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The Good, The Bad And The Queen - Merrie Land
Chronique Album
Date de sortie : 16.11.2018
Label : Parlophone
5
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 12 novembre 2018
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Quatre mois et demi seulement après la sortie du dernier album de Gorillaz, Damon Albarn est déjà de retour ! Point de disque solo et encore moins de nouveau disque de Blur, le décidément infatigable britannique a plutôt eu l'idée de ressusciter son autre projet parallèle laissé en veilleuse depuis onze ans déjà : The Good, The Bad And The Queen. Toujours accompagné par Paul Simonon (ex-The Clash), Tony Allen (Fela Ransome Kuti) ainsi que Simon Tong, auparavant guitariste de The Verve, l'anglais relance donc la machine pour une épopée post-Brexit, un voyage dans une Angleterre présentée ici sous la forme d'un cirque.

La pochette donne déjà le ton avec cette photo extraite de Au Cœur De La Nuit, un film à sketch britannique de 1945. Le regard inquiet de Michael Redgrave ainsi que sa main posée sur la bouche de la marionnette ventriloque en disent long sur ce qui les attend. Mais qu'en est-il pour nous et de cet album ? Celui-ci débute avec une courte introduction extraite du film précité en guise d'entame de la première chanson de l'album qui donne son nom à celui-ci. Merrie Land et ses notes d'orgue de barbarie nous replongent immédiatement vers les premiers moments de ce super groupe : Herculean. La mélodie est délicate et Damon Albarn dépose sa voix sur celle-ci avec beaucoup d'élégance. Gun To The Head et sa collection d'instruments (flûte, orgue, violon, batterie, basse...) semble davantage joviale et pourrait s'apparenter à une musique de fête foraine. La plus expérimentale Nineteen Seventeen et sa basse lourde conjuguent une fois encore cet esprit récréatif en y ajoutant une jolie pincée de mélancolie. On a bien compris que ce disque n'est pas une récréation mais bien une satire de ce qu'est devenue la politique anglaise actuelle : un véritable spectacle. Incapable de s'extraire du bourbier dans laquelle elle s'est mis toute seule, mais au final il est difficile de dire si elle donne envie d'en rire ou d'en pleurer.

Damon Albarn et ses acolytes ne réussissent pas suffisamment à masquer leur tristesse et nous le rendent bien notamment sur The Great Fire et son dub magnifiquement tragique. Épaulés par Toni Visconti à la production, les quatre pointures musicales effectuent un voyage riche et varié : la mélancolie de Lady Boston, la subtilement acoustique Ribbons (qui rappelle Green fields) et la désenchantée The Truce Of Twilight apportent à Merrie Land un sacré côté cosmopolite. The Last Man To Leave voit Damon Albarn tel un Monsieur Loyal s'élancer dans un monologue à l'encontre de son pays, le tout sur une musique une fois encore bien décalée tournant à la tragi-comédie. Ce disque est donc bien le reflet d'un traumatisme traversé par bon nombre d'anglais face au Brexit à venir. The Poison Tree et son univers afro seventies achève cette démonstration avec le morceau probablement le plus triste de l'album. Joliment orchestrée la ballade nous entraine dans un au revoir qui semble partie pour durer. « I'll see you in the next life, don't follow me/ it's really sad, it's really sad... ». Il ne semble pas nécessaire d'en rajouter.

Merrie Land est donc bien ce conte triste que risque de vivre l'Angleterre l'année prochaine. Les quatre membres de The Good, The Bad And The Queen l'illustrent parfaitement en moins de quarante minutes. Sans réels tubes mais réussi de bout en bout, ce nouveau disque est un joli pied de nez à ce désastre en devenir. Parfait pour terminer l'année, cet album pourrait bien malheureusement devenir un vrai classique du genre.
tracklisting
    01. Introduction
  • 02. Merrie Land
  • 03. Gun To The Head
  • 04. Nineteen Seventeen
  • 05. The Great Fire
  • 06. Lady Boston
  • 07. Drifters And Tawlers
  • 08. The Truce Of Twilight
  • 09. Ribbons
  • 10. The Last Man To Leave
  • 11. The Poison Tree
titres conseillés
    The Poison Tree - Ribbons - The Great Fire - Nineteen Seventeen
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