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The Longcut

Interview publiée par Fab le 29 septembre 2009

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Rapidement mis au placard après la sortie de leur premier album en 2006, The Longcut nous reviennent avec Open Heart, testament d'une évolution réussie et d'une réelle maturité dans le son. Le groupe revient pour nous sur son parcours récent...

Votre second album est sur le point de sortir mais le groupe existe depuis bien des années déjà. Quel a été votre parcours ?

Lee : Nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs lors de nos études à l’université de Manchester en 2001. Nous étions impliqués dans le journal des étudiants et nous tentions de nous faire connaître en distribuant des démos autour de nous. Le quatrième membre du groupe, Marc, qui était aussi notre chanteur, a choisi de partir et c’est ainsi que nous sommes devenus un trio. Peu après ce changement nous avons donné un premier concert lors d’un tremplin pour jeunes groupes qui rassemblait principalement des formations de punk. Nous y avons joué trois chansons… après qu’un tom de la batterie se soit cassé dès la première et que j’ai presque brisé les dents de Stu en percutant son micro avec ma guitare. C’était assez incroyable pour des débuts, et nous avons perdu.

Il vous aura fallu trois années pour sortir un nouveau disque après votre premier album, et beaucoup de choses vous sont arrivées durant ce laps de temps. Avez-vous craint pour votre avenir à un moment donné ?

Lee : Jamais ! Bien entendu, il y a quand même eu une forme d’inquiétude par rapport à la suite de notre carrière car nous n’avions plus de maison de disques ni de distributeur… La question était de savoir comment ce nouvel album sortirait à court terme et aussi comment trouver le financement pour pouvoir l’enregistrer. Durant quelques temps nous n’avions même plus de salle de répétition ! Malgré cela le groupe n’a jamais été remis en cause car nous sommes réunis par notre passion de la musique, comme depuis nos débuts.

Vous avez rejoint Melodic Records après avoir quitté Deltasonic peu après la sortie de votre premier album. Que s’est-il passé ?

Jon : Nous avons effectivement travaillé avec Deltasonic pendant un moment, mais puisque le label est la propriété de Sony, c’est à eux qu’est revenue la décision de se séparer de nous. Nous avons beaucoup appris au contact de Deltasonic qui est piloté par des personnes passionnées, et il nous ont beaucoup aide lors de la sortie de nos premiers EPs. Sans eux nous n’aurions pu apprendre à connaître l’industrie de la musique aussi bien, mais c’est vraiment Sony qui a pris les choses en main avec nous dès lors que nous avons commence à travailler sur notre premier album…

Vous demeurez encore aujourd’hui très liés à votre ville de Manchester, c’est un sentiment fort ?

Lee : Quand tu appartiens à un groupe de Manchester, il est impossible de ne pas ressentir une connexion avec la ville. L’héritage musical y est très fort, peu importe où tu poses tes yeux, tu ne vois que des lieux liés à la musique. C’est évidemment une bonne chose pour un groupe comme le notre, surtout au départ lorsqu’il faut réussir à se faire connaître pour sortir de la masse. Les opportunités de jouer en première partie d’autres formations sont nombreuses et il existe un esprit d’entraide vraiment fort. Je réalise que nous suivons depuis nos débuts une trajectoire très similaire à celle de Nine Black Alps, nous avons franchi les étapes ensemble et nous sommes très liés avec eux : nous avons partagé des appartements, des tournées, des studios… Je pourrais aussi citer comme un exemple un autre groupe local, Day For Airstrikes, qui n’a pas vraiment percé en dehors de la ville, mais qui nous ressemble musicalement et humainement. Pour résumer, Manchester compte une communauté artistique vraiment à part.

L’expression de « scène » revient souvent à propos de Manchester, existe-elle vraiment ?

Stu : Je ne t’apprends pas que la ville a toujours produit des grands groupes… certains se sont fait connaître à l’échelle mondiale et d’autres sont restés plutôt méconnus. Mais à côté de cela, je n’ai jamais eu l’impression qu’il existait une scène vraiment cohérente au sein de la ville, même si comme nous l’avons dit précédemment, certains groupes sont devenus des amis après des rencontres lors de concerts. S’il existe une connexion forte, c’est avec ces personnes.
Je pense qu’il est facile de déterminer si quelqu’un a une approche sincère vis à vis de la musique, peu importe ce qu’il joue et comment. C’est vers ces mêmes groupes que nous cherchons à nous tourner. S’il y a bien une chose que j’aime particulièrement à Manchester, c’est comment tous ces groupes se rapprochent et cherchent à partager des choses en se croissant lors de concerts. Nous faisons de même en proposant à d’autres formations de venir jouer avec nous quand nous aimons ce qu’elles font.

Le line-up du groupe est quelque peu atypique avec un chanteur occupant aussi le poste de batteur. Cette organisation a toujours été une évidence pour vous trois ?

Stu : Nous n’avons jamais douté du bienfondé de cette formule depuis que nous donnons des concerts tous les trois. Avant cela il y avait eu des périodes de doute et nous avons envisagé de changer notre manière de jouer mais nous avons persévéré et la réaction du public nous a encouragés à rester les mêmes. Je ne crois pas que l’absence d’un frontman permanant nuise au groupe tant que la musique plait. Cette formule fonctionne pour nous et elle rend notre dynamique artistique bien plus intéressante sur bien des points. Si nous avions décidé de recruter un musicien supplémentaire cela aurait brisé notre équilibre, mais nous pensons parfois à inviter d’autres personnes en studio par exemple. Cela se fera si nous en sentons la nécessité un jour.

Votre musique, aussi bien sur votre premier album que sur le second, a toujours présenté une certaine complexité, quelle est votre perception de celle-ci ?

Stu : Je l’imagine à mi-chemin entre un vortex de beats électroniques, de larsens, de riffs de basse, de désordre, de cymbales broyées et un mélange d’ambiances posées, de chuchotements, de lits de guitares et de tendres mélodies… tout cela parfois dans une même chanson. Pas mal non ?

Votre second album porte le nom d’Open Hearts, que représente-il pour vous ?

Stu : Ce nom est aussi celui d’une de nos nouvelles chansons. Si je devais l’expliquer, ce serait pour moi une représentation de l’honnêteté et de la pureté que dégagent les textes des chansons de l’album, principalement en comparaison avec celles de notre premier opus qui étaient plus « obliques » et complexes. Désormais je cherche à proposer des paroles auxquelles notre public peut s’identifier plutôt que de vouloir être trop arty ou de cacher un second sens derrière des métaphores. Pour l’aspect purement instrumental, c’est une dimension plus sonique que nous avons choisie, plus profonde aussi, ce à quoi le titre « Open Hearts » se réfère de la même manière.

Votre album est proposé en pré-commande depuis près de trois mois, et tout acheteur s’est vu offert un téléchargement immédiat du disque. Pourquoi cette démarche ?

Jon : Avec Internet tous les albums sont leakés dès lors que les premiers exemplaires promotionnels sont envoyés à la presse, alors nous avons voulu mettre en place une alternative à cela... même si le problème n’a été contourné que quelques jours comme nous nous y attendions. Au-delà de ces considérations, l’idée de mettre le disque à disposition du public dès la fin de son enregistrement était vraiment séduisante.

Comment avez-vous vécu le fait qu’il soit leaké aussi rapidement ?

Jon : C’était dans la nature des choses… mais au moins les personnes désireuses d’écouter l’album en avance avaient une alternative légale en l’obtenant auprès de nous. Je préfère cela à cette situation étrange sur Internet qui amène de plus en plus de gens à se ruer sur les sites de torrents pour se procurer les albums des semaines en avance. Je suis convaincu qu’une partie des gens ont acheté le disque pour nous soutenir, même si je garde dans un coin de ma tête que certaines personnes ont cessé de payer pour la musique mais se rendent plus souvent aux concerts. Même si cela ne nous rapporte que peu d’argent, voir des salles remplies face à nous est une forme de récompense.

Vous avez enregistré Open Hearts dans votre salle de répétitions, pourquoi cela ?

Jon : Il y a beaucoup d’avantages, comme le fait de ne pas avoir à se préoccuper de temps passé ou de se mettre trop de pression à cause de certaines contraintes. Nous pouvions ainsi travailler chacun de notre côté chez nous puis mettre les choses à plat une fois réunis dans la sale. La seule exception sur notre nouvel album est Repeated qui a été enregistrée dans une ferme de l’Oxfordshire avec James Rutledge. Nous dormions dans des tentes dans un champ sous un froid glacial, mais le fait d’avoir travaillé dans une grande nous a aussi permis d’obtenir des effets de résonance superbes !

L’évolution la plus marquante dans votre musique est indéniablement au niveau son, avec une ambiance plus dense et brute…

Lee : On peut le voir ainsi. Cette évolution a été voulue dès le départ pour rapprocher nos enregistrements en studio de nos performances sur scène. Même si j’apprécie toujours autant notre premier album, le son n’était pas fidèle à ce que le public peut entendre lors de nos concerts, il était trop « manipulé ». Maintenant notre objectif est de capturer la force de notre musique en conservant une vraie approche live, il n’est pas question de ralentir ou accélérer le rythme si le résultat nous plait. Le fait d’avoir enregistré la plupart des chansons dans une pièce sombre située dans un quartier un peu glauque de la ville a certainement aussi joué un rôle dans l’orientation des chansons.

Vous êtes plus réputés pour la qualité de vos concerts que vos disques, était-ce un facteur lors de l’enregistrement d’Open Hearts ?

Stu : C’est une bonne chose d’avoir acquis une réputation en tant que groupe live, et je pense effectivement que notre premier album ne faisait pas honneur à cet aspect du groupe. En studio le processus est différent, il est plus difficile d’insuffler de l’énergie aux chansons et de se laisser aller autant que face à un public. C’est pourquoi nous avons d’emblée décidé de jouer « live » dans le studio et de ne pas nous fixer de limites, ce qui nous a permis d’être nous-mêmes et de reproduire plus fidèlement notre attitude scénique. Cela ne nous a bien sûr pas empêchés de travailler tout autant l’écriture des chanson et le choix des samples, je pense même qu’un plus large panel de nuances est abordé. Peut-être que le public de nos concerts passera désormais plus de temps à écouter nos disques par la suite !

Vous avez choisi travailler avec David Jones de Nine Black Alps sur ce disque, c’est une décision surprenante à la vue des univers très différents des deux groupes…

Jon : Nos deux groupes sont bien sûr très différents mais nous avons beaucoup de gouts en commun et David s’intéresse de près à l’univers de la musique électronique. C’est aussi un ami approche qui nous a vus jouer à de très nombreuses reprises, et ce depuis nos débuts il y a des années… il n’y avait donc personne de plus apte à nous comprendre musicalement.

Vous n’avez pas encore eu l’opportunité de partir en tournée en Europe, est-ce un de vos objectifs à court terme ?

Jon : C’est une de nos principales motivations ! Peu importe quand nous en aurons la chance ! Les concerts ont été fantastiques les rares fois où nous avons joué en dehors du Royaume-Uni et il n’est pas impossible que nous tentions notre chance à nouveau en début d’année 2010.