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Modern English
Mirrors

Paris, Flèche d'Or - 18 juin 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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Membres de la première heure du mythique label 4AD qui donnera par la suite naissance à toute la modulation du mouvement new wave, les Modern English n’ont plus joué à Paris depuis trente ans ! Ce groupe, issu des eighties, un temps influencé par la froideur de Joy Division, a vraiment trouvé sa voie vers les mid-eighties pendant lesquelles évoluaient des hurluberlus tels que Boy George (à qui le guitariste de Modern English emprunta alors le look !) ou Howard Jones (dont je jalouse encore la coupe de cheveux !).

 

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Après la sortie du titre I Melt with You, Modern English gagne ses lettres de noblesse en tant que groupe à texte de l’after new wave mais reste toujours limité quant à ses composition musicales, plus proches de Duran Duran ou de Simple Minds que de New Order. Une ligne mélodique très pop, des synthés aux sonorités pas toujours novatrices et un look vestimentaire foncièrement funky dont Axel Bauer et son Cargo de Nuit semblent s’être inspirés, donnent à ce groupe des relents d’Alphaville !
Pourtant, trente ans après et une fois oubliés les affres du temps qui ont salement fait son office sur la chevelure totalement blanchie de Robbie Grey (qui porte désormais très bien son nom), on retrouve Modern English, passé à six membres, non sans plaisir sur la scène de la Flèche d’Or, habituée depuis quelques années maintenant à voir jouer les reformations des papys de l’after punk. Ayant délaissé les looks ravageurs de leurs clips des années 80/85, tendance Kid Creole & the Coconuts, les quinquas de ce soir ressemblent à leurs collègues de Gang Of Four - pantalon slim, chemise blanche et veston noir - et affichent une réelle allégresse, partagée avec le public, à se produire sur scène à Paris.
Jouant une majorité d’anciens titres – que le public, pourtant pas si âgé que ça, attend, forcément – et aidé d’un batteur plus jeune que le reste du groupe, Modern English se permettent la prouesse de ravir la tête d’affiche à Mirrors. Si la salle n’est pas comble, la tendance revival des eighties que l’on suit consciencieusement depuis deux ans maintenant, continue de ravir le public parisien, de 7 à 77 ans. Bourré d’énergie et de bonnes intentions, le set dure plus qu’à l’accoutumée étant donné qu’ils ne sont pas le dernier groupe programmé ce soir et fait remuer une salle aux trois quarts pleine qui, au son des rappels, ne semble pas vouloir que le groupe suivant, Mirrors, prenne le relais.

A ne pas confondre avec l’album éponyme des Blue Oyster Cult - dont le groupe de Brighton ne partage même pas les origines terriennes, tant leurs univers semblent éloignés ! – Mirrors, ce sont quatre garçons dans le vent venus d’outre-Manche une première fois à bord de la formation Mumm-Ra (James New et James Arguile) formée au lycée et qui officiait du coté de l’indie rock en tournant avec des groupes comme Kaiser Chiefs ou The Kooks. Depuis la fin 2008, James New, chanteur, et James Arguile, accompagnés de Ally Young et Josef Page, ont pris un virage à 180° et délaissé tout instrument dont le son ne serait produit par des microprocesseurs ! Étrange cheminement pour de si jeunes gens (23 ans de moyenne) que de passer du rock porteur des années 2000 à un style et un son que seuls les ovnis de Monarchy ont osé ressortir du placard d’Andy Mc Clucksey et Martin Gore ; de la pure musique électronique flirtant avec la synth-pop la plus froide et qualifiée, pour l’occasion et pour eux seuls jusque là, de Pop Noir !
Ainsi, sur le site web de ces garçons iconoclastes par leurs facéties vestimentaires – tous en costume cravate très sombres et très cintrés – et leur culture musicale bien trop étendue pour se cantonner à ne jouer que dans un seul groupe toute leur vie, on trouve un code déontologique qu’ils se sont fixés. Cela prête à sourire bien sur mais ces neuf commandements (il en manque un ?) résument à eux seuls la ligne suivie par cette formation, comme pour guider d’hypothétiques journalistes en mal d’inspiration :

- Les Mirrors suivent les lignes droites
- Les Mirrors sont minutieux
- Les Mirros sont noir et/ou blanc
- Les Mirrors sont Pop Noir
- …

Un panégyrique, tel un manifeste intellectuel ou culturel qui pourrait très bien émaner d’un groupe comme Kraftwerk et qui pose de nouveau les bases d’une cold wave revisitée et agrémentée de ce qu’il faut de look vestimentaire sévère et sombre, de regards d’androïdes (le batteur, Josef Page, est imbattable au jeu des yeux qui ne clignent ni ne bougent !) et de poses photos singeant les affiches de l’USSR : alignés et mentons en l’air ; « Pour le peuple et par le peuple ».
Le pire, ou le meilleur, c’est que James New (dont on se permettra de douter du patronyme), interviewé juste avant le concert, confirme et signe cette recette qui inclue volontairement tous les ingrédients de cette réincarnation des Kraftwerk made in UK. D’une vivacité d’esprit frisant avec les meilleurs d’HEC, James et Ally confient approuver et encourager un style scénique, vestimentaire, publicitaire même, qui, selon eux, doit aller plus loin que la musique elle-même pour imprégner les mémoires trop vives d’un public évoluant quotidiennement dans un monde de loisirs et de consommation. Pas faux.

 

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Le minimalisme n’est pas que dans leur style ; Mirrors, vus et écoutés une première fois sur scène lors de la première partie d’OMD au Casino de Paris l’année dernière, ce sont trois synthétiseurs, une batterie électronique jouée debout et quatre androïdes dernières génération pour les servir. Déjà auteurs de titres entêtants et tout à fait capables de rentrer dans les charts comme Look At Me ou Hide And Seek, Mirrors ont la qualité de jouer des machines comme d’autres jouent de la guitare électrique ; avec des grands mouvements du corps, finissant trempés de sueur et prouvant à tous qu’ils sont loin d’être de simples robots exécutant des loops ou des samples à l’aide de boutons pressoir mais de vrais musiciens faits de chair, d’os et d’esprits ! Il faut retenir la bonne tenue de James New à ce petit jeu et saluer le rôle de leader qu’il joue à merveille - sa petite gueule d’ange aidant – le tout agrémenté d’une voix de plus en plus assurée réchauffant précieusement une musique au relent d’un Vangélis époque Blade Runner.

Ce n’est pas pour rien qu’Orchestral Manœuvre In The Dark les a demandés en première partie pour leur retour sur scène ; on dit qu’Andy Mc Culskey et Paul Humphreys ont rajeuni de vingt cinq ans en les écoutant la première fois. Souhaitons leur de connaître la même destinée.
setlist
    MODERN ENGLISH
    Someone's Calling
    After The Snow
    Tables Turning
    Swans On Glass
    Black Houses
    Soundtrack
    Life In The Gladhouse
    Move In Light
    I Melt With You

    MIRRORS
    Non disponible
photos du concert
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