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The Irrepressibles

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 13 mars 2013

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Rock et politique. Rock au sens large et politique au sens grec : Analyser les affaires humaines de la manière dont elles se déroulent dans l'espace de la Cité. C’est l’équation à laquelle Jamie McDermott a toujours été confronté.

Politique par nature, puisque homosexuel et fier de l’être, Jamie n’a jamais envisagé la musique autrement que dans la revendication et l’affirmation. Affirmation de soi, de l’autre, des sentiments qui unissent deux hommes, deux femmes voire même un homme et une femme. Affirmation d’une minorité contre une majorité d’esprits trop formatés et trop occupés à survivre dans une hypothétique société sécuritaire qui les empêche, parfois, de s’apercevoir que, avec le temps, va, tout s’en va... Les libertés gagnées par nos parents à une époque où l’amour libre faisait sourire et non s’entrechoquer la société. La tolérance qui permettait à une femme chanteuse d’être au sommet des charts sans que l’on sache vraiment si elle était un homme. La liberté de créer au-delà des conventions et des impératifs d’une société de consommation... C’est par la musique que Jamie a choisi de crier son drame et sa fierté, ceux d’être attiré par les garçons et de rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui ont eu à souffrir de leurs différences, quelles qu’elles soient.

Une musique baroque rock sublimée par une voix emplie d’un amour sans concession et un deuxième album coup de poing qui lui a valu les pires combats et les pires années de sa vie au sein de l’establishment Anglais d’une industrie du disque que l’on a déjà vu plus compréhensive et permissive.

The Irrepressibles a une longue histoire et plus de onze membres, ou ex-membres, jalonnent son parcours. De quels horizons viennent celles et ceux qui t’accompagnent désormais sur scène ou en studio ?

Depuis dix ans, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de musiciens, c’est vrai. Ceux qui jouent avec moi actuellement sont dans le groupe depuis sept ans. Je trouve donc cela surprenant quand on me parle d’ex-membres parce que je pense que peu de groupes peuvent se vanter d’avoir gardé les mêmes musiciens, sept années durant ! Ce sont tous des musiciens magnifiques avec qui je m’entends parfaitement. Certains sont partis parce que le fait de se retrouver au milieu d’un set habillés en costumes baroques ou faire la route au fond d’un van les a un peu déstabilisés... ou bien avaient-ils leurs propres projets à mener ? Je suis plutôt enclin à laisser ceux qui ont un talent pour la musique, la danse ou tout autre art faire leur propre route et, si je le peux, je les aide même. C’est tout le sujet même de The Irrepressibles, laisser les gens être libre d’être eux-mêmes. À l’origine, les premiers membres du groupe, je les ai rencontrés au collège. J’y ai étudié la sociologie et la musicologie. Par la suite, j’ai placé une annonce en ligne sur un site d’art et je me suis retrouvé avec tout un orchestre !

Comment gère-t-on un groupe composé de dix personnes ?

Ce n’était pas facile, c’est vrai, quand nous étions encore dix (rires) !

Vous ne l’êtes donc plus ?

Non. Nous sommes six maintenant. Mais, je pense que les bénéfices d’un tel groupe l’emportent sur sa complexité, même avec autant de membres à gérer. Je suis, généralement, l’auteur des textes et il m’arrive parfois d’écrire la musique. La plupart du temps, je chante mes textes à mes acolytes et la musique s’écrit ensuite sur les brouillons de mélodies que je propose avec ma voix. C’est une vraie chance d’avoir autour de moi des musiciens aussi talentueux et avec une telle oreille, capables de mettre en musique les mélodies que je leur chante, instantanément. Parfois, seul un murmure leur suffit. Pour cet album, Nude, je n’avais plus avec moi ma section à vent car ce sont des musiciens qui sont très demandés dans d’autres collectifs ou orchestres. J’ai donc composé avec la section de cordes, uniquement. Nous avons posé là-dessus des arrangements polyphoniques et symphoniques. J’ai tenu à rajouter deux batteurs et percussionnistes par-dessus pour obtenir des rythmes plus viscéraux et des impulsions labiales sur un travail de respiration. Le tout, pour un disque dirigé par une vision sexuelle de la musique. Mais, je tenais également à imposer un sens temporel et mémoriel à ces titres. Je me suis replongé dans ma jeunesse, dans les années 80s et 90s pour rendre compte de cet état temporel et mémoriel. À la différence du premier album qui était bercé de rythmes et de sonorités plus exotiques et presque joyeux. Pour Nude, je tenais à ce que l’auditeur ressente la musique qui permet de se plonger dans les souvenirs, la voix étant l’état intemporel, l’électronique la mémoire et les rythmes, la partie viscérale, le corps lui-même.

Et avant de démarrer The Irrepressibles, que faisais-tu ?

J’ai chanté dans plusieurs groupes de rock, plutôt grunge en fait (rires). Nous étions fascinés par Nirvana ou Soundgarden...

Mais tu as des bases de musique classique ?

Pas du tout ! Parfois, j’ai l’impression qu’en disant cela, je vais décevoir mes auditeurs ! J’ai commencé à travailler les instruments classiques très tôt, mais sans bases scolaires. Je voulais redéfinir le rock en utilisant une voie différente. Pas seulement avec des guitares ou une batterie. Laurie Anderson l’a fait avant moi. À l’époque, je ne savais même pas ce qu’était un hautbois, mais j’ai tout de même commencé à écrire pour cet instrument.

Puis-je te demander ton âge et d’où tu viens, en Angleterre ?

J’ai trente-deux ans maintenant. Je me souviens de mes vingt ans, c’était une époque très différente de ma vie. J’étais d’une humeur bien plus sombre. Enfant, j’étais très peu sûr de moi et personne ne me remarquait. Ce qui n’a pas contribué à me rendre très confiant, par la suite... Jamais je n’aurais pu faire les choses que j’arrive à assumer aujourd’hui, pendant ma jeunesse. Ce fut un long processus de transformation pour arriver au personnage que je suis maintenant. C’est pourquoi je suis assez heureux d’avoir passé le cap des trente ans ; je me sens de mieux en mieux dans ma peau. J’ai grandi dans la région du Yorkshire. C’est une région encore très marquée par l’époque Victorienne. Cela se ressent dans ma musique et mes créations d’aujourd’hui. C’est intéressant parce que chaque chanson que j’écris semble me ramener inexorablement vers la terre où je suis né. Cette côte d’Angleterre où la Baronnie est encore très présente. As-tu déjà lu les œuvres de Joan Littlewood et sa vision littéraire et théâtrale des lieux où nous avons vécu et grandi ? Elle appelait cela les Wasteland. Nous avons tous fait ces rêves où prennent place des personnages et des endroits remontant à notre enfance...

Wasteland est également un titre chanté par un groupe dont l’univers gothique semble très proche de tes visions : The Mission. Ajouté à une mélancolie de type Dead Can Dance, et aux boucles hypnotiques électronique d’une Laurie Anderson... Tu peux noter que je n’ai pas fait référence à Anthony & The Johnsons !

(rires) Dans le mille ! Enfant, j’étais très gothique. Je me souviens danser sur Sisters Of Mercy, seul chez moi. Quant à Laurie Anderson, la première fois que j’ai entendu O Superman, je fus soufflé ! Pareil quand j’ai découvert le Golden Brown des Stranglers, à onze ans. Mon père m’a regardé, j’étais hagard et muet, et il m'a demandé : « Ca va Jamie ? ». Pour moi, ces musiques traduisaient un état sombre qui m’habitait et qui, pour la première fois pour moi, se conjuguait en musique. C’était comme accepter une dose d’injection létale, dans un sens !

Tu es capable de mixer la méditation et la sophistication dans tes compositions, comment se déroule le processus d’écriture chez toi ?

Tout démarre de manière automatique. Je m’assieds devant un enregistreur et je commence à jouer de manière presque hypnotique. Je ne construits pas, je n’écris pas de portées, je chante en m’accompagnant au piano, c’est tout. Cela donne souvent des enregistrements de plus de soixante minutes sur lesquels je ne retiens que les passages les plus émotionnels. Ceux, comme je te le disais, qui me ramènent à mes « Wasteland ».

Sur scène, tu joues avec les lumières, les costumes et la mise en scène, au-delà de ce que nous sommes habitués à voir avec la plupart des artistes. Qui crée ces costumes et cette mise en scène ?

J’ai tenté une seule fois de créer mes propres costumes de scène, c’était un désastre ! Il est très difficile de trouver dans la mode de tous les jours des styles qui vont représenter les émotions que tu aimerais mettre en scène. C’est pour cela que je pars souvent à la recherche de créateurs originaux qui savent envisager les connections émotionnelles entre ma musique et les vêtements que nous portons sur scène. La mode peut être superficielle, comme elle peut être le reflet d’un état et d’un message artistiques. »

On dit toujours qu’un deuxième album est difficile à fenregistrer parce que tout le monde t’attend au tournant. Notamment après le succès de Mirror Mirror. As-tu ressenti cette pression sur tes épaules ?

C’était vraiment très difficile. Certaines personnes ont rendu cette aventure quasiment impossible pour nous. Je parlerais même d’un véritable enfer pendant ces deux années ! Je suis d’autant plus chanceux parce que mes proches et mes camarades m’ont toujours soutenu pendant ces années-là. Je te préviens, on s’embarque dans une histoire qui va te paraître triste, mais j’ai vu ce que l’industrie musicale pouvait faire à certains artistes et ce n’était vraiment pas beau. Ils ont bien failli gagner en me plongeant dans une époque de doutes et de quasi-dépression, mais j’avais décidé qu’ils ne gagneraient pas et que je mènerais cet album jusqu’au bout. Cela dit, je pense qu’il est plus difficile pour un groupe de faire un deuxième album quand celui-ci tend à faire la même chose qu’avec son premier. C’est vrai que les temps sont durs pour tous les artistes actuellement et pour tout le monde en général avec cette crise généralisée. Ta question est difficile pour moi. Je suis un obsédé de la musique, un être obsessionnel, je dirais. J’ai mes défauts qui sont liés à ma folie, parfois et il était donc presque logique qu’à un moment donné, je me brûle les ailes.

Tu sembles avoir traversé des moments très difficiles, est-ce pourquoi nous avons dû attendre presque deux ans entre Nude sur scène, notamment à la Cité de la Musique en 2011, et la sortie de l’album ?

Beaucoup de mauvaises choses me sont arrivées...

Est-ce qu’il t’arrive de lire les critiques de ta musique ?

Oui, je les lis ! Parfois, quand ce n’est pas positif, ce n’est pas facile à accepter. Mais, si tu a créé quelque chose que tu ressens et qui te pousse émotionnellement, les critiques passent mieux. Si tu es dans un concept ou que tu suis un certain style que tu essaies de copier, cela doit être bien plus difficile d’accepter des critiques négatives sur ton travail. Mais, si ton œuvre n’est que le reflet de ta pensée profonde, alors tu peux accepter que quelqu’un ne soit pas d’accord avec toi.

Nude est pratiquement un manifeste politique anti-homophobie. Et ceci ne pouvait pas mieux tomber à un moment où une simple loi égalitaire réveille les rejets les plus répréhensibles chez certaines personnes. Aimerais-tu dédicacer Nude à tous ceux qui ont manifesté, parfois leur incompréhension, parfois leurs peurs envers les homosexuels ?

Avec joie ! Pour ne rien te cacher, une grande partie de mes difficultés à sortir mon deuxième album venait du fait que l’industrie du disque ne pouvait tolérer que ce disque soit si Gay ! J’ai dû faire preuve d’un grand courage et d’une grande ténacité pour y parvenir, même en Angleterre où, pourtant, il n’y pas eu de manifestations contre ce genre de loi, comme en France. Et cette dramatique histoire qui a eu lieu il y a peine trois jours me conforte dans le fait d’avoir eu le courage de lutter contre les préjugés : un jeune garçon s’est suicidé aux Etats-Unis par peur de faire son coming out. Je connais que trop bien cette situation pour avoir, moi aussi, pensé à mettre fin à mes jours, étant jeune, pour les mêmes raisons. Il faut continuer à le dire et à le chanter si possible, être gay, homme ou femme, ou être trans-genre aujourd’hui encore demande un courage sans bornes pour affronter une société conservatrice et mal informée. Mais il faut également chanter qu’être différent est une source de joies et de bonheurs indicibles. Si aucun parent, professeur ou ami ne sont à tes cotés quand tu découvres que tu as des orientations sexuelles différentes de celles qui sont admises, cela peut devenir mortel. L’acceptation est primordiale pour pouvoir vivre cette transformation qui peut survenir très jeune comme à l’age adulte. Si on va par là, un tiers de la population mondiale pourrait se suicider si personne ne les aidait à accepter leurs homosexualité, latente ou affirmée ! Beaucoup de gens m’ont dit : « Pourquoi être si revendicateur dans ton disque ? Pourquoi être si gay dans tes chansons ? Ta carrière pourrait en souffrir... ». Je préfère gâcher ma carrière et porter la voix de ceux qui ne reçoivent aucun soutien dans leurs différences que d’écouter ces gens-là. La pop musique, ça peut être autre chose que des culs, des seins et de l’argent ! En un sens, je me suis rendu compte que l’industrie musicale anglaise était très conservatrice, ce qui peut paraître paradoxal ou surprenant...

Dans quelles conditions recommandes-tu l’écoute de Nude ?

Je n’en sais rien (rires) ! Je suis déjà tellement heureux de penser que des gens puissent écouter mon disque... Quand j’étais adolescent, j’avais peu d’amis et je passais beaucoup de temps à écouter de la musique. Ou je m’isolais dans la salle de musique de l’école à essayer d’écrire des chansons et à m’inventer des mondes imaginaires, déjà ! Par contre, imaginer ou recommander où et comment écouter mon disque, c’est au-dessus de mes capacités (rires).

Sur un titre comme New World, on ne peut s’empêcher de penser au travail de Philip Glass...

Je suis définitivement un grand fan de Philip Glass. Il fait de la musique qui joue avec le temps, elle défile ou se répète à l’infini pour propulser les émotions.

Ce même titre, New World, raconte l’histoire d’un jeune homme exprimant sa fierté d’être gay et de faire son coming out. Penses-tu que nous sommes encore si passéistes qu’il faille encore démontrer qu’aimer un homme ou une femme, c’est la même chose ?

C’est là toute la difficulté de faire partie d’une minorité. Et quand la majorité, qui pense détenir la vérité, se focalise sur la minorité de part ses orientations sexuelles – ce que je peux comprendre en un sens – tu sais que le changement, ce n’est pas pour tout de suite ! Qu’il faudra du temps et des larmes pour changer les mentalités. C’est pourquoi je n’ai jamais pu franchir le pas du suicide quand j’étais plus jeune, la beauté d’aimer, quand tu es gay, vaut le coup de vivre pour en être un des portes paroles et pour, finalement, la chanter comme j’essaie de le faire. En tant que gay, quand il te faut rejoindre un groupe social, surtout quand il représente la majorité bien pensante et que tu cherches une identité, tu as intérêt à raisonner avec prudence pour ne pas recevoir, frontalement, le rejet des autres. Depuis toujours, les artistes gays mais aussi les noirs ou d’autres minorités rejetées ont du faire preuve de beaucoup d’intelligence ou de retenue... mais, au final, ce sont souvent ceux-là qui produisent les œuvres artistiques les plus puissantes. C’est donc aussi difficile que fascinant de faire partie de ces minorités.

Par rapport au fait d'avoir choisi Paris pour la première représentation de Nude sur scène, entretiens-tu une relation spéciale avec la France ?

Il existe un vrai sens musical avec un large spectre en France. Pour moi, la France a cette profondeur artistique qui peut donner des Jacques Offenbach comme des Jean Paul Gaultier ! Le romantisme, supporté par la passion sont constamment présents. En cela, les Français m’ont toujours soutenu dans ma musique car je pense qu’ils n’ont pas peur des choses nouvelles ou différentes.

Ta musique se retrouve souvent dans des spectacles de danses, que ce soit des ballets ou de la danse contemporaine. Tu as une affinité avec le monde de la danse ?

J’adore la danse ! Quand j’avais seize ans, j’avais une option dans le cours d’arts de mon lycée, à Scarborough, où la culture n’était pas très présente à part un magasin de disques en ville... J’avais cette professeur qui m’a fait découvrir la danse contemporaine et certains des meilleurs danseurs du moment. Je m’y suis donc mis et elle a tout de suite pensé que j’avais quelques talents dans ce domaine et qu’il fallait que je persévère dans cet art. J’aurais vraiment aimé continuer, mais j’ai choisi la musique. La musique et la danse ont des points communs dans le travail qu’elles demandent. La contraction des muscles du diaphragme, l’état de catharsis dans lequel elle te mettent ou l’impact sur le public qui regarde...

On a pu entendre ta musique dans le septième art également. Dans des courts-métrages comme des longs. Il est vrai que ta musique s’associe parfaitement au cinéma, mais ne crains-tu pas qu’on associe plus facilement la musique de The Irrepressibles à de la musique d’illustration plus qu’à un vrai groupe avec sa propre histoire ?

Il est vrai que nous faisons beaucoup de choses différentes... Je viens de chanter pour un groupe électro, mais je ne peux pas te dévoiler de qui il s’agit (rires). Je peux néanmoins te donner un autre nom avec qui je viens de travailler, il s’agit du DJ producteur anglais Rex The Dog (aka Jake Williams). Il vient d’enregistrer un titre sur le label de Fat Boy Slim qui sortira en avril. C’est amusant parce que je me sens vraiment comme un artiste pop, pourtant je fais beaucoup d’apparitions dans des projets qu’on peut considérer comme classiques. Je viens également de chanter dans un projet de type jazz fusion... Je m’intéresse à tellement de projets que je conçois la difficulté à mettre The Irrepressibles dans une petite boîte bien rangée et cela peut porter à confusion. Je ne me suis jamais considéré comme un vrai musicien, de toute façon, mais comme un chanteur à temps plein. Je peux composer pour beaucoup d’instruments, mais je n’ai pas assez confiance en moi pour me considérer comme un musicien... Un artiste, peut-être ? Comme le sont ma mère et mon frère qui évoluent dans la peinture.

Quelle est ta position sur le téléchargement illégal de musiques sur Internet ?

J’ai une position très controverse sur ce sujet. Je suis vraiment critique sur le téléchargement illégal sur Internet. Je me suis déjà sévèrement querellé avec des amis ou des inconnus sur des discussions Internet à ce sujet. On me dit que c’est un bon moyen de se faire connaître ou de faire connaître sa musique, mais je crois que c’est un leurre. Cela dévalue la nature et la valeur même de la création musicale. Certains diront que c’est comme une bibliothèque où tu peux jeter un œil sur l’ensemble de ce qui est proposé et ensuite choisir un disque et, finalement, l’acheter. Mais le font-ils ? Ce qui me rend triste, c’est de savoir que certains sont capables d’aller dépenser 3£ dans un Starbuck pour un café Latte et ne veulent pas dépenser 79 Pence pour un titre. Quand tu penses au temps, à l’énergie, aux larmes parfois et à l’argent que coûtent les disques, ou les films d’ailleurs, à créer... Et tout cet argent qui ne rentre pas ce sont les artistes qui en font les frais, pas les maisons de disques ! Tous les jours, des studios d’enregistrement ferment, des musiciens sont obligés de revoir leurs ambitions artistiques à la baisse et se passer de musiciens ou des instruments qu’ils voudraient utiliser. C’est pour cela, entre autres, qu’il y autant de musiques électroniques – et la diversité musicale s’en trouve gravement affaiblie. Un autre lieu commun consiste à dire que les gros artistes tuent les petits en aspirant tous les moyens de communication des majors. Cela est peut-être vrai dans une certaine mesure, mais ce sont aussi eux qui permettent aux jeunes groupes d’exister et d’être produits. Ce n’est pas parce qu’on légiférera le téléchargement sur Internet qu’on bridera la créativité, ça aussi ce sont des conneries ! On ne peut pas brider la musique, c’est dans sa nature d’être toujours créative. La musique est si puissante qu’elle peut te détruire. Et je sais de quoi je parle...