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Hell Is For Heroes

Interview publiée par Fab le 29 novembre 2005

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Le 19 novembre dernier, Hell Is For Heroes se produisaient pour la première fois en tête d'affiche sur une scène parisienne. Quelques minutes avant de monter sur scène, Justin Scholsberg, chanteur de la formation, nous confiait ses impressions...

Ce soir vous allez donner votre premier concert en tête d'affiche à Paris. Quel souvenir gardes-tu de vos précédentes prestations en France ?

Nous avons toujours passé de bons moments en France jusqu'à maintenant. J'ai vraiment le sentiment que nous avons réussi à créer une sorte de connexion avec nos fans français, beaucoup plus que dans d'autres pays d'Europe par exemple.

Comment le public europeén a-t-il réagi lors de vos concerts ces dernières semaines ?

Nous n'avons eu que de bonnes réactions ! Tout dépend du lieu et du pays : certaines personnes ont été très chaleureuses avec nous alors que d'autres étaient très calmes et se contentaient d'écouter puis applaudir à la fin des chansons. Mais dans l'ensemble cette tournée en Europe s'est beaucoup mieux passée que ce que nous espérions au départ !

Le concert de ce soir sera également le dernier avant votre retour en Angleterre...

C'est vrai, mais je suis très impatient de monter sur scène car j'adore Paris, c'est une de mes villes préférées en Europe. Notre dernier concert ici est assez vieux, et je suis très heureux de pouvoir revenir en tant que tête d'affiche.

Vous deviez jouer à la Boule Noire il y a deux ans mais tu avais eu quelques problèmes de santé. Depuis vous avez donné des concerts à Belfort puis près de Lille, mais rien à Paris...

La fin de notre tournée européenne avait été annulée à l'époque car j'avais eu une hémorragie cérébrale sur scène. Depuis nous avons donné ce concert près de Lille dans le cadre d'un petit festival. C'était un bon show, mais nous avons toujours gardé cette envie de venir jouer à Paris. J'espère que notre nouveau label nous donnera l'occasion de revenir jouer plus régulièrement désormais.

Tu ne ressens donc aucune pression particulière avant de monter sur scène ce soir ?

Non pas du tout. Même si Paris est une ville française, je trouve qu'elle n'est que très peu éloignée de l'Angleterre. Sans parler de la distance, Paris me semble très proche de chez nous... nous aimons tous beaucoup des groupes français comme Daft Punk par exemple, et cela nous rapproche encore un peu plus de vous. J'ai toujours pensé que Londres et Paris avaient beaucoup plus de choses en commun que ce que pensent les gens.

Transmit/Disrupt est sorti en début d'année en Angleterre, comment ressens-tu votre évolution musicale depuis cette époque ?

Toute notre évolution me semble très naturelle. Beaucoup de gens disent que Transmit/Disrupt est très différent de The Neon Handshake mais je ne suis pas d'accord avec cela. Beaucoup de choses se sont passées entre ces deux disques, le groupe a évolué, nos personnalités également... nous avons simplement grandi. Tout cela a forcément affecté notre façon de travailler en tant qu'artistes.

Vos deux albums sont véritablement différents. La touche Hell Is For Heroes est évidente, mais votre son a changé. Comment le perçois-tu ?

Notre idée première lors de l'enregistrement de Transmit/Disrupt était d'évoluer tout en exploitant au mieux nos capacités. Il était important pour nous de pousser le songwriting encore plus loin tout en travaillant également notre musique. Et je pense que la production du disque est allée dans ce sens. Je ne dis pas que nous avions établi un plan à suivre pour cet album, il n'était pas question de changer notre identité ou notre style. L'orientation musicale que nous avons suivie est simplement le fruit de notre désir de réaliser un second album plus abouti que le premier, c'est une évolution tout à fait naturelle.
Certains groupes continuent de faire encore et encore le même disque, et même si cela fonctionne très bien pour eux, ce n'est pas notre façon d'envisager la musique. On ne peut pas prendre de plaisir en jouant constamment la même chose.

Ce n'est pas étrange pour un groupe de faire de la promotion pour un disque vieux de près d'un an ?

Pas du tout, c'est une sorte de cycle. Transmit/Disrupt est sorti dans un premier temps en Angleterre où on a fait quelques tournées avant de sortir le disque en Europe cet automne... et maintenant on joue dans de nombreux nouveaux pays pour le promouvoir ! Si tout se passe bien, on reprendra ce schéma en début d'année prochaine pour les Etats-Unis.

Je suppose qu'au final tu es fier du travail accompli sur ce second album ?

Evidemment, même si je ne renie pas The Neon Handshake. Ce premier disque était plus direct, peut-être plus simple également, mais je pense que la durée de vie de Transmit/Disrupt est bien plus longue, ne serait-ce que parce que la musique que nous faisons désormais est plus profonde et développée qu'à nos débuts.

Il aura fallu près de dix mois avant que le disque ne sorte en France, c'est un délai vraiment très long...

C'est vrai. Quand nous avons pris la décision de quitter EMI après notre premier album, nous voulions vraiment pouvoir faire les choses à notre façon, et c'est pour cela que l'album est dans un premier temps sorti en Angleterre. Il n'y avait aucune volonté au sein du groupe de trouver un nouveau label à tout prix, nous avons juste voulu jouer notre musique sans prise de tête. Quelques mois plus tard, Burning Heart nous a contacté en proposant de distribuer Transmit/Disrupt en Europe puis aux Etats-Unis l'an prochain, et comme c'est un label que nous apprécions à la fois pour sa musique et son esprit, nous avons accepté de signer chez eux. C'est une vraie chance de pouvoir travailler avec ces gens.
Certains groupes sont totalement pris en main par leur maison de disque, mais je ne vois pas les choses de la même manière. Un label sert avant tout à sortir tes disques, et rien d'autre. Peu importe que l'on parle d'une major ou d'un petit label indé, je veux simplement que le groupe puisse faire la musique qu'il aime sans aucune autre considération.

Pourquoi avoir changé la pochette de l'album dans sa version européenne ?

Il y a deux raisons à ce choix. La première est que lors de sa sortie anglaise nous n'avions pas de label ni d'argent pour en faire dessiner une, et nous avons donc choisi quelque chose de simple. La seconde est qu’après avoir signé chez Burning Heart, nous avons voulu rendre justice au disque et c'est pour cela que nous avons décidé de produire un nouvel artwork bien plus abouti. Pour moi, la véritable pochette de l'album est la seconde. Nous étions très fiers d'avoir créé notre propre artwork, mais le nouveau est véritablement meilleur.

Votre signature chez Burning Heart a surpris beaucoup de monde dans le sens où ce label est très axé sur la musique punk...

Je pense que le punk est devenu un mouvement très populaire et très varié de nos jours. Beaucoup de groupes touchent à cette musique même s'ils ne font pas partie de ce mouvement à part entière, et c'est notre cas. Pour moi le punk est un état d'esprit et une attitude plus qu'un style musical.

As-tu déjà pensé au fait que vous pourriez devenir plus important aux Etats-Unis qu'au Royaume-Uni, un peu comme Funeral For A Friend par exemple ?

Pour être honnête, nous ne nous identifions à aucun autre groupe de rock britannique actuel. Des formations comme Funeral For A Friend ou Lostprophets font du rock beaucoup plus mainstream que le notre, même si c'est leur style, et leurs quelques gros hits leur ont permis d'accéder à un autre statut. Ce n'est de toute façon pas ce qu'on recherche au départ, faire de la musique est le principal.
Nous ne voulons pas changer pour faire plaisir à un label, au public ou à qui que ce soit, on se contente de notre statut actuel et on attend de voir comment tout évolue. Notre devise est en quelque sorte "pour le meilleur et pour le pire", il n'est pas question de s'adapter pour vendre plus de disques. On peut déjà s'estimer chanceux d'avoir tant de fans pour nous soutenir et nous accompagner.

Sur quel label envisagez-vous de sortir vos prochains disques au Royaume-Uni ? Captains Of Industry ?

Non je ne pense. Je suis content de m'être investi dans ce label à une certaine époque, et même si Ben et Rich continuent de faire un excellent travail, je n'ai plus envie de m'impliquer dans ce genre de choses dans le futur. Dorénavant je veux me consacrer à la musique et à Hell Is For Heroes.

Tu n'as jamais eu envie de t'impliquer dans d'autres projets musicaux ?

Non, même si cela ne m'empêche pas d'écrire quelques chansons pour mon propre plaisir de temps à autres. Le groupe me prend tellement de temps et d'énergie que je suis incapable de m'investir dans autre chose actuellement.

Peut-on espérer entendre de nouvelles chansons inédites dans un futur proche ?

Probablement, mais je pense que cette fois-ci nous prendrons notre temps avant d'aller en studio. Il n'est désormais plus question de se forcer à écrire pour pouvoir préparer un album et le sortir. Deux ou trois nouvelles chansons sont déjà terminées, mais je pense qu'on attendra simplement que d'autres nous viennent à l'esprit sans se presser. Quand nous nous sentirons prêts, nous irons en studio pour enregistrer, mais pas avant.

Vous êtes souvent décrits comme un groupe de scène... est-il plus important à tes yeux d'enregistrer des disques ou de donner des concerts ?

Je ne sais pas, j'apprécie vraiment ces deux choses. D'un point de vue personnel, donner un bon concert me fait ressentir des choses fantastiques... mais l'écriture des chansons est en quelque sorte le "sang" du groupe. Quand tu écris une nouvelle chanson que tu estimes réussie, tu ressens également des sentiments vraiment spéciaux...
En tant que musicien, les shows en live sont très importants. A quoi bon faire partie d'un groupe si tu ne fais pas de concerts ? Avant même que les disques ne soient créés, les groupes écrivaient des chansons et donnaient déjà des concerts. Tu vas de ville en ville, tu rencontres de nouvelles personnes... tout cela est sans doute plus réel que d'enregistrer des disques même si j'espère être un jour capable d'écrire le meilleur album du monde !

La sortie de votre DVD live il y a quelques mois va dans le sens du live. Vous est-elle venue naturellement ?

Pour être honnête, nous l'avons avant tout sorti afin d'amasser un peu d'argent pour le groupe ! Je ne crois pas qu'il soit sorti officiellement en France, mais nos fans peuvent se le procurer sur internet ou sur notre site officiel. Cela dit, je suis très content du résultat. Il n'est pas toujours simple d'arriver à capturer parfaitement l'énergie d'un concert, mais la setlist proposée sur le DVD et notre prestation me semblent très corrects !

Je te laisse le mot de la fin...

J'ai le sentiment que nous avons réussi à créer une connexion très spéciale avec la France et nos fans vivant ici. Certains nous ont suivi à chacun de nos concerts, et je suis très impatient à l'idée de jouer pour la première fois en tête d'affiche à Paris... même si j'espère avoir l'occasion de revenir ici plus souvent dans le futur !