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Late Of The Pier

Interview publiée par Kris le 28 août 2008

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De passage dans les locaux de Because pour la promotion de leur premier album Fantasy Black Channel, le jeune groupe de Late Of The Pier répond à nos questions. Interview causante, légère et rigolarde en compagnie de quatre garçons pleins d'avenir, Samuel Eastgate, Sam Potter, Andrew Faley et Ross Dawson.

Vous commencez tout juste à être connus en dehors d’Angleterre, pouvez-vous présenter le groupe et nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?

Samuel : Nous nous sommes rencontrés très tôt, à l’école. Nous étions dans le même établissement ensemble, à l’âge de 5 ans, mais nous nous détestions tous avec animosité. Probablement avec autant de passion qu’aujourd’hui lorsque l’on joue ensemble, c’est-à-dire depuis l’âge de 17 ans.

Comment vous est venu le nom Late Of The Pier ?

Sam : On l’a trouvé marqué sur une boîte à chaussure.
Andrew : Et on l’a gardé.
Sam : C’est plus ou moins l’histoire de notre vie.
Samuel : On n’arrête pas de trouver des choses écrites comme ça qui nous servent de guides.

Cela signifie-t-il quelque chose de spécial pour vous ?

Ross : Non, mais on peut y aller en voiture (NDLR : pier = jetée) (rires)
Samuel : Si t’y vas, et que tu trouves ce que ça signifie…
Andrew : Ou bien si tu trouves la boîte à chaussure…
Samuel : Ils doivent être à la recherche de cette boîte du coup.
Ross : Je crois qu’on l’a volé. (rires)

Comment décririez-vous en quelques mots votre musique ?

Andrew : Intéressante.
Samuel : Réactionnaire…
Andrew : Riot punk.
Samuel : Provocateur…
Ross : Sans merci.
Andrew : Guttural.
Samuel : On ne sait pas vraiment. Les gens se donnent déjà assez de mal pour décrire notre musique. Alors on ne le fait pas. On l’aime juste.
Ross : Bollocks. (rires)

Votre musique semble être beaucoup influencé par la new-wave ainsi que le krautrock, mais quelles sont vos propres influences ?

Sam : Principalement la new-wave et le krautrock. (rires)
Ross : On nous demande beaucoup quelles sont nos influences, de nommer des artistes, comme s’il fallait constamment les classer.
Samuel : Oui, car nous en avons vraiment beaucoup. Si l’on ne cite que quelques noms, les gens vont penser qu’il n’y a que ceux-là.
Ross : Alors que cela se compte par centaines, qui s’étalent sur les quarante ou cinquante dernières années.
Andrew : C’est la meilleure réponse je pense. Les quarante dernières années sont nos influences. En comptant les trucs mauvais.
Sam : Donc oui, les Spice Girls. Grosse influence.
Andrew : J’essaie d’imiter Ginger Spice sur scène d’ailleurs depuis des mois.

Votre musique semble proposer des structures prog-rock et expérimentales, comment composez-vous vos chansons en utilisant ces schémas musicaux ?

Sam : On ne sait juste pas comment composer une chanson correctement. On ne s’entraîne pas. Les gens pensent que le prog-rock et ses dérivées sont des genres intelligents, mais ce sont juste des gens stupides qui ne savent pas écrire correctement des chansons, et c’est la même chose pour nous. On ne sait pas comment finir une chanson alors on en colle deux ensemble. On n’arrive pas à jouer sur une seule cadence alors on n’arrête pas de la changer.
Samuel : Parfois, on est nous-mêmes embrouillés sur le nombre de beats à jouer. On ne sait pas compter.
Andrew : Nous sommes d'incompétents et épouvantables musiciens, mais nous sommes un assez bon groupe.

Comment avez-vous choisi les chansons qui figureraient sur Fantasy Black Channel ?

Ross : C’est une sorte de best-of des quatre dernières années.
Sam : Le best-of de notre enfance en fait.
Ross : Nous avons grandi également en cette période, donc ça reflète aussi ça.
Samuel : "Le best-of de Late Of The Pier qui essaient d’écrire des chansons."
Sam : "Le meilleur essai manqué".

Au début, vous étiez étiquetés nu-rave, vous sentiez-vous proche de cette scène ?

Sam : On n’a pas l’impression de réellement appartenir à quelconque scène à vrai dire.
Samuel : Quand une grosse scène apparaît avec une hype qui l’entoure, naturellement, on essaie de l’éviter.
Sam : Comme on cherche un coin tranquille pour mourir, on essaie de trouver un coin tranquille pour faire de la musique.
Samuel : ...Pour ensuite mourir.
Sam : On est no-rave.
Andrew : Le truc avec la nu-rave est qu’elle est arrivée très rapidement, et était très orienté médias, et elle fût également très courte. Nous savions que notre musique était plus profonde, alors on a essayé d’éviter d’être rattachés même si nous partagions certaines idées communes. Dès que l’on veut faire passer du bon temps aux gens, c’était catalogué nu-rave.
Samuel : Comment les new raves peuvent-elles être différentes des raves qui se passaient dans les anciennes new raves ?

Vous avez travaillé avec Erol Alkan pour cet album.

Samuel : Que penses-tu de sa coupe de cheveux ?
Sam : Au niveau des genoux, il est un peu maigre nan ? (rires)
Samuel : C’est un mec charmant. On l’a rencontré de manière très simple, comme on rencontre la plupart des gens en fait. On l’a rencontré dans un club, puis on a fait notre second single avec lui.
Andrew : On est allé manger des pâtes chez lui.
Samuel : Il avait fait de très bonnes pâtes. Puis il nous a dit qu’il voulait enregistrer avec nous. Et on voulait juste qu’il nous fasse des pâtes.
Sam : Il nous a fait des pâtes, alors on a fait le titre.
Samuel : Une très belle relation.

Ne pensez-vous pas qu’Erol Alkan était la personne parfaite pour faire le lien entre la musique électronique et la pop musique, pour votre propre son ?

Samuel : C’est plus comme si on empruntait les mêmes chemins musicalement. Il était efficace et nous ressentions les mêmes choses sur de nombreux points. Et c’est déjà ce que l’on pensait avant même de travailler avec lui. Il a toujours été une figure qui pouvait jouer un rock plastique joint à de l’électro vraiment étrange. La façon dont il fait ses dj sets ressemble beaucoup à la manière dont nous faisons nos chansons.
Sam : Nous voulons jouer des choses qui sonnent difficiles, mais seulement sur disque, et qui sont finalement faciles à écouter.
Andrew : En écoutant l’album, si on est familier avec le travail d’Erol, on peut y entendre une façade différente de lui. La manière dont il a produit l’album ne sonne pas comme ce à quoi les gens pourraient s’attendre, comme du James Ford, qui aurait été plus clair, alors qu’Erol s’est plus basé sur l’âme et sur les sentiments qu’apportent notre musique.
Samuel : Il possède une incroyable connaissance de la musique, notamment dans les diverses techniques de production. Il est très expérimenté.
Andrew : Le plus important étant qu’il s’est amusé. Parce qu’on s’est amusé également. Il est amusant, tout le temps, et c’est très plaisant.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?

Andrew : Parfois atrocement lent, parce que chacun de nous ne savait pas ce qu’il était censé faire. C’était toujours expérimental, à tenter de nouvelles choses, puis voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Mais c’est ce qui était amusant. Avec n’importe quel autre producteur qui saurait exactement quoi faire, et qui nous aurait dit exactement quoi faire, ça n’aurait pas été pareil.

Vous avez récemment joué votre second concert en France, qu’est-ce que vous en avez pensé ?

Sam : C’était bien. On a joué dans des endroits bizarres. On avait joué dans un endroit sophistiqué divertit par de la musique. Mais les gens parviennent tout de même à s’intéresser à la musique surtout si c’est à la mode.
Samuel : On essaie de leur donner ce qu’on peut quoiqu’ils recherchent. Peut-être qu’ils aiment bien la manière dont nous sommes brouillons, ou bien cherchent-ils de la romance, mais on essaie juste de jouer de la bonne musique.

Votre premier album sort chez Parlophone en Angleterre, mais chez Because en France, comment sont-ils entrés en contact ?

Sam : Je pense qu’ils se faxent. Mais ils ne s’appellent jamais parce qu’ils détestent se parler entre eux.
Samuel : Because est très cool, et Parlophone ne l’est pas du tout.
Sam : Parlophone porte des gilets en laine, et des marcels cousus à la main, et Because portent des costumes classes. (rires)

L’aspect visuel de votre musique (artwork, clips vidéos…) semble être important pour vous.

Samuel : Ce serait bien que les gens écoutent notre musique et que ça leur suffise, mais c’est un passage obligé.
Andrew : C’est l’industrie musicale d’aujourd’hui, il faut être visuel. Tu dois montrer, et tu ne peux pas te contenter de ta musique uniquement. On écrit sur ta musique, on doit être capable de visualiser ta musique.
Samuel : Un vidéo clip est littéralement ce que l’on voit quand on écoute la musique, et c’est quelque chose que l’on aimerait plus faire dans le futur. Pas dans un but de piéger ou de détourner, mais vraiment pour compléter la musique.
Andrew : Oui, on aimerait avoir un contrôle sur les vidéos que l’on fera, pour les faire à notre façon avec des gens qui seraient en concordance avec notre vision des choses, avec des couleurs eighties, comme si c’était tourné avec un faible budget, un genre de film de série B. Ca représenterait bien notre musique. Spécialement les chansons, mais absolument l’album. Peut-être qu’on aurait dû faire ça pour toutes nos vidéos, non ?
Sam : On le fera sur les prochaines.

Que signifie le titre de l’album, Fantasy Black Channel ?

Andrew : Pour moi, c’est juste l’idée d’un écran de télévision vide, qui encourage l’imagination.
Sam : Moi, je vois juste une photo d’Erol Alkan à une fête. (rires)

Musicalement et textuellement, vos chansons sont quelques peu bizarres… De quoi parlent vos chansons ?

Sam : C’est de sa faute. (en pointant Samuel)
Samuel : Je ne réfléchissais pas. Désolé. En fait, Sam jouait des accords très sympas, et j’essayais de m’approprier ces chansons, pour qu’elles atteignent ma gorge et j’étais juste en train de… (il crie) et les paroles sont modelées en fonction des mélodies.
Sam : Mais en vrai, nous sommes des gens très normaux.

J’ai remarqué que Samuel, vous portiez un badge Metronomy. Vous les connaissez ?

Samuel : Oui, c’est des bons potes.
Andrew : C’est un bon groupe, on avait beaucoup aimé leur album, et on a joué une fois avec eux.
Ross : On a d’ailleurs reçu leur second album aujourd’hui, mais on n’a pas eu le temps de l’écouter.

Je les rencontre prochainement, avez-vous un petit message à leur passer ?

Andrew : « Qu’est-ce que c’est que cette coupe ? » Tu pourras leur demander.
Samuel : Dis leur ça : « Late Of The Pier demande : Pouvons-nous récupérer notre virginité ? » (rires)

Que pensez-vous qu’ils répondront ?

Samuel : « Non. On l’a déjà vendu sur eBay. » (rires)

Réponse de Metronomy à suivre...