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The Twilight Sad

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 17 janvier 2019

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Avant de rencontrer The Cure, The Twilight Sad étaient pour beaucoup un obscur groupe écossais. Depuis, la carrière du groupe a pas mal changé. Passé de FatCat à Rock Action, le groupe sort son cinquième album, IT WON/T BE LIKE THIS ALL THE TIME. De passage à Paris à l’occasion d’un concert sold-out au Point éphémère, nous avons rencontré James Alexander Graham, chanteur, et Andy MacFarlane, guitariste du groupe. Ceux-ci nous ont parlé de ce nouveau disque et bien évidemment de Robert Smith.

Vous avez démarré the Twilight Sad il y a quinze ans de cela. Pouvez-vous nous raconter comment cela a commencé ?

James : C'est Andy qui est vraiment à l'origine du groupe. C'est lui qui m'a fait découvrir la musique. Tout est donc de sa faute (rires). En fait, nous étions juste des amis qui jouaient de la musique pour s'amuser. Il m'a conseillé de commencer à écrire des chansons.
Andy : Nous ne savions pas du tout ce que nous voulions faire. Nous voulions juste faire du bruit et voir ce que ça donne. Nous avons donné un premier concert, je pense qu'on avait une seule chanson, le reste c'était vraiment du bruit, un peu comme Daniel Johnston (rires). Notre second concert a eu lieu un an plus tard, et nous avons fait exactement la même chose. Au troisième, FatCat Records sont venus nous voir.
James. : Nous avions quatre chansons à l'époque, notamment That Summer, At Home I Had Become The Invisible Boy qui figure sur notre premier album. Nous souhaitions le sortir en single. Nous avons envoyé la démo à tous les labels que nous connaissions. Il y avait FatCat, Rock Action également. Nous leur avons d'ailleurs rappelé récemment que nous leur avions envoyé une démo en 2003 (Rires). FatCat nous ont répondu en ajoutant qu'ils aimeraient nous revoir sur scène. Un autre concert a donc été organisé. Ils nous ont amené notre contrat et voilà, ça a démarré de la sorte.
Andy : Nous avons écrit nos dix premières chansons en vue du premier album Fourteen Autumns & Fifteen Winters. Nous ne nous attendions à rien malgré tout. La seule chose que nous souhaitions c'était sortir un disque. C'est devenu un but pour les albums suivants. Nous tenions absolument à sortir d'autres disques. C'était notre propre volonté et non le désir du label que l'on sorte des disques ou de donner des concerts.

Pourquoi avez-vous quitté FatCat ?

James : Notre contrat a expiré. Je pense qu'à ce moment-là, avec les changements que le groupe avait connus, nous sentions qu'il nous fallait changer de maison de disques. On devrait prendre un nouveau départ. Nous sommes amis avec Mogwai. Ils blaguaient souvent avec nous en nous demandant : « Quand allez-vous sortir un disque sur notre label ? ». Après notre dernier album sur FatCat et cette tournée incroyable avec The Cure, nous avons décidé qu'il était temps de passer à autre chose. Il y avait trop d'aspects différents, musicalement, pour le label également, par rapport à ce que nous étions devenus. Nous ne pouvions pas continuer de la sorte. C'est comme dans la vie, où on sent parfois qu'il faut partir même si les relations sont bonnes. C'est quelque chose de naturel. Rock Action est le bon label pour notre musique.


Est-ce important pour vous de se trouver sur un label écossais ?

Andy : Je ne pense pas. C'est juste plus simple car nous sommes amis.
James : C'est une bonne chose, vraiment. Mais non nous ne tenions absolument pas à trouver un label écossais. Nous sommes très similaires à Mogwai dans notre manière de sortir des disques.

IT WON/T BE LIKE THIS ALL THE TIME est le titre de votre nouvel album. Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que l'ensemble des titres de vos albums forment une histoire...

James : Oui, si tu les mets tous ensemble, cela forme même une nouvelle.
Andy : L'aspect visuel est également très important pour nous. On peut les accoler.
James : Chaque album a sa propre identité, mais lorsque tu regardes chacun d'entre eux séparément, tu peux réaliser l'évolution de The Twilight Sad. On ne nous a jamais rien dit par rapport à cela, mais chaque album possède son propre style. C'est quand même assez génial d'avoir un fil conducteur au sein de chacun d'entre eux, même si tous ces disques sont connectés.

Il a fallu quatre ans pour que ce nouveau disque sorte. C'était vraiment quelque chose dont vous aviez besoin ?

James : Si nous avions sorti ce nouvel album rapidement, cela aurait été une sacrée erreur. Nous avons commencé à travailler sur ce disque après la tournée avec The Cure. Il aurait été très compliqué que nous attaquions ce disque entre deux tournées. Il fallait d'abord terminer tous ces concerts. De plus, nous voulions que ce soit notre souhait et non pas qu'on nous demande d'agir de la sorte. Nous avions besoin de temps pour nous au retour de ces tournées, de laisser reposer les choses. Après quatre disques, il était hors de question qu'on sorte quelque chose qui ne nous corresponde pas. Il nous fallait décider avant tout dans quelle direction nous voulions aller.
Andy : Nous avions besoin d'espace. C'était la première année de repos après tous ces concerts et cela nous a aidés à développer l'aspect et le son de ce nouveau disque. Cela nous a aidés à grandir.
James : C'est parfois bien de savoir pourquoi on n'a pas fait les choses autrement. Normalement lorsque un disque est terminé, il est nécessaire de faire ça, et puis ça, et puis ça. On ne voulait pas du tout entrer dans ce processus. Peut-être que nous sommes devenus bizarres (Rires). Je suis en tout content qu'on ait pu faire les choses à notre manière et à notre rythme.
Andy : Nous étions heureux de travailler ensemble. Nous avons passé un cap. Toute cette énergie dépensée ensemble pour cet album, c'était vraiment quelque chose de très positif ! C'est le meilleur boulot du monde, mais mentalement et physiquement c'est très épuisant. C'est important de le réaliser et de savoir s'arrêter avant de pouvoir reprendre le cours des choses. Tourner est la meilleure des choses que j'ai connue dans ma vie, mais tourner ne m'inspire pas pour écrire de la musique. Tourner, c'est jouer en live, donner des showcases, mais pour écrire il faut être dans d'autres conditions. En rentrant de cette longue tournée, je l'ai réalisé.


Quelle fut l'ambiance durant l'enregistrement de l'album ?

James : Le disque sonne peut-être plus sombre que nos précédentes sorties, mais il y a davantage d'espoir également. J'étais dans ces conditions pour composer, cela s'est donc ressenti sur les chansons. J'ai connu les meilleurs mais aussi les pires moments de ma vie ces dernières années, c'est pourquoi l'espoir est également important. Je voulais que ceux qui nous écoutent le ressentent. Ce disque a beaucoup plus d'énergie que nos précédents albums.
Andy : Je pense que cela donne un très bon équilibre.
James : Je pense que cela reflète parfaitement ce que nous sommes devenus. Et cela n'a rien de négatif (rires).

Le début de [10 Good Reasons For Modern Drugs] est très hypnotique. Vous vouliez faire ressentir musicalement l'effet d'une drogue ?

James : Cela fait sens ! (Rires)
Andy : Oh oui ! je suis entièrement d'accord (Rires) ! Il n'y avait pourtant aucune recherche de ce genre à l'origine. le son est venu à force de répéter cette chanson. Elle ne sonne comme aucune autre que nous avons sorti.
James : Je suis d'accord. C'est une chanson très à part. Nous ne l'avons pas encore interprétée sur scène. Je pense qu'elle va être très sympa à jouer en live.

Qu'est ce qui se cache derrière la chanson Shooting Dennis Hopper Shooting ?

Andy : J'étais en train de lire un article sur internet et j'avais besoin d'un nom qui serait inspirant pour James pour écrire le texte de la chanson.
James : Parfois, j'ai besoin d'un coup de pouce pour démarrer l'écriture d'un texte, alors je m'adresse à Andy.
Andy : Cet article concernait la chronique d'un documentaire sur Denis Hopper. Mais la chanson n'a absolument rien à voir avec lui, même si nous l'adorons. Il a joué dans des tas d'excellents films.

Comment a été conçue la pochette de l'album?

Andy : Comme toujours on a demandé à Dave Thomas de réaliser la pochette. On l'a rencontré via FatCat. C'est quelqu'un de génial. Il sait immédiatement ce dont nous avons besoin. Il sait matérialiser les choses qu'on lui demande. Nous cherchions à donner un effet punk à la pochette, à partir de manipulation d'images. Il a pris des images dans les journaux d'une manière totalement aléatoire en les retravaillant.
James : Je lui ai envoyé les paroles afin qu'il puisse trouver une connexion avec le sujet des chansons. Il a voulu faire transparaître des pensées oubliées mais qui restent toujours présentes en nous. Les visuels sont vraiment très importants pour nous.

Ce nouveau disque a des thèmes musicaux très variés, comme par exemple Sunday Day 13 ou I/m Not Here [missing face]. Finalement, quelles sont les chansons qui correspondent le plus à The Twilight Sad ?

James : Avec le temps, on est devenu un groupe où l'énergie a vraiment son importance. Le côté cinématographique s'est également beaucoup développé. Sunday Day 13 est plus un souhait d'avoir une chanson dans cet esprit su l'album qu'autre chose. Nous avions aussi besoin d'espace sur le disque. On ne pouvait pas uniquement avoir ce côté rentre dedans.
Andy : J'ai composé cette chanson à la guitare. C'était juste moi à la guitare et James au chant. On s'est dit que c'est une belle chanson.
James : Je pense que cette chanson est tout de même importante pour nous, musicalement mais aussi en termes de texte. Cela montre vraiment notre évolution. Elle a une énergie qu'aucune autre morceau ne possède. Chaque chanson est un chapitre différent de l'album mais je trouve que celle-ci constitue vraiment une sacrée évolution pour nous.

Le son de la basse est parfois très métallique sur l'album. C'est quelque chose que vous avez recherché ?

Andy : Johnny est un peu obsédé par le son, les effets de son instrument. On le laisse s'amuser parce que c'est vraiment son truc et on sait très bien qu'il trouvera la meilleure formule musicale pour les morceaux. Avec le batteur, ils ont enregistré ensemble les sessions live. Il ne fallait surtout pas interférer, mais au contraire les laisser s'exprimer en même temps. C'est ce que nous avons fait (Rires).
James : Il a utilisé des samples issus de son téléphone. Des choses pas possibles, comme des bruits d'animaux. (Rires)
Andy : Il y a également des sons du cirque de Glasgow qui se produit chaque été. C'était vraiment très amusant.
James : Pour Girl Chewing Gum, il joue de la basse en utilisant le son d'un moteur d'avion. Cela donne lui un son très industriel.


Vous n'avez jamais pensé à Robert Smith pour produire votre album ?

Andy : Il nous a aidés pour l'écriture de certaines chansons. On lui avait envoyé les démos et il nous a fait un retour en laissant des notes, comme des pistes d'amélioration. C'est une vraie chance pour nous. C'est presque même inespéré. Nous ne pouvions pas ne pas profiter de l'occasion. Il a été vraiment incroyable. Il nous a toujours encouragés. Je rêverai de pouvoir faire la même chose avec une chanson non terminée de Robert Smith. Ne fais pas ça, c'est nul. Ne fais pas ça, c'est pas bien (Rires). Plus sérieusement, il est vraiment fantastique et on est heureux qu'il ait été là pour nous conseiller. Peut-être que dans le futur, on collaborera de nouveau ensemble. C'est un ami, et il trouve de l'intérêt dans notre groupe.
James : J'aimerai vraiment ça, mais il est super occupé.

Votre album sort sur Rock Action. Peut-on espérer un remix d'un de vos morceaux par Mogwai ?

James : (s'adressant à Andy) Est-ce qu'on leur a parlé de ça ? Ils ont déjà remixé The Room en 2010, mais j'aimerai beaucoup renouveler l'expérience. Pas juste un remix, mais une véritable collaboration avec eux. Mais là aussi ça dépend surtout d'eux, car ils sont également très occupés (rires).

Demain, vous allez donner un concert au Point éphémère. C'est une petite salle de 300 personnes. Vous avez ouvert pour The Cure dans de très grandes salles. Qu'est-ce qui vous convient le mieux ?

James : Nous avions davantage l'habitude de jouer dans de petites salles (Rires). Je ne pensais pas qu'un jour on ait l'opportunité de donner des concerts dans de tels endroits. Je trouve que c'est extraordinaire d'avoir pu constater comment sonne notre groupe dans des salles d'une telle dimension.
Andy : C'est super d'avoir une aussi grande audience. Je trouve que la taille de la salle n'est pas si importante. Un concert est un concert.
James : Quelque chose a tout de même changé. Notre disque n'est pas encore sorti et les quelques concerts que nous allons donner sont déjà complets. Avant cette grande tournée avec The Cure, ce n'était pas le cas.