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Jack Peñate

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 27 novembre 2019

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Dix ans après Everything Is New, Jack Peñate nous revient enfin avec son troisième album, After You. Un disque éclectique et particulièrement réussi. Les années ont passé mais Jack Peñate n'a rien perdu de son immense talent. Rencontre à Paris avec un artiste surdoué et un homme éminemment sympathique.

Tu n'avais plus sorti de disque depuis dix ans. Qu'as-tu fait durant cette décennie ?

J'ai passé des années à construire un studio. J'ai travaillé la production, les arrangements, appris le piano à un niveau que je n'avais encore jamais atteint. J'ai compris au moment où j'ai arrêté de tourner que je devais apprendre des choses. Je pensais que ça prendrait des années mais pas dix ans (rires). J'ai été influencé durant cette période par Arthur Russell qui n'a sorti qu'un album dans sa vie mais a produit des tas de choses.

Ton album est très éclectique musicalement...

J'ai appris énormément en écoutant Todd Rundgren qui a sorti des disques dans presque tous les genres musicaux. Il racontait des histoires qui t'accrochent en tant qu'auditeur. J'ai eu envie d'être artiste pour cette raison.

Il y a pas mal de chansons de l'album qui sonnent soul...

J'aime l'émotion de la soul. Cela amène à quelque chose de spirituel et te permet d'être connecté aux autres. J'aime aussi beaucoup Ravel et Debussy, le rock psyché iranien des années 70. J'aime la musique où l'esprit occupe une place importante.

Pourquoi avoir choisi Prayer comme premier single extrait de l'album ?

Pour répondre à la question « Où étais-tu durant ces dix ans ? ». J'étais perdu, sortais trop, et Prayer donne la réponse à cette question. Le morceau parle de retrouver la joie, la paix et l'amour. Ce n'est pas un morceau religieux mais spirituel.

Murder » a un son très rave...

Mon père en organisait. Nombre de morceaux de l'album font référence à mon enfance. Mon père m'emmenait aux raves lorsque j'étais enfant. J'ai découvert la house de Chicago à ce moment là.

La famille occupe une part importante dans l'album. Gemini est un poème écrit par ton grand-père et lu par ton oncle...

C'est un poème de mon grand-père, effectivement. Il était artiste, écrivain et poète. Je suis musicien. Je n'ai donc jamais eu à le dépasser d'une manière ou d'une autre. Cet album était une façon de le rencontrer. Il est très respecté dans le monde de la culture. Il a vu des choses horribles durant la Seconde Guerre mondiale. Je me suis toujours senti connecté à lui. C'était important pour ma mère qu'il soit présent sur le disque. L'idée de transmission m'importe beaucoup. En Occident, nous sommes dans un truc narcissique, sans se soucier d'où nous venons. J'avais besoin de casser cela, pour moi-même, d'abord. Un besoin de détruire l'ego. Dans le hip-hop, les artistes parlent souvent de leurs racines, de leur famille. C'est malheureusement rare dans la pop et le rock.

Le disque semble même une entreprise familiale. Ton cousin en a créé la pochette...

Oui, c'est un artiste, lui aussi. On fait des vidéos ensemble et c'est toujours un plaisir de bosser avec lui. A un moment donné, j'ai été déconnecté des choses. Ma famille m'a permis de me reconnecter.

Que représente cette pochette ?

C'est une montagne dont je parle dans deux ou trois morceaux de l'album. C'est une métaphore pour parler de mes dix dernières années.

Quand as-tu commencé à composer cet album ?

Il y a deux ou trois ans. J'avais des morceaux avec différentes versions. Cela a pris du temps mais la finalisation du disque a été assez rapide, en revanche.

Tu as joué en Angleterre récemment avant même la sortie de l'album...

J'avais besoin de retrouver un public, l'atmosphère d'un club après toutes ces années. J'ai joué dans de petites salles. Ces dates étaient incroyables. Il y aura ensuite la release party de l'album fin novembre, toujours en Angleterre.

Tu pars en tournée après la sortie du disque ?

Oui, en janvier. Je vais aussi enregistrer de nouveaux morceaux. J'en ai déjà cinq de prêts. J'espère venir jouer en France bientôt.