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Battle

Interview publiée par Fab le 20 octobre 2006

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Révélés en début d'année dernière lors de la sortie du single Isabelle chez Fierce Panda, Battle s'apprêtent à dévoiler le 23 octobre un premier mini album, Back To Earth. Leur récent passage à Paris lors de la soirée Inrocks Indie Club était l'occasion rêvée de rencontrer ces quatre jeunes anglais...

Battle est un groupe relativement inconnu en France, est-ce que vous pouvez me parler un peu du groupe ?

James : Notre rencontre a eu lieu à l'université, il y a environ quatre ans. J'ai rencontré Jason à l'école, il y a une dizaine d'années, et en allant à l'université on espérait rencontrer d'autres musiciens pour monter un groupe. Trouver les bonnes personnes nous a pris du temps mais après quelques essais, Battle est né.

Pour la plupart des gens, votre nom sous-entend la notion de combat contre quelque chose ou quelqu'un... et pourtant vous n'avez jamais revendiqué quoi que ce soit à travers vos chansons. Pourquoi donc ce nom ?

Jason : Il y a un peu de ça, le fait de se battre pour quelque chose, de ne jamais abandonner. De toujours aller plus loin dans ses objectifs également. En tant que groupe, on essaye constamment de devenir meilleurs que les autres, d'écrire de bonnes chansons, d'assurer de bons concerts. On essaye vraiment d'aller au bout de nos idées.
Tim : Pour moi cela sous-entend le fait de se faire violence, de se pousser à travailler toujours plus dur. Un combat contre soi-même.
Jason : On pourrait résumer toutes ces idées par de l'ambition. On a tous les quatre les mêmes buts et on travaille dur pour cela. On va dans la même direction sans jamais baisser les bras.

En montant votre groupe, vous aviez envisagé l'idée de pouvoir vivre de votre musique ?

Jason : Oui, non... je ne sais pas trop...
James : On l'espérait comme beaucoup d'autres musiciens en Angleterre. L'arrogance de la jeunesse sans doute ! (rires) Jason : Tu ne peux pas savoir si ta musique sera bonne lorsque tu débutes. Tu fais ce que tu as à faire, que ce soit bon ou mauvais, et tu dois accepter la façon dont les choses vont évoluer par la suite. On a toujours vécu l'instant présent sans penser au travail qu'on devra trouver un jour ou aux enfants qu'on élèvera avec notre femme.
James : Quand tu as quinze ans tu idéalises beaucoup de choses, notamment la façon dont tu vas gagner ta vie. Tu t'imagines comme une star du rock avec beaucoup d'argent... mais c'est juste un rêve !

Quels sont les groupes qui vous ont poussé à faire de la musique ensemble ?

Jason : Tellement de choses différentes ! Le jazz, le garage rock... Je pense que notre musique ressemble à celles de nos groupes favoris, comme les Beatles, Radiohead, Nirvana, Pixies, The Smiths, Talking Heads, TV On The Radio...
James : Ce sont vraiment les groupes que nous apprécions le plus. On écoute beaucoup de musique mais on n'a jamais décidé de copier tel ou tel groupe. On a commencé à jouer ensemble, en piochant des idées parfois, mais sans vouloir faire de plagiat. Je pense qu'on pourrait aussi citer les Stone Roses.
Jason : On ne veut pas se réapproprier ce que les groupes du passé ont créé, juste s'en inspirer pour composer de nouvelles choses.

Votre premier single, Isabelle, est sorti chez Fierce Panda en mai 2005. Je suppose que le fait de travailler avec ce label était très grattifiant pour vous ?

Jason : Bien entendu. Fierce Panda est un label mythique au Royaume-Uni. Ils ont sorti les premiers singles de Coldplay, Supergrass ou Keane... même s'ils doivent être moins fiers pour eux ! De nombreux groupes passés par Fierce Panda à leurs débuts figuraient parmi nos héros d'adolescents. On a en quelque sorte assuré une certaine continuité.
La sortie de ce single a été très particulière car on n'avait signé aucun contrat dans un premier temps. Le boss du label est venu nous voir jouer en studio et il nous a proposé de sortir un single. On était très excités par cette idée, c'est génial de pouvoir ensuite aller chez un disquaire et d'y voir ton propre disque. C'est une grande fierté.

Vous avez par la suite rejoint les rangs de Transgressive Records qui était à cette époque un très jeune label. Vous n'avez jamais eu peur que cela puisse mal se passer ?

Tim : Tout a commencé le jour où j'ai rencontré Tim, un des deux fondateurs du label avec Toby. Transgressive Records existait depuis environ deux ans à cette époque il me semble, car auparavant Tim s'occupait de Trash Aesthetics chez qui était sorti le premier vinyle de Bloc Party. Il est par la suite venu nous rendre visite en studio lors du mixage d'Isabelle, et la chanson lui avait beaucoup plu... même si ce premier single est sorti chez Fierce Panda. Il n'a pas abandonné l'idée de travailler avec nous et c'est ainsi que Demons a été distribué par Transgressive Records quelques mois plus tard.

Etait-ce le seul label intéressé par votre musique ?

Tim : Non. On avait reçu de nombreuses propositions à cette époque, mais Transgressive Records croyait vraiment en notre musique et voulait nous proposer de sortir un album quelques mois plus tard. Ce sont de vrais passionnés de musique et ils ne nous ont jamais contraints à évoluer vers une musique plus commerciale juste pour gagner de l'argent. Selon moi, Transgressive Records était la meilleure solution pour développer notre potentiel créatif sans aucune contrainte.
James : Le monde de la musique est très dangereux pour les jeunes groupes. Beaucoup de personnes mal intentionnées cherchent uniquement à gagner de l'argent et à trouver les groupes avec une bonne de cheveux...

Votre supposé premier album, Break The Banks, était attendu pour la rentrée... jusqu'à ce que vous annonciez son report récemment. Pour quelles raisons ?

James : On aime passer beaucoup de temps en studio pour écrire et enregistrer de nouvelles chansons. Durant l'été on a eu du temps libre pour ce genre de choses et on s'est rendus compte que nos nouvelles chansons étaient bonnes, même meilleures que celles que l'album devait contenir. On avait bien entendu très envie de sortir un véritable disque, mais la solution de l'album nous a au final semblé peu judicieuse. On a donc continué à travailler sur quelques chansons inédites...
Tim : C'est bien la première fois qu'un artiste préfère repousser la sortie de son album alors que sa maison de disque est prête à le distribuer ! Ils ont compris notre décision, et à la place nous avons préparé un mini album avec nos anciens singles et quelques nouveautés. Les anciens morceaux comme Isabelle ou Tendency ont été réenregistrés à cette occasion.
Ce disque va nous permettre de mettre de coté nos anciennes chansons afin de repartir sur de nouvelles bases dans les mois à venir. On a bien sûr l'ambition de sortir de nombreux disques dans le futur, mais rien ne nous presse pour le moment. Un premier album est très important pour la suite d'une carrière.
James : Je suis très content d'avoir décidé de sortir un mini album, c'est un choix que peu de groupes font. Ce n'est pas un album, mais c'est mieux qu'un EP. iLiKETRAiNS ont fait de même au début de l'été et je pense qu'ils ont eu raison.

Et que va-t-il advenir des chansons que Break The Banks était censé contenir ?

Tim : Break The Banks ne devrait contenir que de nouvelles chansons lorsqu'il sortira l'an prochain. Nos anciennes chansons, ou du moins nos meilleures anciennes chansons, seront toutes sur Back To Earth.
Jason : La plupart des groupes vont vers la simplicité en sortant leur premier album le plus rapidement possible, puis en partant en tournée durant un an. Ils retournent en studio et deux ans plus tard arrive un second album. Rien ne nous oblige à suivre cela ! Il y a vingt ans les groupes enregistraient une dizaine de chansons chaque année pour sortir un nouvel album, mais les choses ont évolué depuis et je pense que ce sera encore le cas dans le futur. Je n'aime pas l'idée de sortir des disques de façon automatisée, juste pour le principe. Je pense que si les gens aiment notre musique, ils ne verront pas de problème à acheter notre mini album plutôt qu'un disque complet. Quand Isabelle est sorti en single, le groupe n'en était qu'à ses débuts, en plein développement... et dans quelques années, lorsqu'on regardera en arrière pour voir le trajet parcouru, je pense qu'on se rendra compte que la décision de reporter la sortie de notre album était la bonne.

Avez-vous déjà quelques idées à propos de ce que sera Break The Banks ?

Tim : On a enregistré à ce jour environ quinze chansons, et il est acquis qu'elles seront toutes disponibles d'une façon ou d'une autre. Soit parce qu'elles figureront sur l'album, soit en tant que bsides sur des singles. Mais Break The Banks ne sera pas en vente tant que le résultat ne sera pas totalement satisfaisant à nos yeux.

Back To Earth est un titre assez ambigu, que signifie-t-il ?

Jason : Cette phrase possède de nombreuses significations cachées... mais c'est avant tout tiré des paroles d'une de nos chansons. Dans son contexte, "back to earth" se rapporte au fait de revenir sur Terre depuis l'espace. Un peu comme David Bowie.
Pour moi, "back to earth" se rapporte au fait d'être assis et de regarder le soleil ou les étoiles dans le ciel. Tu as donc ton corps contre sur le sol et tu admires ce que tu peux voir dans le ciel, aussi loin que ta vue te le permet.
Tim : C'est aussi un titre qui se rapporte à l'histoire du groupe, à nos débuts, à l'enregistrement d'Isabelle... quelque chose de très organique.

L'an dernier vous aviez donné un concert plutôt inattendu à Aix-les-Bains en première partie d'Iggy & The Stooges. Vous en gardez un bon souvenir ?

James : Techniquement c'est Iggy qui avait assuré notre première partie, on avait joué après la tête d'affiche ce soir-là !
Jason : C'était incroyable ! Le temps était superbe, tout comme le cadre. Aix-les-Bains est situé dans une très belle région de la France et c'était un plaisir d'y jouer. C'était un peu irréel de venir jusqu'ici pour un concert, comme lorsqu'on partait en voyage scolaire dans un bus durant notre jeunesse. Le site était organisé avec deux scènes en face l'une de l'autre, et dès que le concert d'Iggy & the Stooges s'est terminé, les lumières de notre scène se sont allumées et nous avons commencé à jouer ! Les gens qui étaient au fond de la fosse pour Iggy se sont donc retrouvées au premier rang pour notre concert, comme par magie. On a dû commencer devant plus de 10000 personnes... et finir devant un petit millier je crois. Perdre neuf mille personnes en 30 minutes, c'est plutôt pas mal non ? (rires)

Est-ce qu'il y a un groupe en particulier avec lequel vous aimeriez jouer un jour ?

Tim : Radiohead bien entendu, ce serait fantastique. James a pu voir leur concert au V Festival depuis le fond de la scène, je suis jaloux...
Jason : TV On The Radio aussi !
Tim : On aurait aimé jouer avec British Sea Power durant leur récente tournée, on a supplié leur management mais le groupe a choisi iLiKETRAiNS au final... une autre fois peut-être !