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Cat's Eyes

Interview publiée par Claire le 22 mai 2011

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Quelques jours avant la sortie de leur premier opus et quelques heures avant un premier concert attendu au Nouveau Casino de Paris, Cat's Eyes recevait Sound Of Violence. Entretien baroque avec le duo anglo-canadien qui remet un certain psychédélisme expérimental au goût du jour.

Faris, tu es anglais, leader du groupe The Horros. Rachel, tu es canadienne et chanteuse d'opéra. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est venue cette idée de duo?

Faris : On se connaissait depuis pas mal de temps en fait. Je lui ai envoyé mon album, auquel elle a répondu en m'envoyant une chanson qu'elle avait écrite. Et ça a débuté comme ça...

Est-ce que l'idée de collaborer sur des titres communs est venue naturellement?

Rachel : Tout à fait. Ça a commencé comme un échange de musiques entre amis et ça a évolué jusqu'à ce qu'on réalise qu'enregistrer ces titres pourrait être vraiment bien. Mais au début, l'idée de faire un album n'existait pas. Chacun enrichissait la perspective musicale de l'autre sans même songer à l'idée d'un duo. Cette correspondance a duré des mois avant que n'émerge l'idée de mélanger nos idées.

Qu'avez-vous appris musicalement l'un de l'autre?

Faris : J'ai beaucoup appris sur les arrangements, comment faire d'un titre quelque chose d'ultra produit et de mélodique à la fois.
Rachel : De mon côté, j'ai appris sur les instruments, le côté électronique qui m'était totalement étranger. Les pédales, les effets, tout ça était complètement nouveau pour moi. Sans compter que Faris est un grand collectionneur : il a des centaines d'albums, et j'ai donc découvert pas mal de groupe grâce à lui.

Est-ce que durant l'enregistrement ou même l'écriture de l'album, vous avez songé à intégrer d'autres musiciens pour faire de Cat's Eyes un projet plus large qu'un duo ?

Rachel : Cat's Eyes a toujours été destiné à être un duo, je pense. Tu en penses quoi, Faris ?
Faris : On voulait que nos titres aient une existence propre mais à l'intérieur de notre duo. Un peu comme si ces chansons étaient le noyau du fruit Cat's Eyes.

Vous avez récemment joué au Vatican. C'était d'ailleurs votre première vidéo. Comment avez-vous choisi ce lieu et qu'est-ce que cela fait de jouer dans un lieu si saint et pour le coup, pas particulièrement rock ?

Rachel : J'y avais chanté il y a des années pour le Pape et quand on a commencé à enregistrer les chansons, je me suis dit que ça pouvait être intéressant de jouer là bas. Ce n'est que lorsque tous les titres ont été enregistrés que je me suis dit qu'on devrait réécrire l'une de nos chansons pour la jouer façon messe. On a donc revu l'ensemble pour qu'il s'adapte à une chorale mais que ça reste accessible à tous.

Vous venez du monde de l'opéra où l'on sait que le costume tient une grande place. Allez-vous aussi jouer un rôle sur scène ?

Rachel : Justement, ce que j'aime avec Cat's Eyes, c'est que l'on joue réellement alors que l'opéra ne l'est pas.
Faris : L'opéra rejoue toujours la même chose finalement, non ?
Rachel : C'est vrai. Il y a beaucoup de technique et de préparation alors qu'avec Cat's Eyes, je peux chanter pour le plaisir de chanter. C'est vraiment très naturel alors que l'opéra, c'est tout l'inverse.

Comment avez-vous ou allez-vous intégrer les instruments à cordes sur scène. Le violoncelle tient une place assez importante dans l'album, notamment sur I'm Not Stupid. Allez-vous retranscrire ce côté symphonique en live ?

Rachel : Pour les petites salles, on se débrouille autrement, on a refait les partitions pour les adapter à des instruments plus, comment dire, facilement transportables. Par contre, lorsqu'on fera des salles un peu plus grandes, il est évidemment qu'on y inclura les instruments à cordes. On tient vraiment à garder le côté orchestre qu'offre l'album. Au Vatican, on a refait nos partitions pour les adapter au lieu et au public. C'est ce que l'on compte faire pour toutes les autres salles dans lesquelles on va jouer. Pour I'm Not Stupid, la partition a été réécrite pour un vibraphone.
Faris : On tient vraiment à jouer quelque chose de différent à chaque fois. Je pense que dès le départ, lorsque l'on s'est mis à correspondre, l'idée était de modifier nos points de vue sur nos chansons. C'est ce qu'on tient donc à faire en live. Sinon, c'est un peu chiant aussi de faire continuellement le même concert. On s'éclate vraiment à se demander comment on va pouvoir adapter tel ou tel titre. Le côté challenge est très important pour nous.

Beaucoup s'interrogent aussi sur le nom de groupe. Pourquoi Cat's Eyes ? Une référence au dessin animé des années quatre-vingts ?

Rachel : En fait, on ne connaissait pas l'existence de cette série avant d'arriver à Paris ! C'est assez drôle en fait de se trouver lier à quelque chose d'aussi populaire.
Faris : Cat's Eyes peut signifier différentes choses en fonction des personnes. Pour certains, ce sera ce dessin animé, pour d'autres un maquillage. Ce nom, c'est comme nos chansons, il s'adresse à tous tout en offrant la possibilité à chacun de se les approprier différemment.

Je vous avoue qu'avant d'écouter l'album, j'étais un peu dubitative. Beaucoup d'articles parlaient de la sortie d'un album d'opéra-rock alors qu'en l'écoutant, je l'ai surtout trouvé très psychédélique...

Faris : Oui ! Je ne sais pas pourquoi tous ces journalistes en Angleterre se sont déchainés sur le label opéra rock, certainement à cause de Rachel, mais le but était justement pour elle, comme pour moi, d'éviter cet écueil ou tout du moins de faire quelque chose de moins classique.

Vous avez tout de même deux voix assez particulières. Comment avez-vous réussi à marier ces deux façons de chanter très différentes?

Faris : C'est venu très naturellement. Je pense que ça a peut-être été plus difficile pour Rachel, même si de mon côté je me suis interrogé sur mes propres capacités pour chaque titre que l'on enregistrait. On se trouve tout de suite très petit vocalement à côté d'une chanteuse avec une telle voix.

Cet album pourrait être la bande originale d'un film tant les titres sont visuels. Est-ce que c'est quelque chose que vous aimeriez faire à terme ?

Faris : Définitivement ! C'est une chose dont on parle très souvent.

On a l'impression en écoutant cet album que vous vous êtes répartis les titres. Est-ce le cas ?

Rachel : En fait, on chante à deux sur chacun des titres. Mais il est vrai que lorsque je fais les chœurs ou que Faris a une partie où l'on a modifié sa voix, cela donne l'impression de titres plus solos. Quoi qu'il en soit, on a toujours voulu être à deux sur chacune des chansons.

Cet album n'est ni totalement psychédélique, ni totalement pop, ni totalement rock. Était-ce important pour vous que vos chansons soient toutes différentes ?

Rachel : On s'est refusé à s'orienter vers un style de musique. Peut-être par volonté, comme pour nos concerts, de ne pas s'ennuyer et de ne pas être rébarbatifs pour les gens qui viennent nous écouter. En plus, nous n'avons pas d'influences majeures et cela nous a certainement permis d'avoir un album très ouvert qui représente bien notre monde.

Vous avez choisi Steve Osborne comme producteur. Pourquoi lui ?

Faris : On a adoré Steve dès qu'on l'a rencontré. Il n'avait pas ce côté égo de certains producteurs qui veulent qu'on sentent leur patte sur tout l'album. C'était vraiment agréable de travailler avec quelqu'un d'aussi dédié à l'album.
Rachel : Steve est un musicien à part entière. Et il voulait vraiment le meilleur pour cet album...

Est-ce que Cat's Eyes est destiné à être un projet avec un unique album ou prévoyez-vous déjà d'autres disques ?

Faris : On a déjà pas mal de titres pour le prochain album en fait. On commencera à enregistrer en fin d'année. C'est vraiment très agréable, et tant que le projet le reste, les chansons viennent d'elles-mêmes.

Faris, l'album de The Horrors est très attendu. Comment parviens-tu à combiner le travail avec deux groupes, les attentes, le temps qu'il faut prendre pour chacun d'entre eux ?

Faris : Je ne fais vraiment pas attention au temps que j'y passe. S'il faut que je passe tout mon temps à travailler avec The Horrors et avec Cat's Eyes, je m'en fiche. J'adore vraiment ce que je fais et tant que ça me plaît, je pense que j'arriverai à m'organiser pour donner le meilleur de moi-même à ces deux projets.

Comment définiriez-vous le monde Cat's Eyes au final ?

Faris : C'est un monde plutôt sympa, où il fait bon vivre avec beaucoup de couleurs et de musiques différentes. Et où tout le monde est le bienvenu !