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Wild Beasts

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 11 août 2016

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En ce mois d'août 2016 sort le cinquième album de Wild Beasts, Boy King. Un disque tout aussi ambitieux que fascinant. Près de quinze ans après ses débuts, le groupe de Kendal continue de surprendre et d'innover. Rencontre avec les deux têtes pensantes du groupe, Hayden Thorpe et Tom Fleming.

Le groupe va bientôt fêter ses quinze ans d'existence. Comment expliquez-vous une telle longévité ?

Hayden Thorpe : Je ne sais pas vraiment. Ce n'est pas quelque chose de simple à expliquer. Il y a une envie bien sûr. Je dirai même plus qu'une envie, un besoin. C'est un processus et à un moment donné, tu te rends compte que que la musique a ce côté propulsif qui te porte vers l'avant. Plus rien d'autre que la musique ne compte.
Tom Fleming : Et grâce à ce processus, on a appris à se connaître au fil des années.

Les synthés sont devenus une base essentielle dans notre musique ces dernières années.

Ce nouveau disque continue dans la veine dansante du précédent album. Il a été calibré clubs ?

Hayden Thorpe : Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est qu'il a presque été conçu autour des séquences de notre batteur. C'est lui qui dictait le tempo des morceaux. D'où ce beat dansant. Plus, bien sûr, les synthés qui sont devenus une base essentielle dans notre musique ces dernières années. Nous avons bien davantage aujourd'hui d'options musicales que par le passé.

La plupart des chansons sont sur un rythme assez élevé au niveau du tempo puis l'album s'achève par une ballade. Pourquoi ce choix pour finir le disque ?

Hayden Thorpe : Dreamliner est un morceau pour la fin de soirée. Un morceau qui combine la noirceur et la clarté. Il s'est imposé à la fin de l'enregistrement de l'album et il m'apparaît logique qu'il le conclue.

La production de ce disque est extrêmement sophistiquée. Comment avez-vous travaillé cela ?

Tom Fleming : Au moment de l'écriture des morceaux. On pourrait penser que la sophistication de l'album vient du temps passé en studio mais nous n'y avons passé que douze jours. Et durant ces douze jours, dans le studio de John Cogleton, notre producteur, les morceaux ont beaucoup évolué. Mais la structure sophistiquée des chansons était déjà là en amont.

Vous avez enregistré au Texas. D'où vous est venue cette idée ?

Hayden Thorpe : Nous avons eu envie de sortir de la routine, de casser nos habitudes, d'être un peu plus aventureux. En même temps, nous avons hésité parce qu'il y a un peu ce cliché rock que nous détestons d'aller enregistrer aux États-Unis. Nous ne voulions pas tomber dans ce stéréotype rock'n'roll, l'album fait aux US. Par ailleurs, il y a beaucoup de choses positives au Texas pour la musique. Un nombre de musiciens talentueux très important mais si tu y penses, c'est on ne peut plus normal. Le Texas est plus peuplé que la France.

J'ai lu que vous aviez voulu avec ce disque réussir le mix parfait entre Justin Timberlake et Nine Inch Nails. C'est plus qu'ambitieux comme projet...

Hayden Thorpe : Oui, ça l'est mais c'est ce que nous voulions effectivement. Pour cet album, je voulais réussir le mix entre Sexy Back de Justin Timberlake et Closer de Nine Inch Nails. D'une part pour avoir et le côté sombre de NIN et le côté ultra bien produit de Timberlake mais également pour le côté sexuel des deux titres.

Nous voulons parler de sexe dans nos chansons mais d'une manière métaphysique.

D'ailleurs cet album, comme le précédent, parle beaucoup de sexe. Cela devient rare dans le rock aujourd'hui...

Hayden Thorpe : Nous parlons beaucoup de sexe mais nous tenons absolument à éviter d'en parler de la façon machiste dont le rock en a parlé malheureusement la plupart du temps. Les côtés clichés du sexe, très peu pour nous. Nous voulons parler de sexe dans nos chansons mais d'une manière métaphysique. Et parler aussi du sexe et de la mort qui sont intiment liés mais que l'on oublie très souvent d'associer.

Vous citez Byron. C'est une référence pour vous ?

Hayden Thorpe : Une énorme influence. Byron a été la première rock-star et ceci avant même que le rock n'existe. J'aime chez lui ce mélange de romantisme et de sexe. Il est l'incarnation de la tendresse pour moi. Et au niveau écriture, c'est tout simplement sublime. Un très, très grand poête.

Nombre de critiques citent Kate Bush, Japan ou Talk Talk en parlant de vous. Moi, je trouve que vous ne ressemblez à rien d'autre qu'à vous-mêmes...

Hayden Thorpe : « Merci. C'est très aimable à toi.
Tom Fleming : « Je pense que les rock-critics ont tendance à cataloguer. Ils font souvent cela pour que le public puisse identifier un groupe à quelque chose d'existant, afin que le public puisse avoir des repères ».

Votre nouvel album est assez difficile d'accès. Je dois avouer que je ne l'aimais pas trop au premier abord et puis écoute après écoute, on entre dedans et on est finalement conquis...

Hayden Thorpe : Merci. C'est un super compliment que tu nous fais là. On a voulu le disque comme ça. Que ce soit un disque qui ne soit pas facile d'accès. Pour ça aussi, Nine Inch Nails nous a influencés. Tu ne rentres pas comme cela dans un disque de NIN, il faut l'apprivoiser. Nous voulions la même chose pour notre album.

Vous venez de Kendal. Il y a beaucoup de musique là-bas ?

Tom Fleming : Nous venons de là-bas mais nous n'y habitons plus depuis longtemps. Il n'y a vraiment pas grand chose à faire à Kendal. C'est vraiment un trou paumé, pas très loin de l'Ecosse. Mais il y a quand même une petite scène musicale, notamment folk.

Avec la sophistication du disque, cela va être dur à reproduire sur scène ?

Tom Fleming : Nous avons déjà donné quelques concerts où nous avons joué des morceaux du nouvel album et ça s'est très bien passé.
Hayden Thorpe : En fait, je pense que cela sera plus simple qu'avec les morceaux de l'album précédent. On a déjà posé les lignes de basse et de guitares pour les concerts à venir. Je ne pense pas que cela sera compliqué. Vous verrez cela en octobre. Notre tournée passera par Lyon, Strasbourg et Paris.