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Blood Red Shoes

Interview publiée par Cyril Open Up le 6 mars 2014

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Quelques semaines avant la sortie de leur album éponyme brut et puissant, nous sommes allés à la rencontre des deux membres de Blood Red Shoes, Laura-Mary Carter et Steven Ansell. Ils nous parlent en toute décontraction de leur envie d'enregistrer en-dehors de l'Angleterre et de jouer dans des festivals français cet été, entre autres choses.

Cela fait bientôt dix ans que vous avez formé Blood Red Shoes...

Steven : Oui, en septembre prochain, cela fera dix ans.

Allez-vous faire quelque chose pour célébrer cela ?

Steven : Je ne sais pas ce que nous pourrions faire mais il faudra que l'on fasse quelque chose.
Laura-Mary : Oui, il faudrait que l'on fasse quelque chose...

Je pense que la principale raison pour laquelle notre groupe dure est qu'on a toujours fait les choses à notre façon.

Imaginiez-vous que le groupe pourrait durer aussi longtemps quand vous l'avez formé ?

Laura-Mary : Non, mais on ne pensait pas vraiment à cela donc je ne sais pas trop. Je savais juste que ce que nous faisions ensemble était bien.
Steven : Oui, on le sentait plutôt bien mais si tu étais venu me voir à l'époque pour me dire qu'on serait toujours là dix ans plus tard à sortir notre quatrième album et tourner dans le monde entier, je t'aurais répondu « Ok, super » mais je n'aurais pas vraiment imaginé que c'est ce qu'il se serait passé. Tout cela n'a jamais été calculé, on a juste fait ce qu'on voulait faire et voir où cela irait. On est juste monté dans la voiture, on a appuyé sur l'accélérateur et voilà ce que cela a donné.
Laura-Mary : Je pense que la principale raison pour laquelle notre groupe dure est qu'on a toujours fait les choses à notre façon.
Steven : Oui, je crois qu'on est assez indépendants. Nous n'aimons qu'on vienne nous dire de faire les choses autrement que comment nous les avions pensé. Je pense que cela nous a aidé à avancer sans faire trop de conneries contrairement à d'autres groupes qui restent ensemble pour continuer à se produire sous un nom mais qui se compromettent. On ne veut pas se laisser influencer et prendre une mauvaise direction tant qu'on sent qu'on est sur la bonne voie.
Laura-Mary : Et on aime toujours ça, je pense que c'est le point essentiel. Tellement de groupes continuent juste par nécessité, de notre côté, nous avons toujours un amour passionnel pour ce métier et peut-être même encore plus qu'à nos débuts.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Steven : On ne se connaissait pas quand on était plus jeunes. On jouait tous les deux dans des groupes punk. La scène underground punk DIY anglaise est assez petite. Laura était à Londres et moi à Brighton, ces deux villes sont assez proches et on allait voir les concerts des groupes de chacun. Je ne dirai pas qu'on soit devenu amis. On s'est rencontré, on aimait la musique que chacun faisait, on est resté en contact par mail et on s'est dit qu'on essaierait de jouer de la musique ensemble. Le jour où cela s'est produit, on a su que l'on faisait quelque chose de spécial, on a donc continué car c'est ce qu'il nous semblait devoir faire et cela fait dix que cela dure.
Laura-Mary : Oui, quand je repense à ce moment où on a joué ensemble la première fois, cela fait très bizarre de voir comment les choses ont évolué. C'était assez fou, vraiment. J'avais 19 ans, j'étais assez timide et cela m'a pris un peu de temps avant de pouvoir jouer avec une personne que je ne connaissais pas si bien mais quelqu'un m'y a poussé en me disant que c'était une bonne idée.
Steven : Il fallait prendre ce risque et essayer.
Laura-Mary : Oui, si cela n'était pas arrivé, je ne sais pas ce que je ferai aujourd'hui.

Je trouve votre nouveau disque complétement fou...

Steven et Laura-Mary : (éclats de rire)

De mon point de vue, c'est le meilleur des quatre...

Steven : Oh ! Cool, merci. C'est mon préféré mais le dernier est toujours celui que je préfère parce que c'est le présent.

Vous avez choisi Berlin pour l'enregistrer, cela peut sembler assez « cliché »...

Steven : Oui, ça l'est totalement, je suis d'accord.

Le risque et le chaos nous poussent à la création.

Quelles sont les raisons qui vont ont fait choisir cette ville ?

Steven : On a choisi Berlin pour tous les clichés qui ont poussé d'autres groupes à choisir cette ville avant nous. C'est un endroit cool et créatif où tu peux trouver des lieux où faire du bruit pour pas cher. Il y a beaucoup de bâtiments industriels que tu peux louer là-bas et où tu peux jouer très fort et personne ne t'entendra et ne se plaindra.
Laura-Mary : On voulait venir enregistrer à Paris mais on n'a pas trouvé d'endroits où il y avait suffisamment d'espace et où on pourrait faire pas mal de bruit. On avait ensuite envisagé d'aller en Belgique.
Steven : Il a aussi été question d'Amsterdam.
Laura-Mary : On a toujours voulu s'installer à Berlin pour quelques temps.
Steven : Berlin a toujours été une des villes où nous préférons jouer. Il y a pas mal d'endroits intéressants. Mais, la principale raison qui nous a poussés à enregistrer là-bas, ce n'est pas Berlin en premier lieu, on voulait juste se casser d'Angleterre. On ne voulait pas faire un album supplémentaire là-bas. On a écrit et enregistré nos trois premiers disques chez nous. On est un groupe qui tourne dans le monde entier et nous souhaitions nous imprégner des différentes atmosphères que l'on peut ressentir lors d'une tournée. Quel aurait été l'intérêt de faire encore un disque dans notre propre pays !
Laura-Mary : Je ne pense pas que nous ferons le suivant en Angleterre.
Steven : Je n'en ai vraiment pas envie non plus(rires).
Laura-Mary : Je pense que le changement a du bon. Peu importe où ce soit pourvu que tu ne soies pas enfermé au milieu des même quatre murs pour chaque disque.
Steven : Il faut changer. Je crois que nous sommes accrocs aux changements. Il faut toujours que l'on se mette en situation de prise de risque ou qui nous fasse ressentir que l'on fait quelque chose de différent. Si nous avons l'impression de savoir à l'avance comment cela va se passer, cela n'est pas excitant, on a besoin de changer quelque chose pour ajouter une part de difficulté. Le risque et le chaos nous poussent à la création. Pour le nouveau disque, nous étions obsédés par le fait d'écrire des chansons comme on ne l'avait pas fait auparavant, en mettant le chant plus avant ou en réfléchissant à de nouvelles harmonies pour la guitare par exemple. On voulait se sentir mal à l'aise, s'éloigner de notre façon de travailler habituelle. On a tout enregistré nous-mêmes sans aide extérieure. C'était vraiment le challenge de cet album.
Laura-Mary : On a cherché à être plus spontanés et courageux, sans trop réfléchir.

Vous devez un peu mieux connaître Berlin maintenant, avez-vous quelques bonnes adresses à conseiller ?

Steven : Oui, pas mal de gens ont pensé que l'on ferait la fête tous les soirs pendant six mois...
Laura-Mary : Mais on ne peut pas se permettre ça quand on enregistre un disque.
Steven : On a pas mal enregistré de nuit ce qui nous a aussi empêché d'aller à des techno parties de trois jours. La nuit est plutôt un bon moment pour être en studio. On passait la journée à explorer Berlin. J'ai pas mal aimé le marché aux puces où tu peux trouver des choses vraiment cool, on est également allés dans des galeries et des musées.
Laura-Mary : On a aussi bien mangé.
Steven : Oui, on a très bien mangé et on a aussi appris l'histoire de la ville. La division entre l'est et l'ouest m'a fasciné ainsi que tout ce qui rapporte au mur de Berlin. Cela a d'ailleurs inspiré les paroles de l'une des chansons. On avait donc nos endroits pour sortir en journée mais cela n'était pas des lieux pour faire la fête toute la nuit.

Votre disque est sans titre, est-ce parce que vous n'aviez pas d'idée pour le nommer ?

Steven : Non, ce disque a un titre. Il s'appelle Blood Red Shoes pour une raison. Tout d'abord, parce que c'est nous qui l'avons réalisé, personne ne nous y a aidé. Jusqu'à présent, nous avons cherché à savoir qui nous étions et ce que nous faisions. Ce groupe est comme une personne qui grandit. Quand tu démarres, tu es un bébé et tu n'as pas encore de personnalité. Tu as peut-être une petite personnalité mais cela n'est pas encore figé. Cet album est donc le plus proche de nous. Et le fait d'appeler le disque Blood Red Shoes est de signifier « maintenant, nous voilà ». Nous avons passé trois albums à grandir et voir ce qui se passait. Mais, pour moi, c'est un peu comme s'il s'agissait de notre premier disque. Je vais certainement changer d'avis après le prochain album mais c'est comme cela que je le ressens aujourd'hui (rires).

Avoir placé un puissant titre instrumental qui se nomme Welcome Home en début de disque, c'est un peu une façon de dire « prenez garde, nous sommes de retour » ?

Laura-Mary et Steven (en choeur) : Oui.
Laura-Mary : C'est une bonne façon de montrer de quoi cet album est fait. C'est fort, rapide, agressif et tu vas le prendre en pleine face. C'est un moyen de te réveiller plutôt que de faire une longue introduction atmosphérique, on a préféré débuter avec un morceau brutal et je pense que ça fonctionne bien.
Steven : L'idée de ce premier titre, c'est un peu de dire « hello, allez vous faire foutre, c'est parti » (rires). Et le morceau s'appelle Welcome Home pour signifier notre retour, oui.
Laura-Mary : Et c'est aussi une bonne manière de nous présenter et de dire ce que nous sommes.
Steven : Oui, quand on a débuté ce groupe, nous avons sorti quelques 45 tours que nous enregistrions nous-mêmes. On était très lo-fi et on produisait tout cela tous les deux dans une pièce en 2005 et 2006. Après cela, on a eu des producteurs et on a tourné dans le monde entier et c'est un peu comme si on avait fait le tour du cercle. On s'est donc retrouvé Laura et moi dans une pièce à faire comme bon nous semble et à pousser le volume au maximum.
Laura-Mary : Sauf qu'entre-temps, on a appris pas mal de choses et qu'on a plus d'expérience.
Steven : Oui, ce morceau signifie qu'on est de nouveau dans la place.
Laura-Mary : Oui, mais plus vieux(rires).
Steven : Plus vieux mais moins sages (rires).

Vous ne trompez pas les gens sur la marchandise, la pochette où figure un volcan qui fume représente bien ce que l'on peut s'attendre à trouver dans le disque ?

Laura-Mary : Le volcan est le visage de ma soeur. C'est un ami qui a réalisé l'artwork. L'idée est de ne pas se fier aux apparences. Certains y voient un volcan, d'autres un visage. Je suis contente que tu n'aies pas remarqué que c'était aussi un visage.
Steven : Les gens voient toujours l'un mais pas l'autre. C'était ça l'idée.

Dans la chanson Far Away, Steven, ta voix ressemble à celle du leader du groupe hollandais Alamo Race Track, connais-tu ce groupe ?

Steven : Non, je ne les connais pas. C'est vrai que cette chanson est un peu étrange. Je ne chante jamais comme cela d'habitude, là c'est plus bas que d'habitude. Au départ, c'était Laura qui devait la faire et je lui ai proposé de chanter sur les parties calmes. Je n'étais vraiment pas à l'aise sur ce titre et j'ai trouvé cela assez dur. J'avais une idée assez précise pour le texte. Les paroles ont été très faciles à écrire mais pour trouver la façon de les chanter, pas seulement en criant, cela a été une autre histoire... Et c'est une bonne chose en fin de compte.

Je n'aime pas les paroles qui ne veulent dire qu'une seule chose.

Appeler une chanson Behind A Wall tout en étant à Berlin, vous avez forcément fait cela intentionnellement ?

Steven : Oui (rires). Bien évidemment, cette chanson fait référence à Berlin mais cela n'est pas si simple que cela. Je n'aime pas les paroles qui ne veulent dire qu'une seule chose. Cela ne me dérange pas que d'autres le fassent mais je ne peux pas écrire des paroles trop noir et blanc.
Laura-Mary : C'est mieux que les gens puissent interpréter comme ils le souhaitent. Dans cette chanson, tu peux penser à Berlin mais cela peut aussi te renvoyer à une personne. Quel est le mot déjà ?
Steven : Une métaphore.
Laura-Mary : Oui, une métaphore.
Steven : Ces paroles ont été écrites la première fois que l'on est venus à Berlin. On découvrait la ville. C'était une période où il faisait très froid avec un hiver très long et même au mois de mars, il faisait très sombre tout le temps. Il faisait gris, il neigeait. Tu ne pouvais pas vraiment voir la ville telle qu'elle est. Cela lui donnait un côté mystérieux. Quand tu essaies de connaître quelqu'un, cela est un peu pareil en fait. Cette chanson parle donc aussi de la découverte d'une personne cachée derrière un mur. Un bon ami berlinois nous a expliqué comment il a grandi à Berlin Est. Il était adolescent quand le mur est tombé. Il nous a expliqué tous les changements qui sont arrivés, ce que cela faisait de vivre dans une ville coupée en deux, des familles qui ont été séparées par le mur... Toutes ces idées ont fait leur chemin dans ma tête et cette chanson fait référence à tout cela. Ce n'est pas aussi simple qu'une chanson qui parlerait uniquement du mur de Berlin. Je ne saurais pas l'écrire.

Speech Coma est-elle une chanson sur vous ?

Steven : Je ne sais pas du tout, c'est Laura qui l'a écrite. De quoi parle cette chanson ?

Je l'ai interprétée comme étant une chanson sur vous quelque part. Pendant que vous êtes en train d'écrire, un peu comme dans les paroles, on ne vous entend plus...

Steven et Laura-Mary : (éclats de rire)
Laura-Mary : Non, cela ne parle pas de ça. Je ne sais pas, je n'y pense pas trop.
Steven : Tu as improvisé ces paroles, elles ont été écrites très vite sur l'instant.
Laura-Mary : Oui, et parfois les paroles sortent et ce sont juste des choses que je ressens sur l'instant et que je ne pourrai pas exprimer autrement. C'est difficile pour moi d'en parler, Steven est plus à l'aise avec ça.
Steven : Si certains sont musiciens, c'est parce que c'est le langage avec lequel ils sont le plus à l'aise. Ils arrivent mieux à s'exprimer avec un instrument qu'avec leur discours. C'est vrai que je parle beaucoup et que je suis plutôt à l'aise avec ça mais lorsque je joue d'un instrument j'ai l'impression de m'exprimer plus clairement que lorsque je parle.
Laura-Mary : Tu parles plus clairement que moi lorsque tu réponds aux questions. Steven répond souvent la même chose que ce que j'aurais pu dire mais tu t'exprimes de façon plus compréhensible.
Steven : Oui, j'essaie souvent d'expliquer ton point de vue à quelqu'un pour t'aider, c'est ce que je viens de faire.
Laura-Mary : Oui, comme toujours (rires).

Je ne vais pas vous surprendre en vous disant que cet album est assez brut et puissant ...

Steven : Non, c'est définitivement le plus puissant et le plus brut.

L'avez-vous enregistré en pensant à ce que cela pourrait donner sur scène ?

Laura-Mary : Non, on n'y pense pas vraiment et l'énergie que l'on peut dégager à certains instants sur scène ne se retrouve pas forcément sur disque. Il peut aussi y avoir quelques petites erreurs qui font que chaque concert est unique. Je crois qu'on a essayé de concilier énergie et spontanéité sur ce disque. Le précédent était très contrôlé, tout était à sa place, c'est ce que nous voulions à l'époque. Mais on veut toujours du changement dans ce que nous faisons. On était en tournée aux États-Unis à ce moment-là, on faisait de très bons concerts.
Steven : Cela nous a beaucoup influencés dans notre approche pour cet album.
Laura-Mary : Oui, cela nous a pas mal influencés. On a fait des chansons pop mais qui sont un peu cachées (rires). Elles sont enfouies sous les distorsions et d'autres trucs (rires).

Laura-Mary, sur le titre Grey Smoke, tu chantes et on t'entend également faire les chœurs en même temps, comment vas-tu procéder lors des concerts ?

Steven : Il n'y aura de chœurs pendant les concerts.
Laura-Mary : Oui, cela n'est pas très grave, cela sera juste un peu différent.
Steven : Ces chœurs ne te manqueront pas de toute façon car la guitare sera super forte.

Le premier concert de votre tournée est à Paris...

Steven : Oui, c'est vrai comme pour la tournée précédente je crois.

Est-ce un choix de votre part ?

Steven : Non, cela n'est pas un choix mais cela fait sens car quand tu quittes l'Angleterre, le premier pays où tu arrives est la France. Mais cela n'est pas exactement la vérité car nous faisons un concert en Angleterre la veille pour nous échauffer et nous rappeler ce que cela fait de monter sur une scène et ensuite on viendra jouer à Paris. On n'a pas fait exprès mais c'est la seconde fois que cela arrive. Paris a droit à la primeur du show.

La tournée s'arrête début mai pour le moment, allez-vous jouer dans des festivals cet été ?

Steven : Oui, la tournée européenne s'arrête début mai.
Laura-Mary : Oui, ensuite nous irons aux États-Unis avant de revenir en Europe.
Steven : On jouera ensuite dans quelques festivals. Je ne sais plus s'il y a des festivals français au programme.
Laura-Mary : J'aimerais beaucoup.
Steven : J'espère qu'il y en aura, pour l'album précédent, je ne me rappelle pas avoir joué dans un seul festival en France. Je crois qu'aucun festival français ne nous a invités. J'aimerais beaucoup rejouer à Rock En Seine. On y a joué en 2009 et c'était très cool.
Laura-Mary : Oui, n'importe lequel.

Quels sont vos festivals préférés et pas spécialement en France ?

Steven : Pukkelpop en Belgique, c'est si bien.
Laura-Mary : Je ne sais pas, il y en a tellement. On a joué dans quelques festivals assez nouveaux l'année dernière en Corée du Sud, à Taïwan.
Steven : Oui, c'est fou qu'il y ait des fans de Blood Red Shoes là-bas.
Laura-Mary : J'aime beaucoup Reading.
Steven : Oui, Reading c'est extra.
Laura-Mary : Ce serait aussi bien de faire Glastonbury comme le festival reprend.
Steven : Le festival reprend ? Et quelles sont les têtes d'affiche ?
Laura-Mary : On ne sait pas encore.
Steven : Pour être honnête, tous les festivals sont agréables à faire. Je ne crois pas avoir de mauvais souvenir. Il se peut qu'un truc déconne mais dans l'ensemble ça va. Souvent, on prend le risque d'accepter d'aller jouer dans des festivals dont on avait jamais entendu parler en pensant qu'il n'y aura personne pour nous. Mais j'apprécie vraiment les festivals.
Laura-Mary : Comme ce n'est pas ton propre concert, tu dois arriver à capter l'attention du public. C'est également l'occasion de voir d'autres groupes jouer. On a quelques amis dans d'autres groupes et cela peut être une bonne opportunité pour les croiser.
Steven : Oui, tu peux trainer avec les membres des autres groupes backstage, c'est un peu une grande réunion de famille. En tournée, tu peux seulement assister au concert du groupe qui t'accompagne mais là tu peux voir pas mal de groupes jouer. Je suis toujours partant pour venir à un festival.

Nous sommes un groupe indépendant mais nous sommes surtout un groupe de scène.

Que pensez-vous du téléchargement, du retour du vinyle et de l'industrie musicale de nos jours ?

leur attaché de presse (qui passait par là) : Ce sont des fumiers.
Laura-Mary et Steven : (éclats de rire)
Steven : En Angleterre, tout le monde se remet au vinyle et je pense que c'est une réaction liée au fait que la musique n'est plus quelque chose de physique. Il y a donc une partie du public qui souhaite revenir à ce format et qui recherche de belles éditions limitées. C'est une minorité de gens mais c'est une minorité qui a tendance à grossir au fil des années. C'est assez marrant car on a donc pensé à l'édition vinyle et cela a coûté beaucoup plus d'argent à notre maison de disques. On a réfléchi au livret, aux couleurs... Tout cela nous importe pas mal car on a toujours aimé les vinyles. D'ailleurs, à nos débuts, Laura voulait uniquement sortir des 45 tours, elle ne souhaitait pas faire d'album.
Laura-Mary : Les albums, je trouve cela assez ennuyeux, je préfère les 45 tours !
Steven : Je ne pense pas trop à tout ça, tous ces changements ne nous ont pas trop affectés. Nous sommes un groupe indépendant mais nous sommes surtout un groupe de scène. Certains groupes ne deviennent connus que parce que leur maison de disques investit beaucoup d'argent pour les faire connaître afin de vendre beaucoup d'albums. Cela n'arrive plus aussi souvent qu'auparavant. De notre côté, on a toujours forgé notre réputation via la scène.

Vous avez changé de label...

Steven : Oui, tout change tout le temps. Mais cela ne fera pas une grande différence. On fait le meilleur disque que l'on puisse faire. Le label te dit de faire des interviews puis tu pars en tournée pour montrer ta musique au plus grand nombre et la jouer du mieux que tu peux. L'autre chose c'est... ça n'a pas d'importance, c'est l'industrie. Personne ne monte un groupe pour devenir riche.
Laura-Mary : Certains le font.
Steven : Oui, c'est vrai mais ce sont des abrutis car si tu veux t'enrichir, ne monte pas un groupe.
Laura-Mary : Il y a des millions d'autres façons de se faire de l'argent.
Steven : Comme travailler dans une banque d'investissement par exemple mais ne démarre pas un groupe ! Je pense que plus de gens montent un groupe pour être cool que pour devenir riche. Être cool, cela ne paie pas le loyer (rires). Que l'industrie fasse ce qu'elle veuille, cela ne me préoccupe pas trop. Cela n'a jamais été un problème pour nous. Je m'en fiche que tu télécharges notre disque gratuitement. Cela m'est égal, je ne peux pas poursuivre des gens pour cela. Du moment que cela intéresse les gens, c'est bien.

Avez-vous écouté certains groupes en particulier pour vous aider à trouver l'inspiration pour cet album ?

Laura-Mary : Pour celui-ci, je ne crois pas qu'on ait écouté des groupes en particulier.
Steven : Non, on a juste fait comme bon nous semblait.
Laura-Mary : On a juste écouté le plus de musique variée possible. On a écouté du hip-hop, du rock assez lourd, de la dance...
Steven : J'ai pas mal écouté Nine Inch Nails. Je me suis penché sur la façon dont le disque était produit et j'ai beaucoup aimé le son assez crade.
Laura-Mary : Je ne crois pas qu'il y ait un groupe en particulier.
Steven : Je ne pense pas qu'il y ait vraiment de référence. On a tenté de faire que tous les morceaux sonnent comme de la pop entrainante, comme Missy Elliott ou n'importe qui d'autre.
Laura-Mary : On voulait aussi que les guitares sonnent comme un gros « fuck you ».
Steven : Oui, un peu comme si les guitares étaient en feu. Quand tu passes le disque, tu te demandes si tes enceintes ne vont pas exploser ou si quelque chose n'est pas cassé. On voulait vraiment avoir ce genre de son. On n'écoute pas vraiment la musique des autres groupes, on écoute plus ce que nous faisons et essayer des trucs comme nous enregistrons nous-mêmes. On n'avait pas pris de producteur et parfois, on ne savait pas comment obtenir un son qu'on avait dans la tête. On devait donc faire pas mal de conneries avant d'y arriver (rires). Faire pas mal d'essais avant de se dire que c'est bien le bon son. On écoutait rien d'autre. On passait des heures jusqu'à ce qu'on obtienne ce qu'on voulait.

Cette expérience vous a-t-elle donné envie de continuer sans producteur à l'avenir ?

Laura-Mary : Oui, cela a plutôt bien fonctionné et c'était très libérateur mais je ne sais pas ce qu'il en sera plus tard.

Cela ne vous donne pas des idées pour le prochain disque ?

Laura-Mary : C'est un peu trop tôt. On écrit constamment et on est toujours pour le changement, du coup, je ne sais vraiment pas.
Steven : Oui, on n'a jamais dit qu'on ne retravaillerait plus jamais avec un producteur. Pour celui-ci, on a eu l'envie de s'en passer. On en prendra peut-être un sur le disque suivant. Je n'en sais rien, on verra.
Laura-Mary : Probablement pas (rires).
Steven : Nous n'avons même pas commencé à écrire.
Laura-Mary : Cela deviendra plus clair, une fois que l'on aura écrit plusieurs chansons ensemble et on verra où cela ira.
Steven : Nous verrons cela dans à peu près un an. On aura tourné et on aura eu le temps d'en parler. On ressentira comment les gens réagissent et on y pensera à ce moment-là. Ensuite, on ira peut-être à Los Angeles pour faire un disque de rock guimauve avec des producteurs très chers. Je ne pense pas que nous le ferons mais on ne sait jamais.
Laura-Mary : Je serais pour faire un disque à Los Angeles oui !

Cela serait vraiment l'un de vos projets à l'avenir ?

Laura-Mary : Oui, un jour.
Steven : Oui, on ferait un disque avec Bob Rock à LA. Cela fait dix ans que notre groupe existe et on a forcément ce rêve américain, ce fantasme de faire un album là-bas. Ca fait très Guns N' Roses tout ça. Tiens, et si on prenait Mike Clink comme producteur ! (rires)