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Foals

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 16 juin 2022

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Avec Life Is Yours, Foals changent radicalement de registre. On n'aurait jamais imaginé le groupe nous offrir un disque orienté dance... et pourtant ! Si les avis sont partagés, ce nouvel album est une réussite symbole d'un combo qui innove sans cesse. Entretien avec leur fort sympathique batteur, Jack Bevan.

Ce nouvel album est très différent des précédents. Comment vous est venue l'idée et l'envie de faire un disque dance ?

Nous avons commencé à écrire au milieu du premier confinement. Avec les deux parties de Everything Not Saved Will Be Lost, nous sommes allés au maximum de ce que nous pouvions faire en terme de rock punchy ou de longs titres de dix minutes comme Neptune. Il y avait aussi le fait que nous avons fantasmé la vie d'avant le COVID-19 : la vie des clubs, de la nuit. Durant le second confinement nous avions encore cela en tête, le fait que les moments partagés avec les amis s'étaient évaporés.

Vous aviez un esprit positif du coup ?

Nous savions que plein de gens écriraient sur la misère du confinement. Nous, nous voulions nous servir de ce moment comme d'une thérapie, en pensant au moment où les choses reviendraient à la normale. C'est comme lors d'une rupture amoureuse : des gens préfèrent écouter des choses tristes et déprimantes, d'autres des trucs positifs pour sortir du spleen. Nous étions dans cet état d'esprit.

Et comment avez-vous eu envie de faire un disque qui ne soit que dansant ?

Nous avons produit durant notre carrière des morceaux rock, pop, des titres heavy, des morceaux dansants. Dans nos albums précédents nous voulions mettre des titres qui puissent contenter tout le monde. Là nous avons eu le courage de faire un disque qui soit toujours dans le même mood. Nous aimons beaucoup The English Riviera de Metronomy. C'est un disque dansant et super excitant. L'album bleu de Weezer fonctionne à fond, le songwriting y est parfait. Nous voulions quelque chose comme cela.

Il y a des albums dansants ambitieux comme ceux de Talking Heads. On sent une vibe Talking Heads dans ce disque d'ailleurs...

Remain In Light a toujours été un disque important pour Foals. Nous sommes tous fans de cet album dans le groupe. Quand nous jammons, des choses arrivent spontanément en groovant vingt minutes durant. Nous aimons les grooves hypnotiques de James Brown et nous sommes influencés par Talking Heads, le funk ou la disco.

Il y a aussi une influence Prince certaine sur ce disque...

Nous sommes de grands fans de Prince. Il était incroyable : super performer, super songwriter, excellent producteur. Pour moi il était l'un des meilleurs. Nous l'adorons.

Vous avez décidé de travailler pour ce disque avec différents producteurs. Pour quelles raisons ?

Jusqu'à présent il n'y avait qu'un seul et unique producteur sur nos disques. Nous voulions plusieurs producteurs pour celui-ci afin d'avoir plusieurs visions différentes. C'est aussi pour cela que nous avons voulu des producteurs de styles musicaux différents. Et même s'il y a plusieurs personnes, c'est sans aucun doute notre disque le plus cohérent. Cet album a changé notre perception sur la façon d'enregistrer un disque.

Les morceaux ont des formats pop classiques, trois minutes ou trois minutes et trente secondes. C'était ce que vous vouliez ?

Cela a été excitant de faire des morceaux courts. Nous voulions créer des morceaux au format pop effectivement. Je suis fier de tous nos disques mais parfois il faut être dans un certain état d'esprit pour écouter nos titres les plus longs.

Le disque sort en juin. Je trouve qu'il est taillé pour l'été...

Oui, c'est un disque d'été, tu as raison. Cela n'aurait pas eu de sens de le sortir en novembre.

Vous avez été numéro un en Angleterre avec l'album précédent. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

C'est un truc agréable à mettre sur un CV mental. Les gens achètent de moins en moins de disques et être numéro un, c'est quand même quelque chose. Surtout que nous sommes là depuis un moment.

Le fait d'avoir été numéro un vous avait mis de la pression au moment d'enregistrer ce disque ?

Non. La seule pression a été de faire un disque dont nous serions satisfaits à 100%. Je suis fier de ce disque. J'adore notre second album, Total Life Forever, et j'adore celui-ci. 2001 pour moi est peut-être le meilleur morceau pop que nous ayons jamais écrit.

Quand vous avez gagné le Brit Award 2020 de meilleur groupe britannique, qu'avez-vous ressenti ?

C'est comme être numéro un. Nous sommes de petits gars d'Oxford. Nous n'avons jamais été dans un truc de training comme le sont plein de groupes. Et nous avons gagné face à ces groupes qui ont eu le genre de préparation dont je parle...

En plus de sortir ce disque, vous réédité votre premier album. Pour quelles raisons ?

Le disque n'avait encore jamais été réédité en vinyle. C'est donc une excellente idée que de le faire aujourd'hui. Il y a un retour du vinyle et c'est cool de l'avoir dans ce format. Le fait que les gens rachètent ce genre d'objet me redonne foi dans l'industrie musicale. On ne peut interdire le streaming mais des groupes, et surtout les jeunes, se sont fait avoir par cela. Dans les pré-commandes, 70% le sont pour le format vinyle, c'est cool.

Vous allez jouer dans les grands festivals anglais cet été. Vous êtes excités d'y être programmés ?

A fond, c'est génial ! Être de retour est un vrai bonheur. Nous avons eu la chance de donner quatre concerts l'été dernier. Tout le monde était heureux. Les shows que nous avons donnés récemment à Paris, Berlin ou Amsterdam ont été incroyables. Le public était merveilleux.