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Lucy Rose

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 18 mai 2018

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Auteure l'an dernier d'un remarquable dernier album folk, Something's Changing, unanimement reconnu par la critique, Lucy Rose est actuellement en tournée en Europe. Nous l'avons interviewée récemment à Paris, le jour de son concert au Sentier des Halles et avons découvert à cette occasion une musicienne toute autant talentueuse que modeste.

Ton dernier album Something's Changing a reçu un grand succès critique. C'est quelque chose qui te touche ?

Oui, cela fait très plaisir. C'est intéressant d'avoir différentes opinions à propos de son travail, de pouvoir confronter différents points de vue.

Comment vois-tu l'évolution de ta carrière depuis tes débuts ?

Je continue d'apprendre. Je me suis sentie à l'aise lors de l'enregistrement du dernier album. Peu à peu, je me sens de plus en plus à l'aise avec ma musique, avec mon écriture.

Veux-tu que tes albums deviennent de futurs classiques de la folk music ?

J'aimerais bien. Ce serait cool de sortir des disques que l'on puisse réécouter vingt ans plus tard.

Tu continues dans une veine folk mais il y a aussi des titres pop sur ce disque...

Il y avait déjà des morceaux pop sur l'album précédent. Tu n'as pas le contrôle sur ce que tu écris. Je n'aimerais pas avoir de morceaux qui deviennent des hits car cela ne me représenterait pas vraiment. Je me sens plus comme une artiste folk que pop.

Les gens qui t'influencent, ce sont Neil Young, Bob Dylan ou Joni Mitchell ?

Tout à fait, et à part ça je suis influencée par la vie de tous les jours : par le pub à côté de chez moi par exemple et les gens qui y jouent. Des gens qui jouent juste pour leurs amis, leur famille.

Tu as été signée chez Columbia. Parce que c'était le label de Bob Dylan ?

Oui, et aussi parce que c'est un super label. J'ai aimé travailler avec eux. Ils ont été enthousiastes pour ma musique mais nous nous sommes séparés parce que j'avais l'impression qu'ils voulaient que j'aille vers quelque chose de plus pop, ce dont je n'avais pas envie.

L'intro de Soak It Up est très influencée Neil Young...

Oh merci. Il est une grosse influence pour moi...

Tu viens des Midlands. Grandir à la campagne a-t-il eu une influence sur ta musique ?

Nick Drake vient de là-bas. J'ai grandi dans la nature, loin des grandes villes. Cela a sans doute influencé ma musique, effectivement.

Ta musique est très émotionnelle. Tu n'as pas peur de faire pleurer les gens ?

Je pense que c'est terrible de faire pleurer les gens mais cela me fait plaisir si j'arrive à toucher les gens émotionnellement. J'essaie d'aller au plus profond des sentiments humains.

Tes paroles parlent des difficultés de l'amour...

En partie mais je ne parle pas que de ça. J'ai un morceau qui est sur la crise des réfugiés, un autre sur le temps qui passe...

Est-ce que le fait que ton morceau Shiver ait été utilisé dans la bande son de la série Girls t'a aidée ?

Ma musique n'a que peu d'exposition. Pour moi, le fait que ce morceau ait utilisé pour cette série m'a amené de nombreux nouveaux fans. Des gens m'ont découvert grâce à cela.

Tu as chanté avec Razorlight. Quels souvenirs en gardes-tu ?

C'était il y a dix ans déjà. C'était un peu fou. C'était ma première expérience musicale et c'était assez fun. Razorlight était très gros à cette époque. J' ai pris beaucoup de plaisir à chanter avec eux, à être en tournée avec le groupe.

Tu as aussi collaboré avec les Manic Street Preachers et plus récemment avec Paul Weller...

Oui, c'était cette année avec Paul Weller. Ce sont des expériences très intéressantes. Cela me touche que ces gens apprécient ma musique. Paul Weller a dit beaucoup de bien de mon disque un peu partout et m'a emmenée en première partie avec lui aux États-Unis et au Canada. Cela a été de beaux moments.

Tu as tourné en Amérique du Sud à l'invitation de tes fans. C'est un peu fou...

J'ai tourné en Inde, en Asie. Je voulais absolument jouer en Amérique du Sud. Je suis allé dans des lieux incroyables. J'ai donné quarante concerts là-bas, habité avec mes fans. Cela a été une super expérience.

C'est un peu hippie comme idée. Tu te sens hippie ?

Oui, j'ai clairement un côté hippie. Je crois en les gens. J'aime rencontrer les gens.

Globalement, tu pars beaucoup en tournée...

Oui, avec cette tournée européenne, je vais dans des villes où je n'ai encore jamais joué. De petites villes. Peut être que je fais ça parce que je viens moi même d'une petite ville où personne ne venait jouer. C'est important pour moi les concerts. Je suis tellement touchée par le fait que des gens viennent me voir en live. Je suis reconnaissante envers public et pour le remercier je m'efforce de jouer chaque soir les morceaux que les gens me demandent.

Tu as eu le temps d'écrire de nouveaux morceaux ?

Oui. Lorsque tu tournes aux États-Unis, tu roules souvent dix heures ou plus pour te rendre d'un concert à l'autre. Tu as donc le temps d'écrire des morceaux. J'ai déjà composé deux nouveaux titres. J'espère aller en studio pour travailler sur un nouvel album à la fin de l'année.