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Klaxons

Interview publiée par Julien Soullière le 17 juin 2010

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Trois longues années se sont écoulées depuis la sortie de leur premier effort, Myths Of The Near Future. Bien décidés à donner tort à ceux qui les croyait morts et enterrés, James Righton, Jamie Reynolds et Simon Taylor-Davis font renaître le phénix Klaxons de ses cendres. Entretien à quelques semaines de la sortie du très attendu Surfing The Void...

Le concert que vous donnez demain au Nouveau Casino a rapidement affiché complet : ça vous fait quoi de savoir que le public français ne vous a pas oublié ?

Jamie Reynolds : C’est vraiment gratifiant, merci beaucoup !
James Righton : On garde de très bons souvenirs des concerts qu’on a donnés en France à l’époque du premier album. C’est toujours bien de pouvoir jouer ici.

Un peu d’appréhension à l’heure de jouer vos nouvelles compositions en live ?

James Righton : Non, pas vraiment. En fait, on a déjà joué sept des dix nouveaux morceaux et le public a plutôt bien réagi.

Plus de trois ans se sont écoulés entre les sorties de Myths Of The Near Future et Surfing The Void; trois ans de rumeurs, de déclarations, d’infirmations... au final, n’auriez-vous pas souffert du « syndrome du second album » ?

Jamie Reynolds: Oui... mais je pense que le temps qui sépare les sorties de nos deux albums n’est pas si long que ça. J'entends par là que ce rythme me parait plutôt habituel. Tout ce qui nous est arrivé durant cette période s’est révélé finalement très positif. On a beaucoup appris. On a vécu une immense expérience. Oui, il y a eu des moments difficiles, mais il y en a toujours. Il y en a eu de très bons également. Au final, tout est devenu très simple dès lors que l’on savait ce qu’on voulait faire.
James Righton : Je pense qu’il y aurait probablement de quoi écrire un livre (rires) !

Qu'en est-il de cet album que vous aviez enregistré, puis mis de côté sous prétexte qu’il ne vous ressemblait pas assez ?

James Righton : On ne peut pas vraiment parler d’album, juste d’un certain nombre de morceaux qui auraient pu constituer un album. Et effectivement, ils étaient très éloignés de tout ce qu’on avait pu faire jusqu’à là et de ce qu’est Surfing The Void.

Le chemin parcouru semble vous avoir apporté beaucoup : Jamie, tu as notamment déclaré que si Klaxons n’était à ses débuts qu’un « projet artistique qui a dérapé », vous étiez enfin devenus un groupe. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Jamie Reynolds : En réalité, notre premier album était un ensemble de nombreuses choses, qu’on essayait de faire coller les unes avec les autres. Un groupe s’est formé, de fait, autour d’une idée. Mais au fil du temps, on a évolué et on est devenu ces quatre gars qui jouent ensemble depuis cinq ans. A partir de ce moment là, on est vraiment devenu un groupe. Cette nouvelle perception des choses nous a notamment amenés à repenser ce que nous faisions et ce que nous voulions faire.

Après James Ford, c’est finalement Ross Robinson, plutôt orienté vers le rock heavy (Slipknot, Korn, Sepultura...), qui produit votre second album. Pourquoi ce choix et comment a-t-il impacté le rendu final ?

Simon Taylor-Davis : Je pense qu’on l’a choisi parce qu’il nous ressemble. Jamais il n’a donné l’impression de prendre des décisions pour nous, sur notre travail. On l’a rencontré à un moment lorsqu'on cherchait un producteur et on a parlé avec lui de sa vision de la musique, de l’acte de création musicale : au final, tout ce qu’il disait avait un sens pour nous. Et puis, il faut dire qu’on était très admiratifs du travail qu’il a effectué par le passé, par exemple sur l’album Relationship Of Command de At The Drive-In.

Ross Robinson a déclaré que, selon lui, Surfing The Void était probablement le disque britannique le plus violent réalisé à ce jour. Vous êtes d’accord avec ça ?

En chœur, les poings levés : Yeah (rires) !
James Righton : Disons qu’il dégage une violence similaire à celle que l’on peut ressentir dans l’album de At The Drive-In dont nous parlions...
Jamie Reynolds : Ross nous a simplement amenés à donner le meilleur de nous-mêmes. Je ne pourrais pas expliquer de quelle façon, mais cette violence est apparue de manière très naturelle dans nos compositions.
James Righton : Il n’a jamais été question de faire quelque chose de violent, du moins pas de manière consciente. C’est comme ça, c’est tout. En studio, on travaillait avec passion et conviction, sans se focaliser sur ce qu’on faisait à proprement parler. On ne pense plus dans un instant pareil, on crée.

Quelle était votre ambition en sortant ce deuxième album ?

Jamie Reynolds : Je ne sais pas, on était dans le même état d’esprit que pour le premier album. On fait de la musique dans l’espoir que les gens l’apprécient et je crois que c’est comme ça que nous continuons à faire les choses. Avec cet album, on a cherché à créer l’atmosphère idéale pour permettre aux gens de passer un bon moment.

Un deuxième album est souvent synonyme de maturité. Pensez-vous que cela veuille réellement dire quelques chose ? Notamment par rapport à Surfing The Void ?

Jamie Reynolds : Je pense que notre premier album était incroyablement naïf. On ne savait pas trop où on allait, ce qu’on faisait. On n'avait même jamais écrit une seule chanson ensemble... C’était fou, stupide. Et puis, on a pris conscience de notre existence en tant que groupe, on a appris à travailler ensemble.
James Righton: Je préfère parler de « progression », plutôt que de « maturité ».

Vous avez souvent évoqué l’influence de l’année 2012 et du chamanisme de par le passé. En quoi ces éléments ont-ils réellement impacté votre travail ?

Jamie Reynolds : Quand on n’enregistrait pas, on allait souvent sur la plage, et là, on regardait l’océan. Ça nous faisait penser à beaucoup de choses. Tu sais, c’est notre philosophie de donner le meilleur de nous-mêmes, simplement parce que demain pourrait être la fin, le dernier soupir. Donc si c’est ta dernière chance de donner ce que tu as de mieux, fais-le maintenant.

Quelles sont vos autres sources d’inspiration ?

Jamie Reynolds : Il y en a eu énormément, mais en vérité, on n’en a pas beaucoup parlé entre nous. Je ne sais pas... Beaucoup de disques sont en réalité des métaphores et je pense que le notre en est une également : il reflète le temps que nous avons passé à travailler sur cet album. C’est un disque assez personnel qui est inspiré par cette longue expérience. C’est dans celle-ci, je pense, qu’on a puisé beaucoup de notre inspiration.

Concernant les nouvelles compositions, certains titres, à l’image de Flashover ou de Cypher Speed, auraient sans peine pu figurer sur votre premier album. Pensez-vous qu’il existe un son estampillé Klaxons ?

James Righton : Je ne sais pas. On a un son, c’est certain, un son qui sera reconnu par les gens comme étant le nôtre. C’est quelque chose qui est en nous, qui vient comme ça, quand on est ensemble et qu’on crée des morceaux. La voix est comme ça, la basse sonne de cette manière là.... mais c’est assez dur à définir.

En parallèle, on perçoit une orientation plus mélodique, assez épurée. J’ai même parfois noté des relents de rock californien...

James Righton : Vraiment ? Dans quels morceaux ?

Valley Of The Calm Trees par exemple !

James Righton : Cette remarque est intéressante. Je pense que cette impression est liée au fait que l’album est globalement très enjoué, rempli d’une bonne d’énergie, et qu’il véhicule un message plutôt positif. Des titres comme Flashover ou Cypher Speed sont d’une certaine manière plus sombres, plus agressifs que Valley Of The Calm Trees. En ce sens, ils renvoient directement au premier album. Et puis, la musique ne « sonne » pas de la même manière aux Etats-Unis et en Angleterre, ce qui explique surement cette impression.

Certains titres font la part belle aux cordes et aux percussions, moins aux samples et autres effets électroniques. Influence de Ross Robinson ou votre propre volonté de montrer que Klaxons est avant tout un groupe « rock » ?

James Righton: Je pense que c’est probablement un apport de Ross...
Jamie Reynolds : Il n’y a aucun sample sur cet album, tout s’est fait naturellement. On a créé de la musique, rien n’a été repris ou modifié. On ne s’est pas interdit d’utiliser des effets électroniques et il n’est écrit nulle part que Klaxons est un groupe de rock. La musique est faite pour être appréciée, pour que les gens passent un bon moment en l’écoutant, qu’ils dansent. C’est ce que nous voulons, on n’est pas là pour dire « regardez, on est un groupe de rock maintenant ! ». Alors oui, d’accord, on utilisait peut-être plus le clavier sur le premier album, dans l’optique d’obtenir des sonorités spécifiques, mais il n'y a pas d'explication, c’est comme ça.

De par le passé, vous avez collaboré avec les Chemical Brothers (All Rights Reversed), aimeriez-vous le faire à nouveau avec d'autres artistes ?

Jamie Reynolds : Pourquoi pas une collaboration pour la BBC avec n’importe quelle star de sexe féminin...
James Righton : Susan Boyle (rires) ! Elle est probablement très sympa, mais je ne pense pas que ça se fera ! Beyonce...
Jamie Reynolds: Lady Gaga...
James Righton : Christina Aguilera ?
Jamie Reynolds : N’importe laquelle de ces grandes stars (rires) !