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The Ramona Flowers

Interview publiée par Charlotte Prince le 1er décembre 2014

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En tournée pour la deuxième fois aux côtés de Lamb, le quintet anglais The Ramona Flowers nous recevait le mois dernier aux Docks de Lausanne pour revenir sur ses débuts prometteurs ainsi qu'un premier album, Dismantle And Rebuild, paru l’été dernier.

Pouvez-vous m'en dire plus sur le nom du groupe ? On imagine qu'il fait référence à Scott Pilgrim ? Pourquoi ce choix ?

Steve : Sam va te l'expliquer puisqu'il est à l'origine de cette décision...
Sam : En fait on cherchait un nom pour notre groupe et tu dois te douter qu'en trouver un n'est pas chose aisée. Un jour j'ai regardé le film, et j'ai aimé toute cette introduction autour du personnage de Ramona Flower et le fait qu'elle apparaisse subitement. Je me suis dit « Wouah ça c'est un super nom et on pourrait l'utiliser pour notre groupe ». On a vérifié que personne ne l'avait déjà fait, et comme c'était le cas, j'ai tout simplement descendu les escaliers pour dire « C'est bon j'ai trouvé ! ». Et en toute honnêteté, il sonne plutôt « cool » et c'était le seul nom sur lequel nous étions tous d'accord (rires).

Voilà maintenant quatre ans que le groupe existe, comment s'est-il formé ?

Sam : En réalité, Dave (second guitariste), Wayne (bassiste) et moi-même avions déjà une sorte de groupe à cette époque, puis nous avons décidé d'en former un nouveau...
Steve : De mon côté j'avais aussi commencé un projet avec Dave puis j'ai su qu'ils cherchaient un chanteur. On a de ce fait commencer à bosser sur notre nouveau groupe pendant quelques mois avant de réaliser qu'il nous manquait un batteur.
Ed : Quant à moi, j'ai reçu un jour un message de Dave me disant « Rejoins-moi au pub à 11h pour une bière ! ».
Steve : En même temps, c'était la seule personne qu'on ait pu trouver pour prétendre au poste de batteur (rires).

Vous êtes pour la seconde fois en tournée avec Lamb, vous semblez assez proche du groupe puisque Andy Barlow a produit votre premier album et que Lou Rhodes chante sur la dernière piste de l'opus (ndlr : Like A Feather)...

Steve : Eh bien, à nos débuts, nous avions vite composé quelques démos et Sam est un grand fan de Lamb. On l'est tous dans le groupe mais Sam un peu plus que nous. De ce fait on avait envoyé quelques démos à Andy. Ce dernier nous a rapidement répondu pour dire qu'il les appréciait beaucoup, et à partir de là notre relation vis à a vis du groupe s'est renforcée pour en devenir même une sorte d'amitié.
Sam : On a voulu partir sur quelque chose de plus électronique aussi. A la base on sonnait littéralement comme un groupe indie, tu sais la formation habituelle basse, guitare et batterie. Très vite j'ai clairement affiché mon envie d'intégrer bien plus d'ordinateurs et d'électronique. On s'est donc lancé et à ce moment-là je me suis dit « On devrait contacter Andy Barlow, ce mec sait ce qu'il fait en matière d'électro, c'est son domaine ! ».
Steve : On a eu quelque part de la chance puisqu'il aimait déjà nos précédentes compositions . Ainsi, il a apporté sa part à notre travail et voilà où nous en sommes aujourd'hui !

Tout le monde dans le groupe participe à l'écriture des morceaux.

Votre premier album, Dismantle And Rebuild, est sorti cet été (ndlr : en juillet chez Distiller Records). Depuis on a pu lire de très bonnes critiques et on vous prédit un avenir prometteur. Racontez-nous comment s'est passé l'enregistrement, depuis l'écriture des chansons jusqu'à la production...

Steve : Tout s'est passé de manière différente pour chaque chanson, ça pouvait venir d'un accord de guitare, ou d'un rythme de batterie. Ensuite il s'agit surtout de trouver la bonne mélodie, on est très attaché au fait que tout le monde soit d'accord. Car si on pêche dessus, hé bien on n'avance plus dans notre travail. Mais oui, tout le monde dans le groupe participe à l'écriture des morceaux.
Sam : Je suis entièrement d'accord. Tu peux essayer de travailler encore et encore sur tout qui constitue une chanson, avec tout un tas d'idées et de sonorités qui te semblent incroyables, mais si tu n'as pas la mélodie, c'est simple, tu te retrouves coincé et rien ne bouge.
Ed : On est un peu dans un système « démocratique ». Steve : Exactement, comme je l'ai déjà dit, on travaille tous ensemble sur nos compositions et à partir du moment où l'un de nous n'est pas en accord ou tout simplement n'aime pas ce qu'on fait, on reprend tout jusqu'à ce qu'on soit pleinement satisfaits ou bien on abandonne tout simplement l'idée. C'est quelque chose d'important pour nous, il n'y a que de cette manière qu'on arrive à avancer dans nos chansons et on ne se voit pas sortir et jouer des morceaux que certains d'entre nous n'aimeraient pas au final. C'est en quelque sorte notre règle d'or dans le groupe.


Concernant vos vidéo clips, on sent qu'il y a là aussi beaucoup de travail fourni dessus. Pour exemple, celui deTokyo a été nommé dix-sept fois et a gagné cinq prix, ce qui n'est pas négligeable. Comment ressentez vous le fait qu'on apprécie la qualité de vos vidéos et qui a principalement eu les idées sur la réalisation ?

Wayne : Nous avons été nous-mêmes surpris par toutes ces nominations !
Steve : C'est surtout nous qui avons travaillé sur Tokyo.
Sam : Oui et d'ailleurs tu veux que je te raconte quelque chose d'assez dingue ?
Steve : Vas-y, nous aussi on veut entendre (rires) !
Sam : L'idée principale de la vidéo m'est apparue en rêve. Je sais que ça peut paraitre ridicule et je ne le redirai sûrement jamais, mais pendant que je m'assoupissais, je pensais à ce qu'on pourrait faire. Est-ce que tu as déjà vu le film Mémoires d'une Geisha ? Eh bien, dedans, il y a un passage dramatique mais fantastique où tu vois une geisha exécuter une superbe danse. A ce moment-là, je me suis dit que si nous pouvions avoir nous-mêmes ce genre de scène dans notre vidéo ce serait incroyable. En fait notre première idée pour Tokyo, c'était d'avoir un couple de danseurs, mais en face à face comme dans une sorte de violente lutte.
Steve : Nous devions nous-mêmes apparaitre dans la vidéo. (rires)
Sam : On en a fait part au réalisateur qui a finalement décidé de nous « retirer » pour garder l'idée de la Geisha dansant devant tout un groupe de vieilles femmes en plein milieu d'un hall immense. Ce qui était d'ailleurs une excellente idée. Donc c'était en quelque sorte une collaboration avec le réalisateur.
Steve : Pour en revenir aux nominations et aux Awards, ça reste quelque chose d'assez hallucinant pour nous. Rien que pour la première récompense nous étions déjà tous excités et avions du mal à réaliser. Par la suite nous nous sentions confus de voir de part et d'autre que nous étions toujours nominés pour cette vidéo. Oui, c'était vraiment bizarre.
Ed : On recevait régulièrement des mails nous disant « Bravo les gars, Tokyo a été nominé pour tel ou tel festival. Au final nous ne savions même plus pour lesquels nous étions en compétition et lesquels nous avions gagnés (rires).

La cérémonie des « International Music Video Festival » avait lieu ce soir à Paris. En espérant que vous ayez gagné un des cinq prix...

Wayne : Il me semble qu'on est en compétition contre un certain Pharrell Williams (rires)...
Sam : En plus ce sont les fans qui devaient voter, ça risque d'être dur pour nous.

Vous avez signé avec le label Distiller Records, pourquoi eux en particulier ? Est-ce lié au fait qu'ils proposent un catalogue d'artistes aux sonorités différentes et variées ? Tout comme votre propre musique ?

Steve : Ça s'est simplement fait grâce à Andy puisqu'il connait des gens qui bossent chez Distiller Records. Il nous a aidés à entrer en contact avec le label et tout est allé assez vite ce qui nous a bien aidé. Tu sais, en même temps, le label n'est pas ce qu'il y a de plus important à nos yeux. Bien sûr que leur support nous est précieux, mais j'entends par là que ce n'est pas la chose sur laquelle nous nous concentrons le plus ! Le fait de pouvoir nous exprimer au travers de nos compositions, voilà ce sur quoi on se focalise.

On était content de pouvoir donner vie à une réédition de Dismantle And Rebuild

Récemment vous avez sorti une réédition de votre album qui ne comporte que des remixes (Everything Everything, Bloc Party, Alt-J...). Dites m'en plus à ce sujet, et si vous avez vous-mêmes démarché auprès des groupes ou s'ils se sont proposés pour retravailler vos chansons ?

Steve : Je dirais les deux.
Sam : Oui, effectivement, il a eu des deux. Certains ont été fait de manière totalement indépendante comme celui de I Am A Camera, d'ailleurs c'est aussi le cas pour celui de Bloc Party.
Steve : Quelque part on se sent super privilégiés puisque beaucoup des groupes que nous aimons ont participé avec plaisir au projet. On a simplement demandé s'ils étaient partants pour la plupart et ils y ont répondu favorablement. C'est un peu comme un complément de notre album et de ce fait on était content de pouvoir donner vie à une réédition de Dismantle And Rebuild.

Un remix retient-il plus votre attention que les autres ?

Ed : Pour moi il s'agit sans conteste de celui de Ladytron.
Sam : Je suis d'accord sur ce point, ce qui me plait le plus c'est qu'il sonne plus comme une chanson qu'un remix et le tout dans une version totalement différente de l'originale. Je me sens comme transporté chaque fois que je l'écoute. J'entends par là que tous les autres remixes sonnent plus comme des version très dansantes alors que celui de Ladytron ressemble étrangement à une chanson et je trouve ça tout simplement génial.
Steve : Je les aime tous, globalement, mais j'ai néanmoins une petite préférence pour celui d'Alt-J, sûrement du fait que j'ai appris à l'apprécier de plus en plus. Celui de Hot Chip est lui aussi plutôt cool car il sonne très différemment des autres.
Ed : Celui de I Am A Camera aussi. Il est assez récent mais nous l'avons tous de suite aimé.

Et vous Wayne et Dave ?

Wayne : Définitivement celui de I Am A Camera.
Dave : Comme Ed, je préfère celui de Ladytron.
Sam : Pour en revenir à Ladytron, oui, il est vraiment bluffant. Est-ce que tu as vu le film Drive ? Tu sais celui avec l'acteur dont toutes les filles rêvent ? Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui Ryan Gosling... (rires)

Non, je ne l'ai jamais vu...

Sam : Ce film est vraiment génial, j'aime l'atmosphère qui s'en dégage. Sans parler de toute la bande originale qui est hyper travaillée. Pour moi, le remix de Ladytron pourrait complètement en faire partie !
Ed : On peut même dire qu'on est tous tombés « amoureux » de ce film à sa sortie.


Quant à vous, y a-t-il un groupe en particulier que vous aimeriez remixer ?

Steve : Eh bien nous n'avons jamais encore travaillé sur cet aspect musical mais on devrait bientôt essayer. Il y a beaucoup de groupes qu'on aime et sur lesquels on pourrait tenter quelque chose, comme Bombay Bicycle Club par exemple. J'aime beaucoup M83 aussi. Avec un peu de chance il y aura d'ici peu une chanson qu'on aimera retravailler et de cette manière tu pourras toi-même nous dire si on est bon dans ce domaine (rires).

Revenons à vos « origines ». Vous êtes de Bristol, vous considérez vous influencés par d'autres groupes issus de cette même ville tels que Portishead ou encore Massive Attack ?

Ed : Ce serait extrêmement difficile de ne pas l'être. Quand tu es toi-même issu de la scène musicale bristolienne, tu ne peux y échapper.
Sam : On a grandi avec eux en quelque sorte donc ils nous ont d'une certaine manière toujours « accompagnés », surtout Portishead. Quand leur premier album est sorti c'était un peu une sorte d'ovni, absolument hallucinant.
Steve : Il l'est toujours d'ailleurs.
Sam : Et c'est pareil avec Massive Attack, quoi que tu fasses ils sont comme omniprésents. Tu ne peux pas te permettre juste de les aimer au fil des années, quelque part ils ressortent sur le travail que tu produis.
Ed : On surfe sur la vague et ça fait vraiment partie de l'histoire musicale de cette ville. Et à Bristol, c'est un peu différent des autres villes anglaises, je veux dire tu n'as pas cette part d'agressivité que tu retrouves souvent ailleurs.

Et concernant Bombay Bicycle Club ? Vous les avez cités ci-dessus, vous les avez accompagnés sur leur tournée européenne en février dernier et j'ai souvenir, Wayne, que c'est en quelque sorte ton groupe du moment. Eux aussi vous ont-ils influencés ?

Sam : Clairement, oui. Je dirais même qu'ils nous énormément inspirés pour notre album. On a énormément écouté leur deuxième opus, A Different Kind Of Fix pendant qu'on composait Dismantle And Rebuild.
Steve : Concernant la tournée, on a passé des moments mémorables ! Tu n'as certainement pas l'occasion de toujours pouvoir tourner avec des groupes que tu aimes. Cela te rend les choses plus faciles, tu es plus à l'aise avant de monter sur scène.

Récemment vous avez aussi ouvert pour Kaiser Chiefs, ces derniers ont tout de même un son assez différent du votre...

Ed: Honnêtement c'était super. Ricky Wilson est définitivement le meilleur « frontman » que j'ai jamais vu !

Qu'en est-il de vos plans pour l'année prochaine ?

Ed : Dormir ! (rires)
Steve : La tournée avec Lamb s'achève mi décembre, après ça on se prend quelques semaines de vacances pour Noël puis on va travailler sur notre deuxième album. En fait on a déjà quelques chansons mais d'ici fin janvier/début février, on « s'enferme » pour bosser sur l'écriture des nouvelles chansons et après ça on rentre en studio pour enregistrer !
Sam : Notre manager aimerait que notre album sorte d'ici l'année prochaine.
Steve : On a de quoi être occupés mais, tu sais, on veut sortir de cette spirale qu'est d'ouvrir toujours pour d'autres groupes. Et avec un seul album, tu ne peux pas vraiment te permettre de faire ta propre tournée parce que tu n'as pas énormément de chansons à jouer. Et de ce fait, avoir un deuxième opus à notre actif nous sera bénéfique car à ce moment là on pourra faire de vrais sets.
Ed : Et il y a aussi le fait qu'on ne veut pas être de ces groupes qui prennent de longues coupures et qui sortent un album tous les trois ans seulement. A mon sens, le fait de prendre autant de temps met aussi un coup à ta créativité, dès que tu as des idées tu travailles dessus...
Dave : C'est vrai mais, en même temps, je n'aime pas l'idée qu'on en arrive à produire quelque chose tout les ans et que ça se révèle être mauvais au final.
Steve : Pour finir on fera plein des festivals et avec un peu de chance on reviendra à Paris, il y a bien un gros festival là-bas tous les ans ?

Oui, Rock en Seine.

Sam : D'accord, et si d'ailleurs tu connais d'autres festivals assez intéressants, n'hésite pas à nous en parler qu'on puisse en toucher deux mots à notre agent !
Ed : Effectivement on a prévu de faire pas mal de festivals européens l'été prochain...