BNQT

Comment vous est venue l'idée de créer ce groupe ?

Eric Pulido : Cela a commencé avec un garçon dans un rêve (rires). Non, en fait, c'est au cours de la dernière tournée de Midlake, et j'avais ce désir de changement, de faire quelque chose de musicalement différent. L'ensemble des membres de Midlake voulait sortir un disque solo, ou avoir un projet parallèle. Je trouvais l'idée intéressante de créer quelque chose avec des membres d'autres groupes, quelque chose de collaboratif. La première étape était de savoir si les membres de Midlake étaient partants, puis de savoir si les personnes qu'on souhaitait impliquer dans le projet le voulaient également. Ils ont tous été très positifs par rapport à ce projet et l'enchainement de l'enregistrement ainsi que la sortie de ce disque, mais au final en réfléchissant bien ce fut vraiment très difficile de rassembler tout ce monde (Rires). Tout comme de planifier quelque chose, d'ajuster nos vies personnelles... C'est pourquoi je suis vraiment heureux d'avoir vu ce projet aboutir, de sortir un disque et maintenant de donner quelques concerts ensemble.

L'année dernière, un autre super groupe était apparu, Minor Victories, composé de membres d'Editors, Slowdive ou Mogwai. Est-ce que celui-ci t'a donné envie de créer BNQT ?

Eric Pulido : Non. Pour être honnête avec toi, mon groupe préféré de tous les temps, c'est The Band. J'adore le fait qu'ils chantent tous dans ce groupe. C'est vraiment génial. Si c'était le cas dans Midlake, je pourrai picoler davantage sans avoir à me soucier de quoi ce soit (rires). Si je perdais ma voix, ce ne serait pas non plus catastrophique, il serait possible de continuer à donner des concerts. J'adore vraiment cette idée de groupe où chacun contribue vocalement de manière interchangeable. J'ai volé cette idée pour BNQT. The Band fut vraiment la plus grande inspiration que j'ai pu avoir pour donner vie à ce super groupe. A côté de ça, j'aime beaucoup l'idée que d'autres personnes puissent créer d'autres projets de la sorte, mais cela s'arrête là.
Fran Healy : Je pense que c'est un excellent format de groupe. Il y a pas mal de groupes où tout est évolutif : les parties vocales, l'écriture... Dans notre cas, c'est simplement le premier volume. Il sera possible d'avoir un second volume, puis encore un autre. Au bout de trois volumes, il sera possible de réunir les douze différents chanteurs pour faire une tournée. Tout cela est évolutif et continue de progresser dans le temps. Rien n'est figé. C'est très agréable car le format du groupe est différent du format habituel. J'ai pris un grand plaisir à être dans BNQT, d'autant plus que la plupart du temps, toute l'attention se porte sur le chanteur, et de temps à autres sur le bassiste (Rires).

Tu veux parler de Dougie ?

Fran Healy : Oui, Dougie et ses hanches hypnotiques. Ici, tu joues trois ou quatre chansons et tu peux ensuite simplement te détendre. Il n'y a pas de pression.
Jason Lytle : Le seul problème au final dans ce groupe, c'est l'égo de tous ces artistes (rires).

Comment s'est passé pour l'enregistrement des chansons ?

Eric Pulido : Les premières chansons qu'on a eues de prêtes pour ce disque, ce sont celles de Ben de Band Of Horses. Il nous a envoyé deux démos. C'était un bon début car nous n'avions rien d'autre des personnes impliquées dans ce disque, et nous n'avions aucune certitude sur le son que l'on allait en définitive trouver sur ce disque. Je me demandais si on n'allait pas se retrouver avec une connotation très seventies proche des groupes que j'aime : Yello, Supertramp, The Wings, Fleetwood Mac... Je voulais qu'il y ait des chordes et des cuivres. Mais je ne tenais pas à dicter à chacun les idées qu'initialement je voulais pour BNQT. Ben nous a envoyé ces chansons et nous avons vraiment adoré la première, Unlikely Force. Je crois que ce ton qu'il apportait avec cette chanson nous a vraiment aidés pour la suite. Quand Jason et Fran sont venus séparément au Texas, nous avions quelques chansons écrites auparavant, et avec lesquelles nous étions davantage en confiance par rapport au moment où nous les avions composées. Tous les deux, ils nous ont apporté des chansons vraiment extra, émanant de leurs propres groupes, qui ne fonctionnaient pas avec les disques qu'ils comptaient sortir ou qui n'étaient pas encore complètement terminées.
Fran Healy : Jason, puis-je te poser une question ? Lorsque tu as travaillé avec Midlake, as-tu produit des chansons ?
Jason Lytle : Non, non. J'avais quelques chansons sous le coude depuis un moment, mais c'est tout. Je n'ai rien produit car il y a tellement de forces créatives dans ce groupe. C'était tellement rafraichissant de se retrouver avec les membres de Midlake... Je n'ai pas eu besoin de faire davantage, juste apporter ces chansons.

Toutes les chansons étaient donc des morceaux qui existaient mais qui n'avaient jamais été enregistrés ?

Fran Healy : J'avais déjà ces chansons. Simplement, elles ne collaient pas avec le disque qu'on voulait sortir. La démo originale a été conçue avec Travis mais je ne savais pas quoi faire avec Mind Of A Man. C'est pour cela qu'elle n'est jamais sortie auparavant, même si je l'aime beaucoup. Pour LA On My Mind, c'est une très vieille chanson que j'avais presque oubliée.
Eric Pulido : Man Of A mind sonne un peu ringard, avec ce jam qu'on a joué tous ensemble dans cette pièce en se regardant les uns les autres. On a vraiment pris un immense plaisir à enregistrer cette chanson. Quelque chose s'est passé entre nous très rapidement et quand on a la possibilité de jouer avec l'auteur de la chanson, cela prend très rapidement ou pas ! Quand on a enregistré les titres de Ben, on s'est dit qu'on allait lui renvoyer la version à laquelle nous sommes parvenus et qu'il allait devenir fou en l'écoutant ! (Rires) Mais au final, il y avait beaucoup moins de pression que d'habitude avec ce projet. Et ça c'est vraiment quelque chose de très précieux !

Peut-on considérer qu'il y a des chansons en hommage à certains artistes sur ce disque ? Par exemple, LA On My Mind sonne très T-REX...

Fran Healy : Je trouvais que ça sonnait davantage comme Status Quo ou un groupe de blues du label Climax. Ce n'est pas aussi bon que ce que tu suggères (Rires). T-Rex est trop sophistiqué. Ça pourrait s'apparenter à du pub-rock, très années 70. Mais non, pas T-Rex.

D'où vient le groove psychédélique de Restart ? Il ressemble un peu à Elephant de Tame Impala...

Eric Pulido : Je suis évidemment conscient de cette chanson mais ce n'était pas du tout la source d'inspiration de celle-ci. Le dernier album de Midlake, Antiphon, a ce côté folk psychédélique. Je suis assez d'accord avec Fran, sur son point de vue sur T-Rex pour sa chanson. Ici également il y a un côté glam mais Tame Impala n'était pas du tout en ligne de mire pour cette chanson. Je pense qu'avec Midlake, on n'aurait pas réussi à l'enregistrer en studio de la sorte, mais cette chanson a pourtant été bouclée rapidement. J'avais une idée, on a commencé à groover et au final c'est une chanson assez simple. Elle est plutôt réussie, et on ne s'est pas trop posé de questions. On est resté sur la première version de la chanson.

Unlikely Force, ça ressemble quand même à du Marvin Gaye (Mercy Mercy Me (The Ecology)). Non ?

Eric Pulido : Marvin Gaye ? (Rires)
Jason Lytle : Oui, tout à fait !
Eric Pulido : Je pense qu'on a pris une sorte de plaisir coupable en enregistrant cet album. Cette chanson de Ben est très connotée seventies. Tara ressemble également à une valse, même si on a essayé de lui donner un côté un peu plus rock'n'roll. Mais en effet, Unlikely Force a ce côté 70's west coast.

Ce disque est intitulé Volume 1, y aura-t-il vraiment une suite ?

Fran Healy : Eric a déjà commencé à travailler dessus.

Oh vraiment ? Avec les mêmes artistes ?

Eric Pulido : Non.
Fran Healy : Non, il nous a virés (Rires) !
Jason Lytle : Dans le prochain, il y aura Elton John et Tom Jones ! (Rires)
Eric Pulido : Je vais essayer de les avoir en effet.
Jason Lytle : Mariah Carey aussi !
Eric Pulido : Bien entendu.
Fran Healy : Johnny Mathis ! (rires)
Eric Pulido : Nous avons commencé par changer la configuration pour le second disque. Pour le moment, ce sera John Grant, Shakey Graves avec une personne supplémentaire, Norah Jones et Elle King. Que cela fonctionne ou non avec eux, il y aura un second disque de BNQT avec d'autres contributeurs qui seront disponibles au bon moment. Nous verrons bien, nous avons juste enregistré quelque chose dans le Devon avec deux artistes.

Pourquoi avez-vous choisi ce nom ? Est-ce à cause de Bloc Party ? Et surtout pourquoi cette orthographe de banquet ?

Eric Pulido : (Rires). Oh oui, Bloc Party a eu une énorme influence sur nous (rires). Je n'ai pas vraiment pensé à Bloc Party lorsque j'ai songé à démarrer BNQT. Je connaissais bien entendu leur chanson, mais je n'y ai pas prêté attention. A l'origine je voulais l'appeler Banquet, mais c'est alors qu'on a trouvé qu'un groupe de San Francisco utilisait déjà ce nom. Leur label ne nous a pas permis de l'utiliser avec cette orthographe. J'ai alors envisagé de changer complétement de nom, car j'étais vraiment dégouté par l'attitude de ce label. J'ai demandé aux autres membres impliqués dans ce projet de m'aider à trouver un autre nom. Et on m'a suggéré de faire comme certains groupes actuels, retirer les voyelles. L'idée m'a plu et ce fut donc la possibilité de garder le nom original.

Quels sont les projets à venir pour chacun d'entre vous ?

Fran Healy : J'ai commencé à écrire le prochain album de Travis. Je n'ai pas beaucoup avancé dessus, notamment avec la tournée de BNQT, mais aussi parce que j'ai quitté Berlin pour Los Angeles, ce qui a constitué un gros changement. Lorsque je rentrerai de cette tournée, je me remettrai à écrire pour ce nouveau disque.
Eric Pulido : J'ai quasiment terminé mon album solo. Il me reste quelques petites choses à travailler. Tim, le chanteur originel, ainsi que Paul de Midlake sont également en train de travailler sur leurs disques solo. Il n'y a pas de nouvel album de Midlake de prévu pour le moment.
Jason Lytle : Je continue d'avoir des plans pour le futur, mais beaucoup ont échoué ces trois dernières années.
Eric Pulido : Peut-être qu'on le prendra pour le second disque de BNQT. On le créditera sous un autre nom (rires).