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The Jim Jones Revue

Interview publiée par Chloé Thomas le 28 juillet 2009

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A l'occasion de leur venue très attendue au Festival de Dour, rencontre avec Jim Jones et ses musiciens après leur concert. Première bonne nouvelle : à les écouter, le rock'n'roll n'est pas mort.


Êtes-vous content de votre concert? Du festival en général?

C'était super. C'est seulement la deuxième fois que nous jouons en Belgique, nous avons joué à Antwerp il y a quelques jours, pour un autre festival. Nous avons eu le sentiment d'être plutôt bien reçus, malgré le fait que les gens ici ne nous connaissent pas du tout.

Vous avez l'impression de ne pas être connus en-dehors de l'Angleterre?

En France, on l'est de plus en plus. Nous avons participé à une émission musicale sur Canal+. Mais le fait de jouer à Dour, de jouer là où l'on ne nous connaît pas, c'est génial, parce que ça nous fait sortir d'une logique industrielle. Nous ne sommes pas ici pour gagner de l'argent. Avant tout, nous aimons jouer ensemble. Tous les membres du groupe sont essentiels : par exemple notre pianiste, Elliot Mortimer, qui a du partir au Kentucky à un moment ce qui nous a obligés à travailler avec un autre pianiste; il était très bon, mais ce n'était pas pareil... Par ailleurs, le fait que nous ne soyons pas connus en Belgique n'était pas tellement un handicap du fait que notre musique est très directe, parle à tout le monde. Il n'y a pas besoin d'avoir des références ésotériques pour comprendre ce que l'on fait, de connaître Little Richard ou Jerry Lee Lewis. En plus, ce n'est pas une musique uniquement masculine, les femmes aiment bien aussi. C'est un son assez agressif, et en même temps, ça balance, de telle sorte que tout le monde y trouve son compte.

Pourquoi avez-vous auto-produit votre album ?

Parce que nous n'avions pas d'argent! En plus, nous avions une idée précise en tête, et nous savions que les studios n'apprécieraient pas forcément : d'habitude ils aiment bien les choses assez lisses. L'auto-production, c'est la liberté. Mais évidemment, si nous avions aujourd'hui l'opportunité d'être signés sur un label, nous y réfléchirions. Cela dit, avoir des contraintes oblige à être plus créatif, et notre contrainte était le manque d'argent. Notre autre handicap par rapport aux studios, c'est que nous avons composé sans nous poser de limites, et que du coup ce disque ne ressemble pas à un disque garage au sens classique du terme; il ne rentre dans aucune catégorie définie. Et puis d'un coup, surprise : la BBC passe notre musique ! C'est un ami qui nous a appelés pour nous prévenir, c'était totalement inattendu. C'est un album très sauvage, alors que la BBC est plutôt conservatrice habituellement, alors vraiment, on ne s'y attendait pas. On fait de la musique de cols bleus. Puis on a été chroniqués par Mojo, une autre surprise fantastique.

Vous êtes complètement tournés vers le passé. Vous n'aimez pas le rock contemporain ?

Si, bien sûr. Nous avons des amis dans des groupes de rock. Mais en discutant entre nous, nous avons pris conscience que ce que nous avions vraiment envie de voir, c'était Little Richard en live. Ce n'est plus possible, mais ç'a été une source d'inspiration. Cela dit, nous ne faisons pas un simple fac-similé de la musique des années cinquante. D'ailleurs, on aime aussi MC5, AC/DC... même Sonic Youth. Mais Little Richard et tous ces mecs-là étaient vraiment viscéraux sur scène. Imaginez Little Richard en concert, maquillé : il a vraiment lancé un défi à l'Amérique raciste du milieu des années cinquante. Mais quoiqu'il en soit, nous ne sommes pas des antiquaires du rock. Nous aimons ce genre de musique, c'est vrai, mais nos textes parlent de ce que c'est de vivre à Londres aujourd'hui. Notre sentiment, c'est plus que nous continuons à porter le flambeau de cette énergie-là, pas que nous fonctionnons sur la nostalgie et le rétro. C'est pour ça aussi que c'est super de jouer à Dour, qui n'est pas un festival de rock'n'roll. Cela dit, il y a d'autres artistes rock'n'roll dans le festival comme Kap Bambino, Bob Log... Ils sont géniaux.

Si vous deviez citer quelques chansons qui vous ont vraiment influencé ?

Hey Hey Hey de Little Richard, High School Confidential de Jerry Lee Lewis, un titre de MC5 dont je ne me rappelle plus le nom... et tellement de chansons d'Elvis Presley.

Vous semblez déclarer la guerre à tout ce qui est numérique...

Pas vraiment, on fait plutôt de la déconstruction positive. N'importe quelle technologie est bonne si on l'utilise correctement. Mais c'est vrai que nous aimons le son acoustique, c'est plus authentique, plus profond. Parfois quand je vais à un concert, tout ce que je vois c'est un gamin avec sa guitare qui regarde ses pieds. Il n'y a pas d'action.

Qu'est-ce que vous pensez de quelqu'un comme Jack White, qui est, comme vous, fasciné par le blues et le rock'n'roll?

Il est stupéfiant. Et il a aussi une voix fantastique, je pense que c'est à cela qu'il doit son succès commercial : c'est une voix avec un petit ingrédient pop, qui marche. Il a des références intéressantes, c'est un très bon guitariste. Quand il joue, il se donne complètement, c'est réel, on le voit transpirer... Comme nous !