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Mogwai

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 13 janvier 2014

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C'est la seconde fois en un moins d'un an que Sound Of Violence a rencontré Stuart Braithwaite, le leader de Mogwai, accompagné aujourd'hui du guitariste John Cummings. Les deux écossais nous parlent de Rave Tapes, de la future réédition de Come On Die Young, de Zidane et de bien d'autres choses encore...

Vous avez sorti deux albums en moins d’un an. Mogwai ne peut pas arrêter d’enregistrer de la musique ?

John Cummings : Ça nous permet de ne pas rester inactifs (rires). Je pense que nous serions capables de rester cinq ans sans rien enregistrer comme certains autres groupes. Les choses viennent juste spontanément. On ne se demande pas si on va faire un nouvel album, on fait un nouvel album et c’est tout.
Stuart Braithwaite : En fait, lorsque nous entrons en studio, nous ne sommes pas vraiment préparés pour réaliser un album. Nous ne savons pas vraiment quelle tournure il va prendre. Nous nous laissons aller et finalement quelque chose ressort de nos travaux, en l’occurrence un nouveau disque.

Il y a tout de même peu de chance que vous mettiez autant de temps que My Bloody Valentine pour sortir un nouveau disque après celui-ci...

Stuart Braithwaite : Il y a peu de chance que ça arrive... pour le moment.

Remurdered, le premier extrait de Rave Tapes, n’est pas réellement représentatif de l’album. C’est le morceau le plus long du disque et il est assez électronique avec notamment ces claviers très seventies. Pourquoi ce choix ?

Stuart Braithwaite : Je pense que nous avons décidé de dévoiler ce morceau en premier parce que c’est une bonne chanson. C’est un titre qui risquait d’avoir un impact sur le public. Nous voulions quelque chose qui a de la pêche, et qui finalement brouille un peu les pistes par rapport au contenu de ce nouveau disque.

Je m’attendais à ce que l’album soit plus électronique. Mais finalement ce n’est pas le cas, pas plus que pour les deux albums précédents. Il y a aussi le fait que vous sortiez pas mal de remixes qui a provoqué cette attente. Cela ne vous tente pas de sortir un disque complétement électronique ?

John Cummings : J’aime la vraie batterie et c’est de la batterie électronique que tu trouves sur l’album. Nous avons utilisé pas mal d’instruments électroniques sur ce disque, bien plus que par le passé, même s'ils sont plutôt anciens.
Stuart Braithwaite : Nous dépensons pas mal d’argent en guitares. Ce serait vraiment un gâchis de ne plus les utiliser (rires).

Heard About You Last Night, la plage d’ouverture, est un morceau très mélancolique. C’était important pour vous de commencer l’album avec celui-ci ?

Stuart Braithwaite : Il est important de choisir l’ordre dans lequel les morceaux vont être positionnés dans l’album. La juxtaposition de ceux-ci ne doit pas être négligée. Le premier morceau doit refléter d’une certaine manière la tonalité de ce que sera le reste du disque. Si nous avions commencé par un autre titre, le reste de l’album serait probablement différent de ce qu’il est. Le démarrage de l’album est un moment très important. Pour nos disques, nous essayons toujours de trouver le meilleur ordre possible pour le positionnement des morceaux.

Il semblerait que le côté très sombre de la musique de Mogwai ait disparu. On ne trouve pas de compositions telles que Mogwai Fear Satan dans Rave Tapes. Êtes-vous plus heureux actuellement que vous ne l’étiez à l’époque de ce morceau ?

Stuart Braithwaite : (rires) Je me sens plutôt heureux actuellement, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir été vraiment malheureux à cette époque. Je pense que c’est un peu difficile d’associer le bonheur dans la musique et le bonheur personnel. Faire de la musique me rend heureux. Le fait de composer de la musique qu’on qualifiera de triste mais qui fonctionne parfaitement me rend heureux. Tu vois ce que je veux dire ?

Vous n’avez pas sorti de single physique extrait de Rave Tapes pour le moment. C’est pourtant quelque chose dont vous êtes assez coutumier. Est-ce votre choix ?

Stuart Braithwate : Nous sommes arrivés à une époque où sortir un single n’a plus vraiment de sens. Les gens n'en achètent quasiment plus, et ça devient presque inutile de presser ce format, d’autant que les coûts de productions sont assez élevés. Un single coûte la moitié du prix d’un album et en termes de qualité ce n’est pas aussi bon que la moitié d’un album. Le concept du single en soit n’est pas mort et certains fans continueraient à acheter ce qu’on sortirait sous ce format, mais, à mon sens, ce n’est plus vraiment d’actualité de continuer de la sorte. Nous vendrons toujours beaucoup plus d’albums que de singles, alors je ne pense qu’il faut continuer ainsi.
John Cummings : Oui, il y a un côté un peu désespérant dans le fait de sortir des singles. Les coûts de production et les prix de vente sont devenus vraiment très élevés. Ça n’a plus de sens. L’internet a vraiment bouleversé l’industrie de la musique et les singles en font, notamment, les frais.

D’où proviennent les dialogues que l’on peut entendre dans Repelish?

Stuart Braithwaite : C’est un de nos amis qui récite un extrait d’une ancienne émission de radio où un type parlait de Led Zeppelin et de cette musique qu'il qualifiait de satanique.
John Cummings : Ce sont souvent nos amis qui contribuent à nos enregistrements. Ils racontent d’ailleurs souvent des conneries (rires). On aime bien cela !

La première moitié de Blues Hour sonne vraiment comme une chanson. C’est toi qui chante Stuart. Tu n’as jamais envisagé de faire un album de chansons voire un disque unplugged ?

Stuart Braithwaite : Non. Je devrai écrire beaucoup trop de textes alors que mon truc c’est surtout de jouer de la guitare. Je veux bien sûr dire de la guitare électrique. Alors non !

Même avec Aidan Moffat (ex-Arab Strap) ?

Stuart Braithwaite : Surtout avec Aidan ! (rires)

C’est une question qui revient régulièrement. Quand va sortir la réédition Deluxe de Come On Die Young ?

Stuart Braithwaite: Très bientôt. Nous avons remasterisé pas mal d’anciens enregistrements. La réédition est prête à 90%. Il nous reste juste à choisir les morceaux qu’on va inclure dessus et recevoir l'artwork. Ensuite tout sera prêt.

Et qu’en est-il de la bande originale du documentaire sur la Hudson River ?

Stuart Braithwaite : Ils devaient commencer à filmer le documentaire au moment de Halloween. Mais finalement ils ont raté le coche. De ce fait, ils filmeront en 2014 et une fois que ce sera terminé nous attaquerons la bande son. Donc ce ne sera probablement pas avant 2015.

Avez-vous déjà composé la bande son de la saison 2 de la série Les Revenants ?

John Cummings : Oui, on a un peu de matériel pour cette nouvelle saison. On avait déjà composé juste après avoir terminé d'enregistrer la bande originale de la première saison, car nous avions une certaine idée de la suite à apporter au premier chapitre. Mais une fois encore nous ne l’enregistrerons pas avant la fin 2014.

Stuart, tu m’avais dit lors de notre dernière rencontre qu’il n’y aurait probablement pas de second disque pour Les Revenants. Tu confirmes ?

Stuart Braithwaite : Je ne peux pas te l’assurer à 100% mais ce n’est pas à l’ordre du jour.
John Cummings : Ce serait très étrange d’avoir une nouvelle bande son de cette série avec de toutes nouvelles compositions. Les séries généralement fonctionnent avec le même thème musical sur plusieurs saisons. A mon avis, il y aura trois ou quatre nouvelles compositions pour la seconde saison et non pas un album.

D’où vient le titre de l’album ? Y-a-t-il une quelconque connexion avec la musique qu’on pouvait entendre dans les raves ?

John Cummings : Il n’y a pas de connexion musicale avec les raves. C’était juste de la dance dans les années 90. Nous ne sommes pas intéressés par cette musique, c’est simplement un clin d’œil.
Stuart Braithwaite : Je pense que musicalement nous sommes toujours très éloignés de ce qu’on pouvait entendre dans les raves (rires).

Pour la bande son des revenants, tu m’avais expliqué que les titres des morceaux étaient choisis au hasard, sans signification particulière. Ça a été la même chose pour Rave Tapes ?

Stuart Braithwaite : On a fait davantage d’efforts en ce sens afin de donner le titre qui s’accordait le mieux avec la musique. Mais encore une fois, il n’y a pas de lien direct entre le titre et la chanson. Pour Les Revenants, nous devions donner un titre aux morceaux en dernière minute, c’est pourquoi tout s’est fait sans aucune réflexion.

Vous avez donné des concerts l’été dernier consacrés à la bande originale du documentaire Zidane : A 21st Century Portrait que vous aviez composée en 2006. Comment ça s’est passé? Pourquoi n’avez-vous pas donné un tel concert à Paris ?

Stuart Braithwaite : Personne ne nous a demandé de donner un concert consacré au film à Paris. La plupart du temps, lorsque c’est possible, nous acceptons de donner des concerts lorsqu’on nous le demande. Mais là il n’y a rien eu de tel. Nous nous attendions à jouer cet album pendant quelques semaines un peu partout. En définitive nous n’avons donné que quatre représentations. Nous avons finalement reçu de nouvelles offres pour l’été prochain mais nous allons devoir de nouveau répéter les morceaux car ceux-ci nécessitent vraiment d'être plus méticuleux que sur nos albums d’une manière générale.
John Cummings : Ça s’est plutôt bien passé. On a bien travaillé les morceaux en répétition et c’était très sympa de jouer ce disque sur scène.

Mogwai aura bientôt vingt ans d'existence...

Stuart Braithwaite : Oui et nous devons boire un coup pour fêter ça ! (rires)

Si vous deviez choisir un album dans votre discographie, lequel prendriez-vous ?

John Cummings: Logiquement, je devrais répondre Rave Tapes mais je vais choisir le premier, Young Team.
Stuart Braithwaite: Je dirai l’album de Peel Sessions, Government Commissions : BBC Sessions 1996-2003, parce que les morceaux sont joués en live.
John Cummings : Je prendrais alors notre album live, Special Moves. Nous nous sommes beaucoup appliqués sur ce disque pour qu’il ait une énorme puissance sonore. Bien plus que sur nos autres disques (rires).