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Miles Kane

Paris, Olympia - 28 avril 2022

Live-report par Laetitia Mavrel

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Le concert de Miles Kane à Paris était doublement attendu : d'une part car la pandémie passant par-là, tous les fans étaient dans les starting blocks, et d'autre part car le dernier album Change The Show sorti fin janvier dévoilait un retour aux sources, celles qui ont fait le succès de l'anglais lors de son tout premier album et de sa première collaboration au sein de The Last Shadow Puppets. Son sens aigue de cette pop orientée années 60 insouciante et si entrainante a illuminé Change The Show, et comme son titre divinatoire l'annonce, nous attendions alors de découvrir ce qui a réellement changé en live.

C'est en effet un Miles Kanes requinqué et tiré à quatre épingles que nous retrouvons dans la majestueuse salle de l'Olympia, qui l'a déjà accueilli accompagné de son ami Alex Turner. Les dernières prestations solo datant de l'époque Coup De Grace, album chic mais un peu trop tourné vers les dorures factices du tout Hollywood, elles dénaturaient alors un peu trop le personnage. Quel soulagement d'annoncer que ce costume trop pailleté à été laissé au vestiaire pour notre plus grand plaisir.


Derrière un rideau géant rouge avec son patronyme en lettres capitales blanches, Miles Kane prouve qu'il trouve son état de grâce en mode solo. Tout de noir vêtu, à la mode des loubards cool des ces années 60 tant vénérées, pantalon et veste de costume sombres parfaitement taillés, débardeur noir et évidement mocassins vernis sur chaussette blanches, arborant quelques breloques dorées rehaussées par sa toute aussi dorée guitare, l'impression est forte dès l'entrée sur scène. Ce dernier n'a semble-t-il pas perdu son temps avachi sur un canapé ces deux dernières années, preuve en est l'impressionnant tour de biceps gagné qui apporte encore plus de crédibilité au look « cool cat » d'un autre temps.

Avec des musiciens arborant également des fripes dignes d'un épisode de Happy Days, sous un light show électrique, la setlist pioche allégrement dans le dernier opus tout en nous offrant les morceaux le plus évocateurs de la discographie de Miles Kane. Ce qu'il ressort de la mise en pratique de Change The Show est ce groove quasi constant sur tous les morceaux qui décuplent leur potentiel sur scène, Miles Kane les interprétant de tout son corps, rappelant ainsi avec sa guitare tenue sous l'aisselle et ses déhanchements agiles un certain Elvis dans ses jeunes années.
Comme pour confirmer les influences de son Merseyside natal, nous découvrons avec enchantement en milieu de set une reprise des « Fab Four » en compagnie du groupe de première partie Oracle Sisters, quintet belge à l'esprit bohème flower power dont les harmonies vocales délicieuses offrent un parfait écrin pour cette réinterprétation de Don't Let Me Down.


L'œuvre de The Last Shadow Puppets planant toujours sur Miles Kane à chaque prestation live, nous sont livrés Aviation et Standing Next To Me qui, malgré l'absence du compère Turner, ne perdent rien de leur efficacité. Le reste est donc une série de tubes que l'on pourrait presque qualifier de Best Of avec Rearrange, Don't Forget Who You Are, Give Up et l'explosif Come Closer, étiré sur sa longueur pour permettre au public de le reprendre en chœur, des premiers rangs jusqu'au gradins les plus éloignés situés tout en haut du pigeonnier. Se pointe néanmoins une touche de regret, le temps de set bien trop court : une heure et quinze minutes toutes rondes qui nous laissent un peu sur notre faim, connaissant la richesse du répertoire et son champ des possibles.

S'agissant de l'ambiance, le public parisien n'a pas failli à sa mission tant toutes les strates de la salle du boulevard des Capucines ont vibré avec Miles Kane, savant alchimiste qui sait parfaitement doser son amour de la soul et du rock vintage avec sa culture et son tempérament de jeune lad anglais des faubourgs du Liverpool d'aujourd'hui. Épaté par l'accueil, ce dernier remerciera chaleureusement les Parisiens et les chœurs de Don’t Forget Who You Are, en plus d'être assenés durant le morceau, suivront la sortie du public dans le hall jusqu'à la devanture extérieur aux lettres géantes qui ne font que parfaitement illustrer par leur rayonnement le personnage qu'est Miles Kane.

Un artiste qui porte tout un univers au travers son seul nom, érigé ce soir en lettres écarlates.
setlist
    Don't Let It Get You Down
    Rearrange
    Cry On My Guitar
    Coup De Grace
    Nothing's Ever Gonna Be Good Enough
    Loaded
    Caroline
    Aviation (The Last Shadow Puppets cover)
    Give Up
    Never Get Tired Of Dancing
    Inhaler
    See Ya When I See Ya
    Don't Let Me Down (The Beatles cover)
    Don't Forget Who You Are
    Standing Next To Me (The Last Shadow Puppets cover)
    Colour Of The Trap
    Change The Show
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    Come Closer
photos du concert
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