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Nev Cottee

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 28 mai 2018

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Musicien culte de la scène anglaise, Nev Cottee a sorti l'an dernier un Broken Flowers somptueux. Un disque sur lequel planent les influences de Leonard Cohen et de Neil Young. Avant que Nev ne retourne en studio pour son prochain album, nous l'avons rencontré lors d'une brève escale parisienne.

Tu as joué dans des groupes avant d'entamer une carrière solo. Que préfères-tu ?

J'ai toujours eu envie d'être dans un groupe pour le style de vie : être sur la route, donner des concerts, boire des coups... Quand j'ai débuté la musique, c'est ce dont j'avais envie. J'étais dans de bons groupes mais je deviens vieux et j'ai envie d'une vie plus calme, de n'être pas perpétuellement sur la route, avec un groupe dans un van.

Tu as écrit ton dernier album, Broken Flowers, en Inde...

Je déteste le temps à Manchester l'hiver. C'est l'enfer. J'essaie chaque année de m'en échapper. Cette fois je suis allé chez un ami en Inde. Là-bas, tu peux te concentrer sur ta musique, être créatif puis aller nager. J'ai ensuite enregistré le disque aux Pays de Galles à Cardiff chez Mason Neely qui s'est occupé des arrangements de l'album.

C'est le Pays de Galles qui donne ce côté country-side à l'album ?

Je ne dirai pas cela car il a été enregistré à Cardiff qui est une grande ville. Je pense que c'est l'Inde qui a influencé la tonalité de l'album.

Les morceaux du disque sont souvent très longs. Pourquoi ?

La plupart des chansons sont longues car en Inde tu n'es pas dans le rush. J'aime cette idée d'avoir le temps et d'écrire des morceaux un peu aériens. Et puis j'aime beaucoup des groupes comme Spiritualized avec ce son répétitif. Il y avait même un titre de quinze minutes sur le disque que je n'ai finalement pas conservé.

Tu es originaire de Manchester mais ta musique ne sonne pas dans le style pop de cette ville...

J'adore les Smiths. Peut-être que je ne peux pas écrire ce genre de musique mais pourquoi pas dans le futur... J'ai voulu cet album comme le cheminement psychologique que l'on a au cours d'une journée. L'album parle de la fin d'une relation amoureuse mais pas uniquement.

Broken Flowers sonne très Neil Young pour les parties de guitare...

Le prochain album que je vais commencer à enregistrer cette semaine sera très Neil Young. J'ai écouté en boucle After The Gold Rush, Harvest ou On The Beach. Neil Young est l'un des meilleurs songwriters du 20ème siècle. Chacun de ses albums possède dix classiques absolus. Mon style de guitare est influencé par lui.

Ta voix fait penser à celle de Leonard Cohen...

C'est ainsi depuis mon premier album. J'aime ne pas montrer les émotions par la voix mais par les mots. Je n'aime pas trop le côté trop émotionnel de la voix dans la pop.

Les arrangements ont été très travaillés...

Mason a été parfait pour ça. Il sait comment arranger les chansons. Je peux passer des heures sur les arrangements même si je ne suis pas un total freak à la Brian Wilson.

Le disque est intemporel. Il sonne aussi comme un disque des années 60 ou 70 !

Oui mais le son de batterie est moderne. L'album précédent était très 60's à la Lee Hazleewood mais celui-là est plus contemporain. Les années 60 et 70 sont les meilleures au niveau du songwriting.

Même si ta musique ne sonne pas Manchester, tu es profondément attaché à ta ville. Tu supportes Manchester United, déjà !

Je suis né juste à côté de Manchester. J'y habite depuis vingt ans. Le problème de Manchester est qu'elle vit un peu trop dans son passé musical. Je vois la progression de Joy Division à Happy Mondays, des Stone Roses à Oasis, mais je suis dans un truc plus américain. J'habite dans l'appartement de Noël Gallagher. J'y allais quand j'avais 17 ans. On matait MTV en fumant des joints. A l'époque, toute la scène musicale y traînait car si aujourd'hui plein de gens habitent au centre de Manchester, c'était rare à l'époque. C'était juste à côté de la Haçienda.

Tu viens de sortir Northern Light en single. Pourquoi ne pas l'avoir mis sur le disque ?

Cela ne collait pas avec le reste de l'album. C'est similaire au reste du disque musicalement mais pas au niveau des paroles qui étaient trop positives par rapport à celles de Broken Flowers.

Tu débutes bientôt l'enregistrement d'un nouvel album...

Oui, on va commencer à l'enregistrer la semaine prochaine aux Studios Granada. Il y a un côté très 60's dans ce studio particulièrement agréable. J'ai envie de proposer un disque plus direct que Broken Flowers avec des morceaux de trois ou quatre minutes, avec un côté acoustique dans le style du Comes A Time de Neil Young.

Tu aimes les groupes des années 60 très orchestrés comme Love ?

Forever Changes est un disque unique. C'est impossible à reproduire. C'est un chef d'oeuvre.

Tu dis beaucoup aimer Gainsbourg dans la chanson française. Qu'apprécies-tu chez lui ?

C'est comme pour Nick Cave. J'aime le mec comme sa musique, la mythologie qu'il y a autour d'eux. Et puis les arrangements de Melody Nelson sont sublimes.

Ton label Wonderfulsound est basé à Manchester ?

Non, il est basé à Londres. Le boss est fan de musique. Il est hyper ouvert et te laisse libre de faire la musique que tu veux.

Comment sonnes-tu live ?

Plus rock que sur disque. J'aime la spontanéité du live.