un single, la logique voudrait que vous sortiez un album prochainement. Où en êtes-vous ?

Jack : Notre premier album est fini depuis l'été et il devrait sortir en février 2014. Nous venons de signer un contrat avec Sub Pop pour les États-Unis mais nous discutons encore avec des labels pour le Royaume-Uni et l'Europe. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que tout se mette en place.
Marcus : Il était important pour nous d'enregistrer toutes les chansons de notre album avant de partir en tournée, de manière à pouvoir choisir lesquelles présenter au public dans un premier temps. Il est très excitant de voir comment les personnes réagissent en écoutant de nouveaux titres qui ne sont pas des singles, d'une certaine manière ils sont plus vulnérables mais montrent aussi de nouvelles facettes. Dans l'optique d'un single, la logique est souvent de se montrer le plus accessible possible, mais pour les autres chansons, les choses sont différentes.

Qu'en est-il des chansons que vous avez publiées sur vos précédents EPs ? Figureront-elles sur l'album ?

Jack : Les deux titres principaux de nos EPs seront sur l'album mais pas les autres qui restent malgré tout disponibles sur nos vinyles ou en digital. Ces chansons n'auront pas disparu.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre signature chez Sub Pop ?

Jack : Ils nous ont contactés pour la première fois par e-mail il y a environ un an. En général, il faut toujours garder un certain détachement quand une maison de disques te contacte, mais dans le cas de Sub Pop ce n'était pas possible ! J'ai donc discuté avec la personne en question, parfois de tout et de rien comme de la politique ou la musique, et nous les avons rencontrés à New York. Ils nous ont alors questionnés sur nos plans et sur la possibilité de sortir un EP ou un single aux États-Unis. Après nous avoir vus donner un concert, ils nous ont soumis l'idée de signer un contrat avec eux. Être signé par un tel label est un rêve qui se réalise pour nous.
Marcus : Je ne sais pas quoi dire de plus...
Jack : Nous sommes comblés mais nous essayons de garder le recul nécessaire, les désillusions peuvent être grandes avec les maisons de disques. Pour le moment, notre relation est fructueuse, j'espère qu'elle le restera.

Votre musique semble prédestinée à être remixée, en témoigne la version de Unkinder (A Tougher Love) que Jack Savidge de Friendly Fires avait réalisée pour votre dernier EP en date. D'autres collaborations de ce type vous plairaient-elles ?

Jack : Oui, bien sûr. J'aimerais que nous soyons remixés par Tensnake, Kwes, Soulwax, ou aussi Jay-Z, Kanye West, James Murphy. L'expérience du remix est très étrange : découvrir une de tes chansons sous un nouveau jour est une expérience un peu perturbante. Tu penses en avoir fait la meilleure chose possible et quelqu'un arrive et la transforme complètement !
Marcus : Je pense aussi à Disclosure ou Justice.
Jack : Rien d'extraordinaire, de petits artistes ! (rires)

Vous avez mentionné tout à l'heure durant votre concert que vous jouerez à nouveau à Paris en février prochain. Pouvez-vous m'en dire plus ?

Jack : Ce n'est pas encore tout à fait officiel mais nous devrions jouer à Paris à la fin du mois de février 2014. Notre album devrait être sorti d'ici là. Depuis notre concert aux Transmusicales l'an dernier nous avons beaucoup échangé avec notre tourneur et nous sommes confiants et excités à l'idée de revenir en Europe.