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Tindersticks

Paris, Salle Pleyel - 31 janvier 2020

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Après avoir sorti un aussi bel album que No Treasure But Hope, il fallait au moins la magnifique Salle Pleyel pour que les Tindersticks puissent restituer sur scène la magie de ce disque.

La tournée des anglais vient à peine de débuter, avec deux premières dates en Belgique, et c'est donc à Paris que les britanniques viennent présenter en live les chansons de leur nouvel opus. Ils reviendront ensuite pour une dizaine de dates en France à partir de la fin février. Hier soir, c'est Thomas Belhom qui a ouvert, en duo, pour le groupe de Nottingham. Musicien bidouilleur adorant la performance live à coups de boucles expérimentales, le français a accompagné les Tindersticks lors de l'expérimentation sonore et visuelle The Intimate World Of F. Percy Smith en 2017.

A 20h35, les lumières commencent doucement à descendre. C'est alors que commencent à résonner les notes de A Street Walker's Carol, instrumental inédit composé par David Boutler qui figure sur le maxi vinyle See My Girls vendu en avant-première lors de la tournée du groupe. Stuart Staples et ses cinq comparses arrivent alors sur scène. Suite au délicat "good evening lâché par le leader du groupe, la magie peut alors opérer.
Dans un éclairage orange, The Amputees ouvre une soirée qui sera riche en émotions. Le son est sublime et le single avec lequel No Treasure But Hope avait commencé à être dévoilé trouve sa réelle dimension dans la salle parisienne. On sait que les Tindersticks profitent souvent de leurs tournées pour exhumer dans leurs setlists quelques titres oubliés. Cette tournée 2020 n'échappe pas à la règle et le groupe va nous enchainer consécutivement deux anciens titres après cette magnifique entame. Le très groovy Before You Close Your Eyes extrait de Simple Pleasure, suivi de Running wild, délicat morceau de clôture du formidable Waiting For The Moon. Le classique Medicine vient quant à lui se glisser juste après, avec notamment ce son du piano terriblement lancinant.

Une petite reprise inédite de Bob Lind, puis le groupe va se concentrer sur son dernier disque. Il sera d'ailleurs au final interprété dans son intégralité. Du majestueux Trees Fall à l'hymne chamanique See My Girls, en passant par le jouissif Pinky In The Daylight, tout est parfait dans la restitution live d'un album tellement riche et beau. Les musiciens hors pair nous livrent une prestation de très haute volée. Le son est parfaitement équilibré, jamais une note ne vient s'égarer. L'ensemble rendu est d'une cohésion stupéfiante. Dan McKinna, le bassiste, a beaucoup contribué à No Treasure But Hope, notamment sur les lignes de clavier. Plusieurs fois, il passera de la basse au piano au cours de la soirée. David Boutler l'épaulant dans ces moments-là au piano toy ou au xylophone.
Willo le titre phare de la bande originale du film High Life fera aussi forte impression. En format réduit à quatre, les Tindersticks nous enchantent avec celui-ci au cours d'un moment particulièrement intimiste. Celui-ci sera prolongé le temps du superbe The Old Man‘s Gait. Another Night In sera comme souvent de la partie. Les lignes de guitares de Neil Fraser impressionnent dans ce gigantesque moment de mélancolie. Et bien entendu la voix de Stuart Staples trouve l'espace qui lui est parfaitement adapté.

Show Me Everything de The Something Rain résonne à merveille dans la Salle Pleyel. Le son de batterie d'Earl Harvin est comme toujours à souligner. Posé, percutant et subtil, le jeu du batteur a depuis des années contribué à l'évolution du son des anglais. La cadence va s'accélérer et le son s'électrifier le temps de deux plages du premier disque des Tindersticks. Le bouillonnant Her suivi de l'inespéré Jism qui refait surface après seize ans d'absence sur scène. Le bonheur est absolu à la Salle Pleyel.
Stuart, toujours aussi peu bavard, remercie ensuite le public et évoque le plaisir de jouer à Paris une fois encore et annonce déjà le dernier morceau du concert. Le très beau For The Beauty, interprété dans un jeu de lumière magnifique. Le groupe quitte la scène après un rapide au revoir au public, mais revient très vite pour interpréter en rappel les deux titres manquants de No Treasure But Hope. Le titre du même nom sera d'ailleurs choisi ce soir-là par les Tindersticks face à la tristesse d'entrer dans le Brexit. Take Care In Your Dreams viendra conclure 1h45 de concert monumental.

Cette fois c'est vraiment fini. Mais pour ceux qui verront les Tindersticks en live à la fin février et en mars, croyez-moi l'attente en vaut vraiment la peine.
setlist
    A Street Walker's Carol (Intro)
    The Amputees
    Before You Close Your Eyes
    Running Wild
    Medicine
    Black Night (Bob Lind Cover)
    Trees Fall
    See My Girls
    Pinky In The Daylight
    Carousel
    Willow
    The Old's Man's Gait
    Tough Love
    Another Night In
    Show Me Everything
    Her
    Jism
    For The Beauty
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    No Treasure But Hope
    Take Care In Your Dreams
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