Le lundi 15 juillet dernier, Damon Albarn s'invitait une nouvelle fois aux Nuits de Fourvière à Lyon, non pas en solo, mais bel et bien avec un projet tout aussi rôdé. The Good, The Bad And The Queen à Lyon, c'est s'assurer que le théâtre s'accorde parfaitement à la situation. La météo est idyllique pour attendre les quatre capitaines (Albarn, Tony Allen, Paul Simonon, Simon Tong) d'un navire qui résiste à tout.
22h25, les anglais débarquent avec une forme olympique. The Good, The Bad And The Queen jouent la carte du dernier album
Merrie Land d'entrée de jeu : on découvre Damon en romantique sur son piano. Tout sonne à merveille bien que l'ampli basse de l'ex-The Clash n'ait toujours pas bougé de volume depuis les années 70 (sans le côté agressif). L'excellent
Gun To The Head est repris par la foule comme un hymne, car le côté show-man de Damon y est pour quelque chose. Les bras levés au ciel comme un adorateur, le londonien passe son temps à courir et parcourir les planches en faisant littéralement « vivre » ses morceaux.

Il est aussi un grand déconneur qui n'hésite pas à tailler ironiquement la politique anglaise. Mais si le corps de ce grand enfant est en mouvement non-stop, les autres adoptent un jeu aussi clean qu'une séance d'enregistrement. Tony Allen prouve d'ailleurs qu'il est un génie tout-terrain de la batterie : jazz, ska, dub, tout y passe.
Majoritairement, les dix-sept titres varient d'un extrême à l'autre. La séquence émotion de
Lady Boston (dans une version allongée) et sa descente de flûtes font plus que conquérir les fans venus écouter ces mélodies pop hyper-arrangées. Puis
The Last Man To Leave transforme le théâtre en fête foraine hantée, avant que
The Poison Tree ne mette encore une fois tout le monde d'accord. Parmi les musiciens présents, le quatuor à cordes ajoute cette couleur mélodramatique qui en laisse plus d'un sans voix. En fosse, le temps s'arrête et les spectateurs se montrent ultra-attentifs. Parfois trop, face à l'énergie reçue.

La deuxième partie du concert se consacre au premier album. En effet, The Good, The Bad And The Queen ont pensé le show en deux chapitres consacrés au meilleur de chaque disque. Une occasion de redécouvrir en live
History Song et
80s Life, pour profiter de la voix de Damon Albarn qui se bonifie avec le temps. En plus d'autres ballades (
Herculean, Nature Springs), l'ambiance devient brûlante suite à la folie dub/psyché de
Three Changes. Le groupe s'éclipse quelques minutes pour un rappel qui clos le concert avec le titre éponyme du groupe.
Le final digne de ce nom au rythme très intense retient en apnée jusqu'à la dernière note. Les coussins ont déjà voltigé pendant les derniers morceaux et les musiciens prennent toujours ceci comme une belle reconnaissance. Il n'en reste pas moins que Damon et sa troupe de super-musiciens réussissent à chaque fois leur spectacle façon théâtre de l'absurde ; une prestation accomplie dans le souci du détail.