Will Taylor et Nic Hill sont d'incurables romantiques, espèce menacée s'il en est dans notre époque d'influence et de contenus expéditifs, qui croient encore au pouvoir d'une belle mélodie. Depuis près de dix ans, ils nous ravissent de mélodies aux accents intemporels, d'envolées indie rock exaltantes et de folk écorché. Deux ans après le sublime Flyte et son folk bidouillé, le groupe londonien est de retour avec une approche légèrement différente mais avec le même talent à toucher au cœur.
Les deux musiciens ont choisi de travailler cette fois-ci avec Ethan Johns, célèbre pour ses productions folk brutes et live (Ryan Adams, Kings Of Leon, Ray LaMontagne...). L'album est donc riche en guitares acoustiques, batteries très naturelles, lignes de basse ultra-mélodiques et bien sûr harmonies vocales qui font la signature du groupe.
L'album démarre très fort en alignant plusieurs pépites irrésistibles. Parmi celles-ci, Emily And Me est sans doute la plus brillante. Délicate et voluptueuse, la chanson s'étire comme un road trip hollywoodien vintage, les canyons de Los Angeles déroulant derrière les fenêtres et le falsetto de Will Taylor sur le refrain venant nous prendre par le col. I'm So Down et Hurt People sont également fantastiques dans un registre folk, la production faisant en sorte que l'on sen sente comme en studio avec le groupe, emmitouflé dans un son chaleureux et spacieux. Emballante, Alabaster enfin fait résonner les seules guitares saturées de l'album pour un duo avec la géniale Aimee Mann.
La suite est à l'avenant, même si un peu moins marquant, laissant parfois poindre des accents de R.E.M. période Out of Time qu'on ne leur connaissait pas. Toute en guitares acoustiques brillantes, Hello Sunshine évoque les belles heures du groupe de Michael Stipe, ce qui est peut-être encore plus flagrant sur l'upbeat If You Can't Be Happy. Ailleurs, on croise les fantômes d'Elliott Smith sur la ternaire Cold Side Of The Pillow et son harmonium cheap ou encore de George Harrison sur I Just Can't Believe That We're Friends. Everybody Says I Love You conclut l'affaire avec une superbe balade minimaliste qu'on croirait enregistré dans les mythique Sun Studio en 1956.
En délaissant une production moderne et légèrement expérimentale, Flyte gagnent en proximité mais perdent aussi un peu d'audace avec des arrangements plus convenus. Between Me And You pâtit aussi du choix d'aligner des chansons aux tempos plutôt lents, avec le risque d'une certaine monotonie sur la longueur. Reste des voix à l'émotion intense et un talent pour écrire de superbes chansons aux suites d'accords qui enchantent. Entre vous et moi, un très bon album, mais un cran en-dessous des précédents.