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Band Of Skulls

Interview publiée par Claire le 20 septembre 2010

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C'est à une semaine de leur passage à Paris à la Flèche d'Or que Sound Of Violence retrouve le groupe Band Of Skulls lors d'un passage éclair dans la capitale. Sur la route depuis un an, le trio de Southampton garde un enthousiasme débordant et communicatif. Retour sur douze mois qui ont vu les trois musiciens du Hampshire passer du statut de héros locaux à celui de rock stars internationales.

Votre venue la semaine prochaine constituera votre troisième concert à Paris cette année, vous faites une tournée mondiale qui a commencé il y a presque un an. Vous ne commencez pas à en avoir un peu ras-le-bol ?

Emma : On ne peut pas en avoir ras-le-bol !
Russell : Et Paris, c'est une ville tellement cool...
Matt : C'est juste un peu frustrant, car à chaque fois que nous venons à Paris, c'est pour faire un concert et nous n'avons pas le temps de visiter ou de se balader. Mais nous allons avoir du temps libre en octobre et je vais certainement revenir, mais pour en profiter cette fois-ci.
Russell : Paris, attention, Matt arrive (rires) !

Avec une tournée aussi longue, trouvez-vous le temps d'écrire de nouvelles chansons ou préférez-vous en profiter à fond ?

Russell : En fait, nous essayons d'abord de « survivre à la route », de faire de bons concerts...
Matt : Et nous ne sommes pas très satisfaits de ce que nous écrivons sur la route. Il est évident qu'il y a de nombreuses idées de chansons qui nous viennent et là, par exemple, nous avons pris un peu de temps en studio pour voir ce que ça donnait et commencer l'enregistrement du prochain album.
Emma : Et c'est génial de pouvoir se concentrer uniquement sur le moment présent, sur ce qui est en train de nous arriver.
Russell : De plus, cela nous prend un temps surréaliste d'écrire quelque chose de correct en tournée. En trois semaines, nous allons progresser de façon ridicule alors qu'en studio, il nous faudra moins d'une heure à en faire cinq fois plus ! Tourner, c'est une expérience géniale, mais ce n'est pas très créatif.

Sur une tournée aussi longue, qu'est-ce qui vous manque le plus ?

Matt : Les amis, la famille...
Russell : Se raser ! Je me suis rasé ce matin et vous avez vu ma tête cet après-midi (rires) ? Nous nous éclatons sur la route même s'il y a des moments où je me dis « tiens, j'aurais envie de ça » ou « j'aurais bien envie de voir machin ». Mais nous avons la chance de voyager, de voir tous ces endroits magnifiques. De quoi pourrions-nous nous plaindre franchement?

Y a-t-il un pays dans lequel vous n'avez pas joué et dans lequel vous aimeriez aller ?

Russell : En fait, nous avons une carte sur laquelle nous plantons des punaises là où nous avons déjà joué. Et nous aimerions pouvoir aller en Amérique du Sud, histoire de punaiser ce continent sur notre carte. Cela fait partie de notre plan de domination mondiale (rires). C'est notre première année et nous sommes fascinés par le trajet et les villes déjà parcourues.
Emma : Nous avons joué il n'y a pas longtemps en Australie et au Japon. C'était la première fois. C'était génial.

Le public japonais est connu pour être souvent très réceptif avec les groupes anglais...

Russell et Matt : Et bien (rires)...

C'est une chose que l'on ressent en regardant des vidéos d'autres groupes comme Kasabian ou Arctic Monkeys par exemple...

Russell : Pour nous, là-bas, c'est vraiment le début. Nous avons donné un premier concert, comment dire, plutôt difficile... (rire général)
Matt : On se dit toujours que réussir au Japon, que c'est fantastique et tout le reste. Nous avons réalisé que nous n'étions pas très connus là-bas. Rien que le fait d'avoir pu y aller, c'était vraiment cool. En plus, c'est un public très loyal. C'est comme cela que je l'imagine.
Russell : C'est surtout un pays très éloigné. Paris est vraiment très proche de Londres, tu peux venir, repartir, c'est juste à côté. Mais le Japon... Cela devient un vrai challenge.
Matt : Personnellement, j'aimerais jouer en Russie, à Moscou.
Russell : Et il y a une super scène musicale aux Bahamas donc nous allons y faire une tournée de trois semaines, hein ? (regard vers le manager)

Quelle ville ou quel public vous ont le plus marqués ?

Emma : Aux Etats-Unis, c'étatit vraiment été la folie. Très impressionnant. En plus, nous y sommes déjà allés trois ou quatre fois et le public a toujours été super. C'est gratifiant de voir le résultat de nos efforts.

Justement, comment expliquez-vous que vous ayez directement réussi aux Etats-Unis alors que la très grande majorité des groupes anglais peine à percer outre-Atlantique ?

Russell : On lit ça très souvent. C'est vrai que nous avons vu cela avec nos groupes préférés quand nous étions jeunes, comme Oasis, et nous nous disions « si eux, le plus grand groupe de rock du monde n'y arrivent pas, c'est que c'est juste impossible ! ». En réalité, eux seuls disaient qu'ils étaient le plus grand groupe du monde. De notre côté, nous devons avoir quelque chose qui plait plus aux Américains, pas nécessairement nos influences, mais plutôt des références communes qui ont rendu les choses plus faciles.

D'ailleurs, on vous compare souvent aux Dead Weather mais personnellement, je trouve que vous avez quelque chose qui se rapproche plus du Jefferson Airplane. En live, vous interagissez plus comme eux...

Emma : Dorénavant, je veux qu'on m'appelle Grace Slick (Emma prend la pose) !
Russell : Nous voulons juste être un bon groupe. D'où nous venons en Angleterre, il faut être dans le courant, avoir le bon style, la bonne coupe de cheveux, être à la mode... mais nous, nous n'avons jamais été à la mode. Peut-être qu'en Amérique, ils font juste un peu plus attention au contenu, au fait qu'un groupe a la capacité de durer. Ils donnent de la valeur à l'expérience.
Matt : l'Angleterre, c'est génial mais c'est tellement dur d'y percer. C'est pour cela que nous avons décidé de d'abord passer par la case États-Unis puis essayer de revenir après. Nous nous sommes fait un nom là-bas avant d'être redécouverts par nos concitoyens. Tourner en Angleterre, ça peut être franchement déprimant.
Russell : Et pourtant, nous avons donné des concerts où il n'y avait que trois personnes à Los Angeles. Il y a de quoi être dégouté. Quand tu réussis, tu te souviens justement de ces moments là. En France, nous avons donné quelques concerts et participé à des festivals. Lors de notre dernier concert au Nouveau Casino, nous avions vraiment bien été accueillis, c'était vraiment chaleureux.
Matt : Surtout que vous, les français, vous êtes des critiques vraiment acerbes quand vous le voulez. Donc c'est flatteur de voir que les gens nous aiment bien ici.

J'ai lu que votre nom vous a été inspiré par Shakespeare. Est-ce vrai ?

Matt : Ce fut une décision très rapide. Il fallait trouver un nom pour le soir même, sinon nous allions être rayés de je ne sais plus quelle liste. Et nous allions jouer dans une salle à Southampton dans laquelle il y a une peinture tirée d'une pièce de Shakespeare.
Emma : C'était vraiment notre salle et nous nous sommes dit que ce serait bien de prendre ce nom là, que ça faisait référence à quelque chose qui fonctionnait bien pour nous.

Vous avez beaucoup d'influences en commun, la soul, le rock 70s, le blues. Mais y a-t-il des groupes dont vous avez un peu honte de parler ?

Emma : Quel que soit le groupe, même si c'est ringard ou horrible, il ne faut pas en avoir honte. Si c'est ce que tu aimes, il ne faut pas s'occuper de ce que les autres pensent.
Matt : S'il faut s'inquiéter de ce que les autres pensent, cela peut être compliqué. Allez, je l'avoue, East 17 est une de nos influences principales (Matt commence à chanter une chanson - rire général).
Russell : Nous avons tous des influences plutôt différentes, même si, concernant nos influences communes, elles sont toutes plutôt bonnes.
Emma : Il est rare que nous soyons en désaccord sur un groupe.

Aviez-vous été tous d'accord pour participer à la Bande Originale de Twilight ou aviez-vous aviez hésité à vous impliquer ?

Matt : Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir faire partie d'un projet pareil à ce stade de notre carrière. En fait, nous l'avons appris par les journaux ! Nous savions que nous étions pressentis mais c'est finalement en ouvrant le journal un matin que nous en avons eu la confirmation. Nous figurons au milieu de nombreux groupes plutôt cool donc ça nous convient. A la suite de ça, nous avons joué en première partie des Dead Weather et de Muse, ce qui, là encore, à ce stade de notre carrière, est une chance fantastique.

Vous avez joué en première partie des Dead Weather, de Muse, vous avez une chanson sur la bande originale de Twilight, une dans une pub pour Swatch, une autre pour Mustang et vous êtes les têtes de gondoles de Fender. Que vous reste-il encore à accomplir ?

Russell : Sortir un bon album.

Votre premier est plutôt réussi...

Matt : Oui, il est bon, mais je suis sûr que nous pouvons mieux faire. Russell : Dès la tournée finie, nous nous remettons au boulot.

Justement, pourriez-vous arrêter de partir en tournée pour vous consacrer uniquement à la production en studio comme les Beatles ?

Emma : Non ! Si je ne pouvais pas partir en tournée, franchement, ça me manquerait. C'est génial de composer, de réaliser l'album mais c'est en concert que tu vois si ce ta musique fonctionne vraiment et plaît. Pouvoir tourner avec son album, c'est une chance inouïe.
Matt: Nous ne sommes complètement fiers de notre album que lorsque nous le jouons sur scène.

Qui écrit les chansons dans le groupe ?

Emma : Nous travaillons tous sur les démos des autres. Il ne faut pas être trop précieux envers les chansons que nous apportons, car en groupe nous allons modifier une grande partie de ce qui a été fait dans un premier temps. C'est vraiment enrichissant et c'est aussi pour cela que nous avons choisi de faire partie d'un groupe.

Emma, c'est toi qui a créé l'artwork de votre album. Tu sors d'ailleurs d'une école d'art et récemment, tu as eu ta propre exposition à Southampton. Est-ce important pour toi de continuer à peindre et dessiner en dehors de la carrière bien remplie du groupe ?

Emma : Je ne suis pas un peintre hors du commun mais il est vrai que c'est quelque chose que j'ai besoin de garder à côté de ma vie au sein du groupe. Je fais beaucoup d'esquisses. En tournée, j'ai toujours un cahier avec moi sur lequel je peux dessiner. Récemment, quand nous avons enregistré en studio, j'ai fait de nombreux croquis du groupe et du studio. J'aimerais à nouveau faire l'artwork pour notre second album !

Quand à vous, Matt et Russell, avez-vous une autre passion artistique en dehors de Band Of Skulls ?

Russell : Emma est très talentueuse et nous aurions vraiment honte à côté d'elle de créer quoique ce soit qui sorte de la musique. Nous avons de la chance qu'Emma nous laisse utiliser ses peintures pour l'album.
Emma : Matt et Russell prennent de nombreuses photos, donc notre prochain artwork pourrait être un mélange de ces photos et de mes peintures. Avec un peu de temps, je pense que nous pourrions arriver à quelque chose de vraiment bien.

Et que feriez-vous si vous n'étiez pas dans un groupe ?

Russell : Emma serait très connue comme peintre. Nous, nous serions certainement saouls, quelque part ou chez Emma !
Matt : Nous lui prendrions son argent pour aller au pub !

Être dans un groupe un peu connu, cela permet aussi d'ouvrir la porte à d'autres : quels autres groupes aimeriez-vous recommander ?

Russell : Nos compatriotes Thomas Tantrum.
Emma : The Mullettes et Money Tree
Matt : Un groupe de jazz, Portico Quartet. Et un autre qui s'appelle Muse... ils viennent de l'Ouest de l'Angleterre, ils sont plutôt bons (rires).

Que diriez-vous à ceux qui hésitent à venir vous voir à Paris mercredi prochain ? Venez nous voir parce que...

Matt : Parce que nous allons donner un putain de bon concert et qu'après la tournée s'arrête... et c'est donc votre dernière chance de nous voir...
Russell : Et vous pourrez nous croiser au bar après le concert !