Super Furry Animals

Enregistrer un nouvel album studio juste après avoir sorti un Best Of, n'est-ce pas une sorte de nouveau départ pour vous ?

Gruff : On a enregistré l'album avant que le Best Of ne sorte, ce qui a été plus pénible qu'autre chose parce qu'on a ensuite dû attendre pour sortir Love Kraft. Mais cela dit, je trouve que le Best Of est un bon disque.

L'album a été enregistré en Espagne, à Rio de Janeiro, Cardiff... pourquoi avoir choisi ces destinations en particulier ? Ca ressemble beaucoup à de grandes vacances vu de l'extérieur !

Daffyd : C'est sûr ! Et puis c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de soleil au Pays de Galle...
Gruff : On a commencé à enregistrer au mois de février dans un coin un peu minable de Londres et le producteur Brésilien avec qui on travaillait n'arrivait pas à s'habituer au mauvais temps anglais et à l'environnement. Du coup, on a décidé de continuer l'enregistrement en Catalogne et il nous a ensuite invité à mixer l'album au Brésil.
Daffyd : Quand on te propose de partir au Brésil comme ça, ça ne se refuse pas ! Je crois vraiment que c'est le disque le plus exotique que nous ayons fait et le moins coûteux aussi comparé à un album enregistré uniquement en Grande Bretagne.

Pensez-vous que le fait d'avoir enregistré Love Kraft dans tant d'endroits différents le rend différent des vos autres albums ?

Gruff : La plupart des chansons ont été écrites avant que l'on ne parte en voyage donc je ne crois pas que ça ait eu une véritable influence sur l'album. Par contre, nos prochains disques seront sans doute marqués par notre voyage au Brésil parce qu'on a écouté et acheté beaucoup de disques de bossa nova, d'electro et de funk là-bas.

Et pourquoi donc l'avoir appelé Love Kraft ?

Gruff : Il y a différentes raisons à ce choix mais c'est surtout notre façon de concevoir la musique, comme un art, un métier. C'est également notre le disque le plus introspectif et on a fait très attention dans le choix des chansons afin qu'elles soient toutes dans cet esprit.
Daffyd : Le disque est très orienté vers le thème de l'amour mais l'amour sous toutes ses formes, l'amour de l'amour, l'amour de la haine... mais pas d'un point de vue romantique et pleurnichard !

D'une manière générale, c'est un disque beaucoup plus calme que vos précédents. Comment expliquez vous cela ?

Gruff : Je crois que c'est un mélange de plusieurs choses. Le fait de vieillir et puis d'avoir été au soleil pour l'enregistrement de l'album où il faisait beaucoup trop chaud pour jouer vite !
Daffyd : Et puis ça vient aussi du fait que ce sont ces chansons là qui marchaient bien entre nous. D'habitude quand on a une quarantaine de chansons, il y a toujours le problème du choix des morceaux à mettre sur l'album. La question ne s'est pas posée pour Love Kraft. On aurait pu faire un album plus rapide mais sur le coup, ce n'est pas ce qui nous est venu.

J'ai entendu dire que chaque membre du groupe a écrit au moins une chanson de l'album et que tout le monde a chanté sur au moins un titre...

Daffyd : On a effectivement tous chanté sur l'album mais jamais en tant que voix principale, c'était plus pour créer des harmonies en fait. On avait déjà plus ou moins travaillé de cette manière avant mais jamais à ce point.

J'ai cru comprendre que Lazer Beam est une chanson contestataire contre les chansons contestataires... vous pouvez m'en dire un peu plus ?

Gruff : C'est surtout une réaction qu'on a eue vis-à-vis de ces groupes qui passent leur temps à se plaindre de tout et qui en plus se font des millions grâce à ça. On ne peut pas juste écrire des chansons contestataires, il faut aussi avoir des réponses. On a commencé à réfléchir aux problèmes politiques actuels avec le terrorisme, les guerres... C'est complètement fou et du coup, on a écrit cette chanson en se plaçant du point de vue des extraterrestres. Ils arrivent sur la terre avec leur vaisseau spatial et tirent des « lazer beams » sur les hommes afin de les rendre en bonne santé et super intelligents. Du coup, il n'y a plus de guerres ni de famines et tout le monde est heureux. A la fin de la chanson, on rejoint les aliens dans leur vaisseau spatial à la recherche d'utopie. Mais bon, c'est seulement une fantaisie...

Pensez vous sortir une version DVD de Love Kraft comme vous l'aviez fait pour vos albums précédents ?

Gruff : Oui mais ça sera un DVD audio, il n'y aura pas de visuels.
Daffyd : Ca prend trop de temps de faire des visuels et l'idée originale était vraiment de se concentrer sur l'aspect audio. En plus, on n'avait pas assez d'images pour les utiliser. Mais on en aura sûrement plus pour le prochain album et plus de temps aussi.
Gruff : Nous sommes avant tout des musiciens et parce qu'on a sorti pour chaque disque un DVD, les gens ont commencé à s'intéresser plus aux visuels qu'à notre musique. Du coup, on a supprimé les images pour vraiment tout focaliser sur la musique.
Daffyd : Si vous voulez des images, il faut venir nous voir en concert !

Justement, vous êtes un groupe majeur au Royaume-Uni mais pourtant votre succès est très minime en France, vous avez une explication à cela ?

Gruff : On se concentre principalement sur la musique, on ne s'occupe pas vraiment de l'aspect marketing des choses...
Daffyd : Et puis de toute façon, on ne peut pas forcer les gens à nous écouter et à aimer ce qu'on fait. Mais je crois qu'on a pas mal fichu en l'air notre premier concert en France que l'on avait donné à Nantes pour une émission. On avait tellement bu qu'on était incapables de jouer correctement et la femme qui nous avait programmé pour le show s'est quasiment fait virer à cause de nous! Donc je pense que la France ne s'est pas encore remise de notre premier passage ! J'en profite d'ailleurs pour nous excuser au près de tous ceux qui étaient là ce jour là...

Avez-vous prévu de tourner en France dans les prochains mois ?

Daffyd : On l'espère ! On jouera là où on nous demande !