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Super Furry Animals

Interview publiée par Fab le 18 septembre 2007

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Contre toute attente mais pour le bonheur de tous, c'est un retour triomphal qu'on effectué les Super Furry Animals cet été avec Hey Venus!, huitième album studio sur lequel les gallois se montrent plus enjoués que jamais. Entretien avec Gruff Rhys et Guto Pryce...

On ne vous a plus vus en France depuis quelques années maintenant, comment l'expliquez-vous ?

Gruff : C'est étrange... mais on n'a donné que très peu de concerts en France depuis nos débuts et aucun festival ne nous a invités jusque là. On aime pourtant venir en Europe, on joue par exemple très souvent en Espagne ou même au Pays-Bas mais très rarement en France. On a malgré tout un concert prévu en décembre à la Maroquinerie, c'est bien de pouvoir revenir. Ce sera la troisième fois de suite qu'on jouera dans cette salle mais on ne va pas se plaindre.

Vous n'avez aucun regret par rapport à ce faible nombre d'apparitions ?

Gruff : Je ne sais pas s'il existe un lien, mais je crois que notre premier concert en France nous a desservi. Ce jour-là on devait prendre l'avion pour venir à Paris mais ça nous effrayait beaucoup et on a bu toute la journée pour oublier le stress. On a donc passé un très bon vol mais au moment de jouer nos chansons on n'arrivait plus à rien... je ne me souvenais même pas des paroles de certaines chansons. Il était prévu au départ qu'on joue pendant une heure en direct sur une radio nationale mais on a beaucoup raccourci notre set au final. Ce ne fut pas notre meilleur concert ! [rires]

Votre nouvel album, Hey Venus!, a été très bien accueilli par la presse et vos fans lors de sa sortie au Royaume-Uni le mois dernier. Qui est donc cette Venus que vous semblez interpeller à travers ce titre ?

Gruff : C'est la déesse de l'amour bien entendu ! C'est un personnage qui a inspiré des générations entières d'artistes, qu'ils soient peintres, écrivains ou même musiciens... comme Bananarama qui avait même enregistré une reprise du tire écrit par Shocking Blue. On en a discuté entre nous et on a voulu lui rendre hommage sur ce disque, d'autant plus que le personnage d'une de nos chansons se prénomme aussi Venus. Tout le disque lui est donc dédié d'une certaine manière.

Toutes les chansons ont donc été écrites dans cette optique ?

Gruff : Non, c'est même plutôt l'inverse qui s'est produit. On a écrit et enregistré les chansons sans cette contrainte mais on a choisi au final des titres dégageant des sentiments qui pouvaient se rapprocher de l'esprit de Venus. On traite beaucoup des transitions qui se produisent dans la vie comme lorsqu'une personne quitte une petite ville de campagne et ses connaissances pour aller vivre dans une métropole gigantesque. Cela induit des changements au niveau du comportement, des relations et des sentiments. En écoutant toutes ces chansons on a pensé que le disque racontait les histoires d'une seule et unique personne, un peu comme notre personnage de Venus. Le titre s'est donc imposé de manière logique, mais seulement après l'enregistrement, pas avant.

Vous avez décidé de vous installer en France pour enregistrer ce disque, pourquoi ce choix ?

Gruff : On avait besoin de partir loin du Pays de Galles, dans un autre pays, et après quelques recherches sur internet on a trouvé les coordonnées d'un studio dans le sud de la France. L'idée a plu à tout le monde alors on a chargé le van avec tout notre matériel et on a voyagé. Le pays nous convenait très bien car on voulait par la même occasion découvrir une nouvelle culture et tout ce qui va avec... je pense par exemple au fromage, aux sandwitchs et à la nourriture !
Guto : Et le vin bien entendu ! On est arrivés pour la saison des récoltes et des vendanges alors on a pu profiter de nombreux produits locaux. On a donc pu travailler dans une atmosphère détendue sans pour autant être en vacances. On savait que si on passait trop de temps en studio on trouverait des distractions à l'extérieur sans difficultés.

Après le Brésil et l'Espagne pour Love Kraft, vous semblez prendre un certain plaisir à vous expatrier aux quatre coins du monde pour chaque album. Pensez-vous que les différentes cultures que vous découvrez ont un impact sur votre musique ?

Gruff : Voyager nous offre de nouvelles perspectives ! On aurait pu tranquillement rester chez nous au Pays de Galles pour écrire ces nouvelles chansons mais on avait vraiment besoin de voir du pays. Quand on part en tournée on manque de temps pour visiter les villes dans lesquelles on joue, c'est très frustrant... alors pouvoir enregistrer de la musique loin de chez nous c'est une sorte de revenche. On explore tout autant géographiquement que musicalement car les conditions varient énormément d'un lieu ou d'un studio à un autre.

Personne n'attendait de vous un disque aussi simple d'accès et accrocheur après Love Kraft, cette évolution a-t-elle été naturelle ?

Gruff : Ce n'est pas un disque très aventureux mais en tant que groupe on préfère l'aspect performance à celui de l'écriture de nouvelles chansons. Un disque doit certes être écrit mais on veut avant tout parvenir à capturer l'alchimie au sein du groupe. Durant les tournées de Phantom Power et Love Kraft on a joué beaucoup de chansons très belles et bien orchestrées mais ça ne nous ressemblait plus vraiment. On voulait juste écrire des chansons rayonnantes et enjouées...

Vous avez choisi Dave Newfeld pour produire Hey Venus!, que vous a-t-il apporté ?

Guto : Son mode de fonctionnement nous a plu. Il est très old school dans son mode de pensée et il ne cherche pas la complication, ll prend la chanson telle qu'elle est écrite puis y ajoute sa touche personnelle. On cherchait aussi quelqu'un avec qui on n'avait jamais travaillé afin qu'il nous incite à suivre de nouvelles directions, à produire un son frais et direct.
Gruff : Je le vois comme le coach d'une équipe de football américain. A ses débuts il animait des soirées ou des mariages, et même maintenant il continue de crier et gesticuler dans tous les sens en studio. C'est une personne qui possède une grande culture pop, il sait exactement ce qui va faire danser les gens ou non et il n'a pas hésité à nous pousser dans cette direction et à nous faire jouer la même chanson des dizaines de fois pour atteindre le résultat voulu.

Vous êtes tous plus ou moins impliqués dans des side-projets en solo, comment parvenez-vous à concilier cela avec les Super Furry Animals ?

Gruff : Les choses sont très claires entre nous car les Super Furry Animals passent avant tout le reste. On écrit les albums tous ensemble puis on part en tournée pendant environ une année... s'il nous reste un peu de temps libre après, chacun décide de ce qu'il souhaite faire. D'un point de vue personnel, je vais profiter des deux ou trois semaines à venir pour partir en tournée aux Etats-Unis avant de me consacrer à plein temps au groupe. Ce sera sans doute la dernière fois qu'on me verra en solo avant quelques années, j'ai le sentiment d'avoir passé trop de temps à jouer en acoustique. Après tout ce temps passée ensemble, nos différents projets nous permettent de nous échapper un peu du quotidien et d'explorer nos passions respectives.

Justement, de quelle manière parvenez-vous toujours à vous relancer après tant de temps ?

Guto : C'est très simple, on n'arrête jamais de jouer de la musique ! On travaille sans cesse sur de nouvelles idées... je ne crois pas que le groupe ait fait le moindre de break depuis 1995. On aime aussi beaucoup jouer sur l'aspect visuel de nos concerts, avec de nouvelles vidéos ou même des costumes un peu originaux.C'est une autre manière pour les Super Furry Animals de ne pas se prendre au sérieux et de toujours rechercher la nouveauté. On va où les gens ne s'attendent pas à nous voir et ça nous a plutôt bien réussi jusqu'à maintenant.

Cet aspect visuel du groupe est aussi très marqué à travers vos artworks... dont le créateur a changé avec Hey Venus!. Pourquoi cette décision ?

Guto : C'est comme pour la musique, il faut parfois changer de direction pour se renouveller. On aime toujours autant ce que fait Pete Fowler et on travaillera peut-être à nouveau avec lui dans le futur. Les visuels de notre nouvel album ont été créés par un artiste japonais qui avait pris l'initiative il y a quelques mois de nous faire parvenir quelques uns de ces travaux. Il se définissait comme psychédélique mais on ne savait pas à quoi s'attendre... et le résultat nous a beaucoup plu. C'était un challenge supplémentaire pour nous.

Votre prochain challenge serait l'enregistrement d'un album orchestral. Vous pouvez m'en dire plus sur ce projet ?

Guto : On travaille même sur deux disques à l'heure actuelle ! Un disque traditionnel mais aussi un autre totalement instrumental et orchestral. Pour être franc on ne sait pas encore vraiment où on va avec cette idée mais on collabore avec des personnes venues du monde de la musique classique pour apprendre les bases du métier. On ne peut pas raisonner comme pour un album de rock et aller en studio, expérimenter et enregistrer... ça ne fonctionnerait pas. Dès qu'on a quelques jours de libre on loue un studio et on apprend de nouvelles techniques liées à la musique classique, c'est très enrichissant.

Et le second disque ?

Guto : C'est un album typique des Super Furry Animals. Certaines des chansons sont des chutes des sessions studio de Hey Venus! et d'autres ont été écrites ces dernières semaines. On ne sait pas encore à quoi cet album ressemblera dans sa version finale, peut-être à la bande son d'un film ou autre chose.

L'idée d'enregistrer la Bande Originale d'un cartoon ou d'un dessin animé ne vous a jamais intéressée ?

Guto : Bien sûr que si, ce serait fantastique même ! Avec un cartoon tu as une totale liberté au niveau de la créativité. Il n'y a pas de contrainte car les images peuvent se calquer sur la musique et inversement. On a plus ou moins touché à ce domaine avec nos DVD mais ce n'est pas exactement la même chose globalement.

Quels sont donc vos attentes pour les mois à venir avec tant de projets en préparation ?

Gruff : On n'a pas d'attentes particulières ! On veut prendre le temps de travailler sur nos deux prochains disques, pouvoir se concentrer sur ce travail et rien d'autre. On n'oublie pas non plus qu'on va partir en tournée très bientôt, notamment dans certains pays d'Europe qu'on n'a pas visité depuis longtemps. La durée de vie d'un album est courte, il faut aussi qu'on sache en profiter avant de passer au suivant.