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The Cast Of Cheers

Interview publiée par Charlotte Prince le 15 avril 2012

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Découverts grace au succès de leur album Chariot sur Bandcamp en 2010 avec pas moins de 150000 téléchargements, The Cast Of Cheers donnaient leur premier concert en France à Paris le 10 avril dernier. Rencontre avec Conor Adams et Kevin Curran, respectivement guitariste et batteur du quatuor irlandais.

Vous donnez ce soir votre premier concert dans la capitale française...

Kevin : Et le premier de notre mini tournée européenne ! Nous sommes vraiment ravis d'être ici, nous avons toujours voulu jouer à Paris.
Conor : Paris est une si belle ville et la salle nous plaît vraiment. Notre tour manager qui est français est presque plus excité que nous !

Qu'attendez vous de cette soirée ? Vous jouez en tête d'affiche !

Conor : Nous attendons surtout qu'il y ait beaucoup de monde et que les gens viennent danser, le reste a peu d'importance...

Pourquoi avoir choisit The Cast Of Cheers comme nom ? Comment vous est venue l'idée ?

Kevin : L'histoire est assez drôle, je vais laisser Conor expliquer...
Conor : Ce n'est pas si drôle que ça, nous n'avions aucune idée du nom à choisir donc nous avons pris une feuille et écrit tout un tas de mots qui nous passaient par la tête. Des mots simples comme « tiger » ou autre chose. Le côté assez amusant dans tout ça, c'est qu'après avoir écrit au moins une bonne vingtaine de noms, nous les avons relus puis rayés un à un et quand nous avons retourné la feuille et vu inscrit en bas de liste « The Cast Of Cheers ». Nous avons alors décidé de prendre celui-ci !

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous donné naissance au groupe ?

Conor : Kevin et moi jouions déjà dans un groupe avant de former The Cast Of Cheers et nous commencions un peu à tourner en rond...
Kevin: Nous en avions surtout marre de jouer dans des salles vides et de ne pas être assez reconnus...
Conor : Exactement. Nous avons donc simplement voulu former un autre groupe dans lequel mon frère Neil et le bassiste John nous ont rejoints.

Vous vous êtes notamment faits connaitre il y a deux ans avec un album auto-produit, Chariot...

Conor : Oui, ce qui est assez dingue en soi ! A la base, nous trouvions ça plus intéressant et plus rentable que de continuer à faire des concerts dans des salles désertes. A ce niveau là, il était difficile de se faire connaitre, enfin beaucoup moins facile que de publier un album sur Internet.
Kevin : Une fois que l'album a été enregistré, nous avons juste donné le lien pour le télécharger à nos proches, proches qui ont ensuite passé le mot à pas mal de monde.

Vous ne vous attendiez donc pas à ce qu'il soit autant téléchargé (ndlr : environ 150 000 fois sur Bandcamp) ?

Conor : Absolument pas ! Nous n'en revenons toujours pas d'ailleurs, la communauté musicale a vraiment fait un boulot de géant pour le coup. C'est juste incroyable de voir que l'album a autant plu !

Depuis quelques semaines déjà, beaucoup de présentateurs radios en Angleterre (Zane Low, Huw Stephens, Edith Bowman...) diffusent le single Family. Avez-vous ressenti un certain engouement autour de ce morceau ?

Conor : Nous savionst que Family marcherait assez bien sur les ondes, du fait que le riff de guitare est assez entêtant et facile à retenir.
Kevin : Nous avons effectivement eu pas mal de retours sur cette chanson, toujours positifs.
Conor : Nous attendons vraiment que le public entende l'album dans son ensemble avant de dire s'il y a ou non beaucoup de bruit et de succès autour du groupe.

Ce succès vous a ouvert de nombreuses portes, avez-vous l'impression d'avoir suivi une autre voie que les groupes en général (pas de label, album en téléchargement libre sur le net...) ?

Conor : Pas du tout ! D'autant plus que nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à opter pour cette voie ! La preuve, ceux qui ont vraiment lancé la mode du téléchargement libre, c'est Radiohead avec In Rainbows. Cette idée de permettre aux fans de financer selon leurs envies l'album était génialement pensée !
Kevin : Tout à fait ! Et l'album en lui-même était une pure merveille, ils avaient vraiment trouvé la faille. Depuis, pas mal de groupes ont suivi le mouvement.
Conor: De toute façon, en Irlande, les groupes s'entraident énormément, donc tôt ou tard, nous aurions fait parler de nous. Comme je l'ai dit précédemment, c'était un bien meilleur moyen que d'écumer des petites salles et jouer devant dix personnes.

Votre nouvel album, Family, sort le 18 juin prochain. Après une longue année de travail dessus, comment attendez-vous sa sortie ? Êtes-vous pleinement satisfaits de l'enregistrement ?

Conor : Nous sommes absolument ravis, nous avons bien bossé dessus avec Luke Smith (ndlr : ex-Clor) qui est un producteur hors pair, absolument incroyable ! Et nous ne sommes pas du genre à dire au bout d'un mois « Non, en fait, nous ne sommes pas du tout satisfait de l'album, nous avons produit quelque chose de très mauvais ».
Kevin : C'est comme si, pendant l'enregistrement, une poule s'était glissé dans le studio pour pondre un œuf et le couver le plus longtemps possible. Une longue couvée pour être sûr que le résultat est à la hauteur.
Conor : J'espère que tu 'as compris l'image qu'il voulait en donner (rires) ! L'album sortira aussi en vinyle et nous avons hâte de l'avoir, juste pour pouvoir l'écouter sur notre platine dans la cuisine !

La collaboration avec Luke Smith s'est donc idéalement bien déroulée ?

Conor : Effectivement, ce mec est vraiment phénoménal. Il a tout supervisé d'une main de maître et avec naturel ! Par exemple, le riff de Family avait été créé il y a pas mal de temps et, en voulant le décortiquer, nous ne savions plus trop quoi en faire. Luke nous a demandé de le rejouer et lui l'a pris dans son intégralité. C'était vraiment une collaboration harmonieuse. Je crois qu'il produit aussi l'album de Theme Park, album qui sera assurément très bon également !
Kevin : Même si nous voulions passer le moins de temps possible sur l'album pour le produire, tout s'est passé comme nous le souhaitions, c'est toujours génial de bosser avec des gens pareils.
Conor : Nous voulions en plus quelque chose de différent de Chariot...

Ce nouvel album sera-t-il complètement différent de Chariot ? Ou avez-vous gardé certains aspects de ce dernier pour écrire et produire Family ?

Conor : Je ne dirais pas totalement ça, mais en grande partie oui ! A l'exception de la réédition de Goose, tous les autres morceaux, soit neuf, sont nouveaux. Chariot restait dans la même veine musicale, là c'est à double tranchant. Soit Family plaira, soit il ne plaira pas. Nous ne savions pas trop quel nom lui donner mais comme Family a été notre premier single, nous avons aussi choisi ce nom pour l'album. Mais en dehors de ça, l'opus ne reflète pas dans son ensemble cette chanson assez rythmée, avec riff efficace. D'un côté tu as notre futur single Animals qui lui sera plus représentatif de l'album, et de l'autre côté donc Family. Ce n'est pas compliqué : si tu aimes Animals, tu aimeras l'album, si tu préfères Family, tu risques d'être un peu déçu !
Kevin : nous avons écrit beaucoup de morceaux avant de savoir lesquels choisir pour l'album. Je peux t'assurer que ça n'était pas facile !
Conor: C'est exact. Il se peut d'ailleurs que nous sortions un peu plus tard un EP ! Nous avons écrit au total vingt-cinq chansons et l'album n'en contient que dix, ou plutôt neuf sans Goose. Il y aura donc vraiment matière à sortir un EP ou à choisir ces titres comme b-sides pour nos prochains singles !

On décrit souvent votre musique comme du math-rock et dernièrement on vous compare beaucoup à des groupes comme Foals, Battles et Bloc Party. Vous voyez cet ensemble comme un atout ou un inconvénient ?

Conor : Je n'ai jamais considéré notre son comme étant du math-rock...
Kevin : Surtout qu'à l'école, nous n'avons jamais aimé ni les maths ni les sciences (rires) !
Conor : Nos chansons n'ont pas un beat sur lequel tu pourrais chanter dessus « 2+2=4 » (rires) ! Je crois que le terme est mal utilisé, c'est un genre qui a été crée y quelques années mais ça n'a jamais, à mon sens, défini un certain type de musique. Et je ne pense pas non plus que l'on retrouve les mêmes sonorité que les groupes que tu viens de citer...
Kevin : A la rigueur, nous jouions ce style de musique dans notre ancien groupe...

Comment décririez-vous donc votre son ?

Conor : C'est une bonne question. Nous n'y avons jamais vraiment pensé...
Kevin : Honnêtement je n'en ai aucune idée.
Conor : Je dirais que ça sonne comme du « Robot Rock ». Tu peux danser sur nos chansons comme un robot le ferait !

Votre prochain single, Animals, sort le 23 avril. Pourquoi ce choix ?

Conor : Nous aimons beaucoup cette chanson tout simplement. Il n'y pas de choix stratégique si ce n'est qu'elle reflète bien l'album.

En avril et mai, vous allez assurer les premières parties de Blood Red Shoes en Angleterre. Votre musique est assez différente de la leur, de ce fait, comment comptez-vous rallier leurs fans à votre son ?

Conor : Nous avons vraiment hâte de jouer avec eux ! Pour les fans, cela ne nous inquiète pas trop à vrai dire...
Kevin : Même si notre son diffère un peu, nous nous rejoignons sur le fait que nous faisons danser le public.
Conor : De toute façon, si ça ne marche pas sur le coup, il suffira de monter le son des amplis et ça devrait le faire (rires) !

Quels sont vos autres plans pour l'année 2012 ?

Conor : En dehors de la tournée avec Blood Red Shoes et de la sortie de l'album, nous allons jouer dans quelques festivals cet été et assurément partir à nouveau en tournée cet automne.
Kevin : Nous sommes surtout excités à l'idée de jouer avec Blood Red Shoes !
Conor : Cette année se résumera à « tournée, tournée et tournée » !

Honnêtement, pensez-vous que sans Internet, vous en seriez au même point à l'heure actuelle ?

Kevin : Oui !
Conor : Justement, non ! Quoique tu en penses, internet nous a beaucoup aidés à nous faire connaitre...
Kevin : Il y a dix ans les groupes n'utilisaient pas forcément Internet et ça ne les empêchait pas de faire un carton pour autant. Je ne suis pas d'accord.
Conor : Je te rejoins là-dessus mais il faut avouer qu'Internet offre beaucoup plus de facilités en matière de promotion, partage et autres ! Alors oui, les concerts aident beaucoup, mais je persiste à dire que sans Internet nous n'en serions définitivement pas à ce niveau aujourd'hui.