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Meilyr Jones

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 23 mai 2016

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Après deux albums réussis avec le groupe Race Horses, Meilyr Jones se lance dans une carrière solo. 2013, son premier album, est un disque envoûtant et poétique où le Gallois démontre toute l’étendue de son talent. Une belle occasion pour rencontrer ce musicien aussi doué que charmant.

Dans ton précédent groupe, Radio Luxembourg qui est devenu Race Horses, il y avait des influences psychédéliques. Puis plus du tout dans ton premier album solo. C'est une musique qui ne t'intéresse plus ?

J'aime toujours la musique psychédélique. A Londres, récemment, je suis allé voir des potes qui en jouaient. Mais, pour cet album, j'ai voulu faire quelque chose de plus direct, fait à l'instinct.

Quand Race Horses a splitté, vous n'aviez sorti que deux albums. Tu pensais avoir fait le tour de ce que vous pouviez faire ?

Oui. Je me sens beaucoup plus à l'aise de mener une carrière solo que d'être dans un groupe. C'est tellement compliqué un groupe. On aurait pu faire plus de choses avec Race Horses mais gérer une formation c'est tellement dur, surtout au niveau du contrôle. Lorsque tu mènes une carrière solo, tu gères tout, tout seul, tu as le contrôle. C'est infiniment plus simple.

Lorsque tu es musicien, tu n'as pas toujours le recul nécessaire sur ce que tu produis.

Je trouve que ton album solo sonne comme le dernier album que vous ayez fait ensemble avec Race Horses...

C'est intéressant que tu dises ça parce que moi quand je l'ai fait, j'avais l'impression de faire un truc totalement différent. Lorsque tu es musicien, tu n'as pas toujours le recul nécessaire sur ce que tu produis et c'est bien que des gens extérieurs puissent en juger. Pour cet album, oui sans doute, il y a des choses similaires à ce que j'ai pu faire avec Race Horses mais je trouve que d'autres sont très différentes.

Qu'as-tu fait entre le split du groupe et ce premier album solo ?

Les choses se sont passées très vite entre la fin de Race Horses et cet album. Refugees, qui est sur ce disque, je l'ai écrite juste après la fin du groupe. J'ai joué de la basse avec Neon Neon, j'ai écrit des morceaux, j'ai beaucoup lu. Le temps a filé.

Comment s'est passée la préparation de cet album ?

J'avais des morceaux en tête depuis longtemps, comme Rome que j'ai écrite dans ma tête en m'y promenant. De retour en Angleterre, j'ai écrit les chansons durant six mois puis j'ai utilisé le studio de façon live. Ce qui était bien, c'est qu'à l'époque je n'avais pas de label donc j'avais toute la liberté pour faire exactement ce que je voulais. J'ai mixé les morceaux live donc cela n'a rien coûté. Cela a été beaucoup de travail car j'ai fait intervenir trente musiciens sur cet album et je devais les connaître tous. Cela a été un travail passionnant mais très long.


J'ai interviewé Cate Le Bon récemment et vu une vidéo où vous parlez tous les deux. Vous êtes amis ?

Très amis. On s'est connus à l'école. Des années plus tard, on a partagé un appartement avec des gens à Cardiff. On est toujours proches. La preuve, elle chante les backing vocals sur le morceau Featured Artists de mon album.

La communauté musicale galloise est soudée ?

Très. Les choses ont peut être un peu changé ces dernières années car nous n'habitons plus Cardiff. Certains y sont restés mais Cate est partie à Los Angeles, moi à Londres. C'est vrai que la communauté musicale galloise est très soudée, que nous sommes tous amis mais je pense que c'est pareil en Ecosse.

On ressent les choses ainsi au Pays de Galles, ce sentiment de bonheur, de plénitude.

Il y a un sentiment particulier à être gallois pour la musique ?

Oui, le sentiment de liberté. Celui d'être loin de la ville, à la campagne. Je discutais récemment à Londres avec une fille des Slits et j'ai l'impression que c'est ce même sentiment de liberté qu'avaient les punks dans les 70's. Lorsqu'elle a monté le groupe, elle n'avait pas idée de ce qu'elle allait faire. On ressent les choses ainsi au Pays de Galles, ce sentiment de bonheur, de plénitude. Sentiment que j'avais un peu perdu et que j'ai retrouvé à Rome où j'ai écrit plusieurs morceaux de ce disque.

Au début de ta carrière, tu écrivais des morceaux en gallois, plus maintenant. Tu penses en refaire un jour ?

Peut-être. Quand tu lis, c'est en anglais, c'est la langue que tu utilises alors c'est logique d'écrire dans cette langue. Le gallois, c'était la langue que l'on utilisait à l'école. Je viens de te dire que j'utiliserai peut être de nouveau le gallois mais je pense plutôt certainement. J'avais d'ailleurs écrit deux morceaux en gallois à la toute fin de Race Horses après la sortie de Furniture. Le gallois est une langue très poétique, c'est aussi beau que de lire Byron.

Rome semble t'avoir beaucoup influencé pour cet album qui ressemble même presque à un concept album autour de cette ville...

Oui, j'ai été énormément influencé par cette ville pour l'écriture de ce disque. C'est une ville merveilleuse, à nulle autre pareil. J'y ai écrit Rome et Rain In Rome. Ces morceaux sont ma vision de Rome. Le sentiment de liberté que j'ai ressenti là-bas, j'ai essayé de le retranscrire dans ce disque.

Toi, qui comme moi adore Rome et Byron, tu as dû aller sur la tombe de Yeats au cimetière non-catholique de Rome ?

Oui, absolument. Quel endroit merveilleux. J'adore Byron mais Yeats est un poète sublime, que j'admire profondément. Vu que nous adorons tous deux Rome, ses lumières, sa couleur, retrouvons-nous y en terrasse pour un Campari !