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We Have Band

Interview publiée par Fab le 25 mars 2010

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Remarqués à l'occasion de nombreux concerts et singles publiés ces deux dernières années, We Have Band s'apprêtent à franchir un cap avec leur premier album, WHB, attendu le mois prochain chez Naïve. A mi-chemin entre post-punk et musique électronique, le son des trois anglais ne laissera personne indifférent...

Le public apprend à vous connaître petit à petit au fil des mois, mais qui est réellement We Have Band ?

Le groupe est constitué de Thomas W-P, Dede W-P et Darren Bancroft. Deux d'entre nous, Thomas et Dede, sont mariés, mais c'est dans le cadre de notre travail que notre première rencontre s'était produire. Thomas et Dede ont un jour eu l'idée de jouer de la musique ensemble et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés par la suite tous les trois à expérimenter ensemble. C'était un projet très personnel au départ mais nous avons rapidement voulu donner un concert... cette première tentative a été suivie par d'autres propositions et le groupe a grandi jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui.

Votre nom, We Have Band, sonne d'une certaine manière comme une déclaration. Qu'en est-il réellement ?

C'est bien une sorte de déclaration, un croisement entre une affirmation enfantine et un langage tribal. Il est possible d'imaginer un enfant prononcer ces mots après avoir subitement décidé de jouer de la musique avec ses amis... tout comme une tribu pourrait répéter ces mots sans cesse lors d'une cérémonie. Dede a été la première à suggérer ce nom, et puisque l'ensemble du groupe semblait trouver l'idée parfaite il n'y avait donc pas de raison de chercher plus loin !

Vous puisez votre inspiration dans des styles aussi variés que la new wave, le post-punk et la musique électronique, quelle vision avez-vous de votre musique au final ?

Il est toujours très difficile de décrire notre musique à cause de nos sources d'inspiration très variées, à la fois lorsque nous enregistrons en studio ou lorsque nous donnons des concerts. Dans ces deux domaines nous sommes amenés à utiliser des samples et des éléments électroniques, mais la plupart de nos instrumentations sont jouées de manière réelle. Il est donc difficile de situer les limites de notre musique...

Par quels groupes avez-vous été marqués durant votre jeunesse ou plus récemment ?

La diversité de nos goûts et des influences qui en résultent expliquent certainement pourquoi nos chansons sont si variées. Le premier album à nous avoir vraiment impressionné est sans doute A South Bronx Story de ESG, mais nous avons aussi beaucoup écouté des artistes comme LCD Soundsystem, MIA ou The Rapture durant l'écriture de notre premier album. Je pense aussi à l'album Off The Wall de Michael Jackson, ainsi qu'à Radiohead, Bjork, Doves ou Elbow même si leur influence est certainement moins palpable. A nos débuts, quand l'idée d'enregistrer un disque n'était pas encore présente dans nos esprits, tous ces artistes étaient de vraies références pour nous. Avec le temps, lorsque nous avons cherché à développer notre force créatrice, nous avons compris qu'il était préférable de ne pas trop réfléchir à comment exploiter ces idées pour notre musique.

Vos premiers singles sont sortis sur différents labels jusqu'à maintenant, pourquoi avoir au final choisi de travailler avec Naïve ?

Nous n'avons en réalité publié que deux vrais singles. Tout d'abord Oh! chez 50 Bones puis You Came Out chez Kill Em All, à chaque fois sous la forme de vinyles en édition limitée. Par la suite Hear It In The Cans et Time After Time sont apparues sur des compilations de Kitsuné, mais sans être de réels singles. Naïve nous montrent un réel intérêt depuis très longtemps mais nous avons toujours voulu achever notre album avant de rejoindre une maison de disques. Ce n'est donc qu'au mois d'octobre l'an dernier que nous avons entamé de vraies discussions et que l'éventualité de travailler ensemble est devenue de plus en plus concrète. Le fait que ce soit une structure indépendante est très important pour nous.

Il est rare de voir un groupe britannique signer chez une maison de disque d'un pays étranger. Était-ce un motif d'inquiétude pour vous ?

Nous y avons réfléchi mais je ne crois pas que ce soit un handicap. Durant l'année 2009 nous avons donné 137 concerts, nous sommes allés en Europe, aux Etats-Unis, en Russie, à Dubaï et même en Australie... je pense que cela prouve notre ouverture vers les autres pays ! Notre maison de disques est consciente de nos origines, nous vivons encore tous les trois à Londres et notre réussite au Royaume-Uni va revêtir une certaine importance. Nos deux derniers concerts à Londres étaient complets et notre tournée à venir semble suivre le même chemin, nous allons continuer à garder les yeux ouverts dans toutes les directions !

D'autant plus que le public français vous a toujours bien accueilli jusqu'à maintenant...

Nous avons de très bons souvenirs de nos concerts ici. Tout a vraiment commencé avec notre concert aux Transmusicales de Rennes au mois de décembre 2008, beaucoup de concerts en France en ont découlé. La même chose s'est produite au Royaume-Uni après notre prestation au festival de Glastonbury et aux Etats-Unis lors de nos passages aux festival SXSW et CMJ. Nous avons la chance de recevoir une certaine attention dans différents pays, et ce point est évidemment un bel atout pour notre maison de disques. Pour en revenir au sujet, la France est un pays que nous apprécions, notamment pour les tournées, et je pense que notre relation avec Kitsuné nous a donnés un vrai coup de pouce pour démarrer.

De nombreux groupes signent un contrat avec une maison de disques avant même la sortie de leur premier single. N'avez-vous jamais craint de rester un groupe auto-produit ?

Nous avons toujours été très calmes par rapport à cela, d'autant plus que nos tournées se déroulaient généralement très bien. Le fait de voyager constamment pour donner des concerts nous permettait de nous occuper l'esprit. Nous avons réfléchi au bénéfice que nous pourrions tirer de la signature du contrat avec une maison de disques mais il n'y en avait pas réellement. Au contraire, nous aurions sans doute été contraints de délaisser certains pays où le marché du disque est moins développé pour nous consacrer aux autres.
Le plus important pour nous était de savoir si le public souhaitait entendre notre musique, nous ne voulions pas qu'une maison de disques le décide car c'est impossible. Avec du recul je pense que cette longue période d'existence gérée à notre manière nous a été bénéfique, nous avons beaucoup appris sur ce qui est réel ou non. Je n'aurais pas aimé faire partie d'un groupe pour lequel un quelconque label aurait pris toutes les décisions en prétendant savoir ce qui est bon pour nous et en décrétant si oui ou non les chansons sont bonnes et vont se vendre. La seule manière de connaître la réalité des choses est de monter sur scène face au public et d'observer sa réaction. Rien ne me semble plus vrai que ça.

Certaines choses ont-elles changé pour le groupe depuis votre signature chez Naïve ?

Nous avons l'impression que notre famille s'est élargie ! Nous avons rapidement tissé des liens très forts avec les personnes travaillant pour cette maison de disques, d'autant plus que la sortie de l'album approche à grands pas et que nous sommes amenés à les côtoyer très souvent. Pour faire simple, nous nous sentons soutenus même si nous sommes durs en affaires et que nous souhaitons toujours savoir ce qu'il se passe autour de nous.

Gareth Jones a produit votre album, comment vous a-t-il aidés ?

Nous avons rencontré plusieurs personnes avant de le choisir mais c'était au final lui le plus qualifié pour répondre à nos attentes. Le temps nous était compté et notre budget était très limité, alors nous avons cherché à rendre la production la plus simple possible afin de ne pas dénaturer les chansons... Gareth a immédiatement compris notre point de vue. Il a donc joué le rôle de co-producteur en plus de mixer le disque, tout en sachant qu'il appréciait déjà le travail effectué durant l'enregistrement. Il a donc tenté de faire grandir les chansons et de leur donner une plus grande ampleur comme nous le souhaitions.

Son expérience avec Depeche Mode, Wire ou Einstürzende Neubauten a-t-elle été un critère pour votre choix ?

C'est un argument auquel nous avons été sensible mais nous avons été plus impressionnés par sa carte de visite d'une manière générale que par son travail avec un artiste précis. Au sein du groupe, nous avons tous les trois des goûts et des envies très variés, il nous fallait donc une personne capable de concilier tous ces éléments. Je pense que son travail sur l'album Veckatimist de Grizzly Bear, qu'il venait d'achever de mixer avant de nous rejoindre et que nous avons beaucoup écouté ces derniers mois, a été une source d'inspiration pour nous.

De quelle manière son travail s'est-il reflété dans votre musique ?

Nous l'avons invité à venir nous voir jouer à Londres, et suite à cela il a donc cherché à retranscrire l'atmosphère live de nos concerts sur l'album. De nombreuses parties de batteries ont ainsi été enregistrées dans des conditions live, tout comme le chant a été saisi en une seule prise pour la majorité des chansons.

Pourquoi avoir choisi de retravailler certaines de vos anciennes chansons ?

Aucune d'entre elles n'a été intégralement réenregistrée, ce sont en réalité nos nouvelles chansons qui nous ont demandé le plus d'investissement ! En réécoutant les morceaux les plus anciens nous avons réalisé à quel point nous aimons encore aujourd'hui ce qu'ils dégagent, à l'image du chant de Dede sur You Came Out par exemple. Sa voix est très différente en live mais l'enregistrement initial nous semble parfait encore aujourd'hui. Il n'y avait donc aucune raison de changer cela. Ce raisonnement s'est produit à de nombreuses reprises et je pense que nous nous sommes plus inspiré de nos vieilles démos que des nouvelles pour l'album.

Quoiqu'il en soit, votre musique semble toujours destinée à faire danser celui qui l'écoute...

Nous aimons faire danser les gens, c'est une certitude. Le « groove » est un élément très important pour nous alors nous avons cherché à ne pas perdre de vue cette idée sur chaque chanson.

Votre musique semble ainsi s'exprimer au mieux sur scène face à un public. Faut-il s'attendre à vous retrouver souvent en tournée ?

Exactement. Il me semble difficile d'imaginer une année plus chargée que celle que nous venons de passer mais il parait que ce sera quand même le cas ! Ce n'est pas une mauvaise chose, nous aimons ce que nous faisons et nous vivons une expérience unique tous les trois. A chacun de nos retours dans une ville déjà connue, nous réalisons que le public est plus nombreux et que les concerts gagnent en intensité. Ce n'est pas une règle dans toutes les villes, nos cinq concerts donnés à Paris jusqu'à maintenant ont toujours été un peu fous !

Avez-vous des attentes particulières pour les mois à venir ?

Nous nous attendons à donner de nombreux concerts, à faire des rencontres mais aussi à nous préparer pour notre second album. Le même schéma va sans doute se reproduire, et nous avons l'intention que ce soit encore le cas à de nombreuses reprises !