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Lianne La Havas

Paris, Cigale - 24 octobre 2012

Live-report par Natt Pantelic

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Il y a beaucoup de monde ce soir à la Cigale, notamment une majorité de jeunes gens venus écouter cette nouvelle révélation de la soul anglaise qu'est Lianne La Havas, toute jeune elle aussi.

C'est dans la pénombre quasi complète que l'artiste et ses musiciens apparaissent sur scène, pour un set qui promet d'être intimiste. Le jeu de lumières ne nous les dévoilera effectivement qu'au bout des premiers morceaux, comme figurant une intimité qui se gagne très lentement. Ils peuvent pourtant avoir pleine confiance en ce public déjà conquis, avant même la parution toute récente du premier album, Is Your Love Big Enough?, grâce à Lost & Found, EP sorti en 2011, très réussi et fort bien accueilli aussi par la critique.

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Maintenant que la lumière se fait sur celle que tout le monde préfigure déjà comme la nouvelle star d'une soul anglaise pleine de ressources et largement soutenue, par Prince et Bon Iver en ce qui la concerne, on l'aperçoit enfin dans sa jolie petite robe sixties, qui rappelle quelques unes de ses influences musicales. Mais celles-ci ne s'arrêtent pas à une époque ou à un genre prédéfini. Lianne La Havas sait s'en inspirer pour aller au-delà, comme elle le prouve avec des titres comme Gone, intense et sensible, ou Is Your Love Big Enough?, folk, soul, et pop à la fois.

Au travers de chansons passant de la pluie au beau temps sous un arc-en-ciel aux couleurs chamarrées, elle nous conduit sur la route de l'amour à bord de son intérieur cuir griffé de ci de là, disant avec pudeur son histoire personnelle. Dans un He Loves Me à l'instrumentation aussi minimaliste que ses mots, laconiques, elle raconte aussi le désamour, emprunt d'une mélancolie soulignée maintenant par des lumières bleutées qui la replongent dans la quasi-obscurité, la faisant discrète, presque intimidée de se mettre à nu, malgré une belle assurance sur scène.
Le seul bémol que l'on peut émettre quant à la musique de Lianne La Havas réside dans son choix de mise en exergue vocale et de minimalisme instrumental. Un choix peu aisé et certes assumé, qui met cependant l'accent sur des faiblesses mélodiques. On ressent effectivement un cruel manque d'audace au travers de titres qui mériteraient d'être plus affinés, plus affirmés, tels que Au Cinema ou Arms Of Danger. Mais elle entonne maintenant l'extraordinaire Forget, et on en vient à tout lui pardonner. Commençant d'une voix décidément puissante et de sa seule guitare électrique, puis accompagnée progressivement par quelques percussions et chœurs, la chanteuse interprète à merveille ce crescendo au refrain prenant et extrêmement groovy, sur lequel elle annonce une fin ce concert que personne ne souhaite voir venir.

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Le public est très réactif et en réclame encore pour un dénouement fait de ce dénuement, sensuel et sensible, qu'elle maîtrise souvent à la perfection. L'artiste lui offre alors Age, qu'elle dédicace avec un petit sourire malicieux à tous les hommes plus âgés (ndlr : plus qu'elle, aisément) qui pourraient être son père, comme le dit la chanson.

Ce qu'elle ne nous dit pas, c'est à quel moment son interprète reviendra éclairer les salles de concert parisiennes de son peps qui scintille même dans le noir. Bientôt, espérons-le !
setlist
    No Room For Doubt
    Au Cinema
    They Could Be Wrong
    Everything Everything
    Is Your Love Big Enough?
    Tease Me
    He Loves Me (Jill Scott cover)
    Empty
    Gone
    Elusive (Scott Matthew cover)
    Lost & Found
    Don't Wake Me Up
    Forget
    ---
    Arms Of Danger
    Age
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