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Gorillaz

Londres, LH2 Studios - 12 décembre 2020

Live-report par Lena Inti

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Le 23 octobre dernier, Gorillaz sortaient Song Machine : Season One – Strange Timez, album haut en couleurs où figurent de nombreux artistes prestigieux tels qu'Elton John, Robert Smith (The Cure), Peter Hook (Joy Division, New Order), le regretté Tony Allen ou encore Fatoumata Diawara. Dans la foulée ont été annoncés trois concerts en direct les samedi 12 et dimanche 13 décembre, sur des fuseaux horaires permettant contenter un maximum de monde. Cela faisait depuis 2018 que le groupe ne s'était plus produit. C'est ainsi sur la plateforme de streaming LiveNow que nous avons pu assister à la première des trois (riches) performances live virtuelles de Gorillaz, samedi à midi, accompagnés d'invités en chair et en os ou bien projetés sous forme d'hologrammes.

Les premières notes se font entendre à midi pile, accompagnées d'un premier visuel de Jamie Hewlett, le graphiste de Gorillaz. On peut y voir le bâtiment de Kong Studio. Quelques secondes plus tard, on entre par des rideaux à l'intérieur de celui-ci, qui a des allures de hangar abandonné. La voix de Robert Smith se fait déjà entendre sur le premier titre Strange Timez. On y découvre les quatorze musiciens annoncés sur scène, dont le batteur Femi Kaleoso et le percussionniste Remi Kabaka. On y trouve également des choristes qui vont apporter de la puissance et leur bonne humeur tout au long du show.
Le chanteur de The Cure n'est pas présent physiquement mais sous forme d'une lune étrange portant son visage, sur l'écran géant situé derrière la formation. Les visuels, parfois kitsch, se fondent bien au reste du décor, notamment aux marches de la scène, décorées de paillettes dorées, comme les lunettes en forme d'ananas de Damon Albarn.

SOV Photographie © Gorillaz

Car tout a été pensé minutieusement : le lieu et son aménagement, les caméras proposant parfois un angle de vue éloigné pour y intégrer les hologrammes des artistes invités « virtuellement » tels que Beck sur le second titre The Valley Of The Pagans, ou Fatoumata Diawara lors du magnifique morceau Désolé. D'autres fois – et pour notre plus grand plaisir – les invités accompagnent réellement Gorillaz et viennent faire le show aux côtés de Damon comme Leee John et ses géniaux pas de danse sur le groovy The Lost Chord.

Quant aux graphismes, on a plaisir à retrouver les créations visuelles uniques de Jamie Hewlett, s'amusant à intégrer les membres virtuels de Gorillaz (2-D et Murdoc, aujourd'hui à la régie du concert, ainsi que Noodle et Russel Hobbs) directement devant ou au milieu des artistes, et non plus seulement sur l'écran, en arrière-plan. L'avantage du concert en ligne... Ainsi, durant Pac-Man, c'est par exemple une Noodle contrariée qui met fin à la chanson en débranchant le câble.
Parmi les invités réellement présents dans ce premier livestream du week-end, nous retrouvons également Peter Hook et Georgia durant la très appréciée Aries, qui ont l'air vraiment heureux d'accompagner Damon et sa bande durant ce show spécial en des temps étranges. Avec Dead Butterflies, c'est le rappeur Kano dont nous suivons l'arrivée jusque sur la scène, où il s'assiéra l'air ému aux côtés de Damon. La caméra se rapproche durant son solo de piano, comme pour donner un air de concert intimiste. Nous l'avons dit, tout a été pensé et rien ne semble avoir été laissé au hasard dans la réalisation.

Un des grands moments du concert, après un léger passage à vide (enchaînement de quelques morceaux calmes sans invités oblige) est lorsque slowthai déboule plein d'énergie et tout sourire aux côtés de Laurie Vincent, guitariste de Slaves, pour Momentary Bliss. Il joue tantôt avec la caméra tantôt avec le leader de Gorillaz, tous les deux visiblement très complices. Ça met du baume au cœur !

SOVPhotographie © Gorillaz

Parmi les surprises de la soirée, nous aurons également pu profiter de Fire Coming Out Of The Monkey's Head, qui n'avait pas été jouée par le groupe depuis dix ans, et Dracula, depuis 2002.
Cette dernière faisait d'ailleurs partie d'un set « acoustique » joué dans un recoin du Kong Studio, à côté d'un sapin de Noël surmonté d'une croix retournée. Après Demon Days et Get Lost In Heaven, Gorillaz terminent sur la grande scène par le classique Clint Eastwood largement revisité et accéléré, accompagné d'un Sweetie Irie qui met le feu à la scène.

Après environ 1h20 de show, les musiciens quittent la scène, visiblement satisfaits et heureux de cette première performance du week-end. Au total, ce sont dix-sept chansons qui auront été jouées ce samedi, en grande majorité tirées de leur nouvel album, mais également quelques titres de leur second disque Demon Days, pour la touche de nostalgie. Ils auront à plusieurs reprises été entrecoupés de bruits électroniques et du jingles de lancement de chaque nouveau single de Song Machine.
La prise et la qualité de son auront été excellentes tout au long du concert et le show esthétiquement très plaisant. Nous avons pu y retrouver les membres virtuels de Gorillaz reproduisant les mimiques des clips vidéos du nouvel album, et des effets psychédéliques appliqués aux décors étranges (canapés, étagères remplies de bibelots) et aux membres réels – toujours en lien avec les paroles ou les clips des chansons.
Damon Albarn, le bassiste Seye Adelekan et le guitariste Jeff Wootton auront assuré le show, jouant parfois avec la caméra ou face-à-face durant quelques instants, prenant visiblement du plaisir à évoluer ensemble sur scène après si longtemps. Joie communicative au travers de l'écran. C'est donc une nouvelle expérimentation réussie pour la bande de Damon Albarn. Jamie Hewlett et lui, avec leur créativité et leur imagination débordante, ont relevé haut la main le défi de rendre un concert en ligne aussi divertissant.

Mais pouvions-nous en attendre moins de leur part ?
setlist
    Strange Timez
    The Valley Of The Pagans
    The Lost Chords
    Pac-Man
    MLS
    The Pink Phantom
    Opium
    Aries
    Dead Butterflies
    Désolé
    Momentary Bliss
    Fire Coming Out Of The Monkey's Head
    ---
    Last Living Souls
    Dracula
    Don't Get Lost In Heaven
    Demon Days
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    Clint Eastwood
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