logo SOV

Barbarossa

Paris, Point Éphémère - 8 décembre 2015

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

Bookmark and Share
En cette soirée du 8 décembre, le Winter Camp Festival proposait une affiche éclectique franco-belgo-anglaise.

SOV

Adrien Soleiman ouvre les hostilités. Ce jeune chanteur français, auteur d'un premier EP réussi, joue dans un registre casse-gueule, à savoir cette frontière délicate entre rock et variété. Cela pourrait verser dans le kitsch avec sa voix haut perchée mais ce n'est jamais le cas. Adrien Soleiman développe un univers très personnel et particulièrement original. Des titres comme Rue Des Étoiles, Près De Moi ou encore davantage La Nuit Tombée possèdent un charme étrange et vénéneux. En concert, les morceaux s'étirent sur de longues minutes et ce mélange presque baroque entre la voix d'Adrien Soleiman et les claviers rendaient l'ensemble assez fascinant. Sur scène, la magie opère et on est emporté par cette musique qui ressemble à un peu à du Christophe dans son côté le plus expérimental. En revanche, lorsque le jeune homme fait dans une sorte de trip-hop planant, il se révèle moins original et moins ambitieux. Adrien Soleiman a incontestablement du talent et un très fort potentiel. Sûr qu'on entendra reparler de lui dans un avenir proche.

SOV

Cela ne devrait malheureusement pas être le cas pour les belges de Le Colisée. Look ringard 80's, musique digne d'un groupe de mariage ou d'enterrement de vie de garçon, paroles sans intérêt, il n'y a rien à sauver.

Tête d'affiche de la soirée, le britannique Barbarossa va délivrer un set superbe. Depuis ces débuts et son premier album Bloodlines qui l'avait placé d'entrée dans les espoirs de la nu-folk, la musique de Barbarossa a quelque peu évolué. La voix de James Mathé reste certes celle d'un chanteur nu-folk mais sur Imager, son excellent album sorti cette année, le bonhomme s'aventure sur un terrain bien plus électro.
Settle, qui ouvre le concert, en est l'exemple parfait. Une mélodie pop classique mais enrobée d'une orchestration électro subtile. Une parfaite entrée en matière avec ce morceau délicat. Suit Turbine, extrait de Bloodlines, fascinant par les beats lourds qui enveloppent le morceau. Silent Island, l'un des meilleurs titres de Imager, est exécuté avec brio. James Mathé chante à merveille sur ce morceau et sa voix monte dans les aigus avec une facilité déconcertante.

SOV

Imager possède déjà sur l'album tout du tube mais en live c'est encore plus frappant. Ce petit côté électro-pop donnait toute sa saveur au morceau. Le groupe, avec James Mathé aux claviers et ses deux acolytes, l'un à la batterie, l'autre aux percussions, donne un son ample et profond. Imager vire ainsi rave sur la fin et on a la douce impression d'être revenu aux temps bénis de 808 State à la Hacienda. Ce tournant « dance » de Barbarossa n'enlève rien à la beauté de ses morceaux mais au contraire leur donne une puissance accrue et des possibilités nouvelles.
Dark Hopes, autre merveille tirée de Imager, montre une nouvelle fois la maitrise vocale de James Mathé. La beauté de son chant envoûte littéralement. Et derrière, toujours cette orchestration légèrement électro qui fait des merveilles sur scène. Le groupe vous prend par la main et vous emmène sur un chemin féerique. Impression encore plus prégnante avec Bloodline : avec le chant de James Mathé, véritablement habité, et l'orgue qui l'accompagne, ce morceau renoue avec l'esprit du meilleur gospel et dégage une impression quasi religieuse.
Human Feel revient à un son électro festif. « Everything's good now », chante James. Il ne pouvait pas mieux dire. Avec Muted, c'est le Barbarossa intimiste qui reprend place. Cette balance depuis le début du concert entre titres dansants et mélancoliques fonctionnait parfaitement. Encore une fois, de superbes parties d'orgue donnent une intensité palpable au morceau. Touchant et poignant, avec cette fin magnifique qui s'étire, s'étire... Home, écrit avec José Gonzalez, est délivré avec une sobriété qui rend le titre encore plus émouvant que sur disque.
Barbarossa tire sa révérence sur Pagliaccio et le groupe est visiblement ému de l'accueil fait à sa musique, ce qui n'est pourtant que justice. Le morceau se termine dans une sorte de transe électro psychédélique avec des sons d'orgue saturés. En rappel, Barbarossa nous offre The Load, l'un des meilleurs titres de Bloodline. Un morceau majestueux et long sous forme de belle ballade contemplative.

Barbarossa, contrairement à de trop nombreux groupes, ne sonne pas à la manière de. Au contraire, James Mathé a su créer un univers original et qui lui est propre. Sa musique est intemporelle et ce concert en était la meilleure illustration possible.
setlist
    Settle
    Turbine
    Silent Island
    Imager
    Dark Hopes
    Bloodline
    Human Feel
    Muted
    Nevada
    Home
    Paggliacio
    The Load
Du même artiste