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Gravenhurst

Interview publiée par Alice le 4 juillet 2004

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Après un 1er album passé relativement inaperçu, Gravenhurst sort Flashlight Seasons, recueil de ballades folk et poétiques qui dépeignent un monde où il ne fait pas bon vivre. Rencontre avec Nick Talbot, chanteur et compositeur du groupe...

D'où vient le nom Gravenhurst ?

Nick : C'est le titre d'une chanson d'un groupe de Chicago qui s'appelle Pullman. Je commençais à faire des choses de mon côté et j'avais un concert de prévu, il fallait que je trouve un nom rapidement et je trouvais que Gravenhurst avait un côté un peu mystérieux donc j'ai opté pour ça et je n'ai pas changé après.

Comment t'est venu le projet Gravenhurst après la séparation d'Assembly Communications ?

Nick : En fait, je faisais les 2 à la fois. Vers la fin d'Assembly Communications, j'ai commencé à vouloir faire de la musique plus calme parce que c'était vraiment bruyant ce qu'on faisait avec le groupe, un peu entre les Smiths et My bloody Valentine. Mais je ne crois pas que beaucoup de gens aient pu entendre ce qu'on faisait parce qu'on n'a jamais sorti de disque.
La principale raison pour laquelle le groupe s'est séparé est qu'on a perdu notre bassiste dans un accident de voiture. Ca a été une expérience assez horrible et on n'a pas voulu continuer après ça. Mais d'une certaine manière, avec Gravenhurst, la boucle est bouclée parce que je reviens vers le son qu'on avait à l'époque de Assembly Communications, le côté live et bruyant. Je n'abandonne pas pour autant le côté "finger picking" mais ça devient plus dynamique, ce n'est plus juste le truc folk.

Il y a vraiment une différence entre l'époque Assembly Communications, qui était beaucoup plus bruyante comme tu dis, et Gravenhurst où tu retournes vers un son beaucoup plus folk. Comment expliques-tu cette évolution ?

Nick : Une des raisons est qu'avec Assembly Communications, on jouait très fort et on ne m'entendait quasiment pas chanter. Du coup, j'ai eu envie de faire de la musique un peu plus calme dans laquelle on pourrait m’entendre. En plus, à l’époque j'écoutais beaucoup de groupes comme My Bloody Valentine et vers la fin, un pote m'a fait connaître des trucs comme Low et Red House Painters donc je me suis petit à petit orienté vers ça. Mon objectif à long terme est de trouver un juste milieu entre le folk de Bert Jansch et Slint.

Est-ce que tu prévois de faire devenir Gravenhurst un véritable groupe avec un line-up bien défini ?

Nick : Oui, le line-up qu'on a maintenant est déjà assez solide avec Dave Collingwood, Paul Nash et moi.

Ton frère vous a rejoint aussi non ?

Nick : Oui, il a joué de la basse pendant un moment et puis un copain, Simon Grant, l'a remplacé après. En fait, je crois que tout le monde a fait parti du groupe à un moment ou à un autre! Mais le line-up qu'on a maintenant est vraiment solide. Dave et Paul contribuent énormément au son live de Gravenhurst. D'ailleurs, j'aimerai qu'ils participent à l'enregistrement en studio pour qu’on obtienne le même son mais c n'est pas pour tout de suite car ça coûte trop cher.

D'où vient le titre de ton nouvel album, Flashlight Seasons ?

Nick : J'écris beaucoup de poésie et j’aime bien parfois choisir des mots un peu au hasard qui me donnent des idées ou qui m'inspirent. J'ai trouvé que Flashlight Seasons sonnait vraiment bien même si ça ne veut rien dire en particulier.

Flashlight Seasons a un côté très sombre et mélancolique, pourquoi un disque aussi noir ?

Nick : Ce n'était pas vraiment une décision de ma part, c'est ce qui m'est venu naturellement. J'ai du mal à écrire sur des choses agréables et positives.
Mais c'est assez bizarre parce que lorsque quelqu'un fait un film qui parle de la condition humaine ou de choses assez noires, on ne va pas dire que son film est sombre et dépressif ou même que lui est dépressif. Alors que dès qu'il s'agit de musique, on dit que l'artiste est mélancolique. C'est quelque chose que j'ai du mal à comprendre, c'est comme si on ne prenait pas la musique au sérieux.

Oui mais quand on écoute cet album, on sent qu'il y a une atmosphère quand même très sombre...

Nick : Il y a beaucoup d'émotions différentes qui apparaissent sur le disque, comme la colère et l'espoir aussi... quelque part ! Je pense que la chanson Hopechapel Hill a de l'espoir, même si ce n'est peut-être pas évident à voir ! Mais c'est vrai qu'il y a un côté sombre dans ce disque simplement parce que ça ne m'intéresse pas d'écrire sur des choses positives. Pour moi, le monde n'est pas un endroit très agréable à vivre et mêmes les choses positives semblent cacher quelque chose de mélancolique. Beaucoup de groupes pop écrivent des chansons sur des thèmes joyeux avec un message positif mais ce n'est pas trop mon truc.

Ton 1er album, Internal Travels et Flashlight Seasons ont tous les deux reçu d'excellentes critiques dans des magasines comme le NME, Mojo, Venue Magazine... Est-ce que tu t'attendais à une réaction aussi positive de la part de la presse ?

Nick : Non, je ne m'y attendais pas du tout. Je trouvais personnellement que c'était un bon disque mais je ne pensais vraiment pas que le NME aimerait, ou même Mojo d'ailleurs. En fait, je ne m'attendais pas à ce que ça plaise à la presse en générale ! Lorsque Internal Travels est sorti sur Silent Age Records, je ne pensais pas qu'il aurait du succès, et quand j'ai vu que les 500 copies qui avaient été sorti en France s'étaient bien vendues, ça m'a beaucoup étonné.
Mais en fait, je n'y ai jamais vraiment réfléchi. Je voulais simplement trouver un accord avec un plus gros label pour que le disque puisse être sorti à une plus grande échelle. Bien sûr, ça me touche beaucoup que les gens aiment cet album mais ce qui me touche encore plus, c'est qu'on comprenne de quoi ça parle. J'ai lu beaucoup de critiques où on voyait bien que les mecs n'avaient pas compris le disque et ne l'avaient sans doute même pas écouté et pourtant ils étaient enthousiastes. Je n'arrive toujours pas à savoir si ces personnes ont détesté ce disque ou s'ils l'ont vraiment compris. The Observer a comparé Gravenhurst à Belle & Sebastian, ce que je trouve très bizarre, et ça, c'est le type de journal que je lis !

Flashlight Seasons était sorti il y a un an sur ton label Silent Age Records et il ressort ces jours-ci chez Warp Records qui est un label connu pour produire plutôt de la musique électronique. C'est un choix qui peut sembler étrange non ?

Nick : J'ai eu envie de travailler avec eux parce que c'est vraiment un bon label et c'est un des rares qui soit indépendant et qui ait assez d'argent pour faire les choses bien et mettre en avant les artistes. Par contre, je crois que c'est un peu un mythe qu'ils sont uniquement un label de musique électro. Ils ont aussi produit pas mal de hip-hop et de choses comme ça.

Tu es à la tête de Silent Age Records, un label qui produit pas mal de groupes de Bristol. Comment gères-tu le fait d'être à la fois producteur et artiste ?

Nick : Silent Age Records n'est pas un gros label. Il y a tellement de groupes géniaux à Bristol mais aucun n'arrive à se faire entendre et ça parait même inutile d’envoyer des demos aux maisons de disques parce qu'ils n'ont pas le temps d'écouter. Chez Warp par exemple, ils ont des piles de démos qu'on leur envoie mais ils ne peuvent même pas en écouter la moitié. Du coup, j'ai voulu monter un truc pour que les groupes que je trouve vraiment bons puissent se faire connaître. Mais bon, de là à parler d'un label ! C’est marrant parce que dès qu'on parle un peu de toi dans la presse, on te prend au sérieux et on parle de label. Mais en ce moment, je n'ai pas trop le temps de m'occuper de Silent Age Records parce que je suis très occupé avec Gravenhurst.

J'ai entendu des rumeurs à propos d'un nouvel EP pour l'automne...

Nick : oui, c'est vrai. Il est presque prêt, il y a encore juste 1 ou 2 chansons que je dois enregistrer.

Et est-ce que ça va s'inscrire dans la même ligné que tes deux premiers albums ?

Nick : Ca va être encore plus sombre que Flashlight Seasons ! Plus sombre et plus bruyant ! Il y a dedans des éléments très folk du genre de Flynn comme je l'ai dit tout à l’heure. Quoi qu'il en soit, ceux qui pensent que Flashlight Seasons est un disque sombre risquent d'avoir un problème avec celui là !

Est-ce que tu prévois de faire une tournée en Europe et de passer par la France dans le courant de l’année ?

Nick : Oui ! Je vais revenir à l'automne, à peu près à la même période que la sortie du prochain EP. On va faire plein de dates en Europe, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Pour finir voilà le questionnaire Sound Of Violence. Quel est ton ... préféré ?

Groupe

C'est super dur comme question ! Si je pouvais en choisir une dizaine, ça irait mais là !! Je suis un fan de Scott Walker. Il a l'air d'être un mec assez horrible et effrayant, et je dois dire que je n'aimerais pas le rencontrer, mais sa musique est géniale. Mais c'est difficile de répondre parce qu'il y a des disques que tu écoutes en boucle pendant une certaine période à tel point qu'après tu ne peux plus les écouter. Dans les groupes contemporains, j'adore War Against Sleep, ils sont de Bristol et on est devenu copains. Eux sont sur le label Fire Records.

Chanson

Non, je ne pourrais pas dire, je n'ai pas de chanson préférée.

Livre

From Hell de Alan Moore, je crois que c'est le livre que j'ai le plus lu. J'adore tous les livres qu'il a écrit en fait comme Watchmen.

Film

Non, je ne crois pas que j'ai de film préféré. Mais le film qui m'a le plus marqué récemment est Going Darker.

Lieu pour donner un concert

J'ai hâte de jouer à Amsterdam parce que comme ça, je pourrais fumer autant que je veux ! Sinon, j'ai très envie de faire des concerts en Europe parce que j'ai vraiment eu des réactions très positives. Je trouve que les européens sont beaucoup trop gentils avec les groupes britanniques, en Angleterre, les groupes sont très hypocrites et pas sympa du tout les uns envers les autres. Alors que dans le reste de l'Europe, j'ai l'impression que les gens sont beaucoup plus ouverts.

Equipe de foot

je ne m'intéresse pas du tout au foot.