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Help She Can't Swim

Interview publiée par Fab le 23 mai 2007

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Après trois années d'absence, Help She Can't Swim reviennent, sous la forme d'un quatuor, avec leur nouvel album The Death Of Nightlife. Rencontre avec quatre jeunes anglais bien décidés à conquérir la France dans les mois à venir...

Votre premier album est paru en 2004 chez Fantastic Plastic, quelles ont été vos occupations depuis cette époque ?

Thomas : On a beaucoup tourné au Royaume-Uni durant quelques mois puis on a enregistré un nouvel EP, Committing Social Suicide. On a ensuite décidé de prendre du temps pour profiter de la vie et construire notre second album. Il est terminé depuis presque une année mais il ne sort que maintenant, j'ai l'impression d'avoir attendu une éternité pour que tout se mette enfin en marche...
Leesey : Une année s'est écoulée entre la fin de notre dernière tournée et notre entrée en studio pour enregistrer cet album. Beaucoup de choses ont changé avec le départ d'un de nos guitaristes car il a fallu apprendre à jouer les chansons sans lui, trouver un nouveau mode de fonctionnement. Cette période d'attente était nécessaire.
Thomas : Le plus frustrant pour nous a été de ne plus donner de concert mais il n'était pas possible de faire autrement.

Vous n'avez jamais vraiment eu la chance de vous imposer en France ces dernières années, votre signature chez Dad Records pourrait bien vous donner une opportunité...

Leesey : On y pense beaucoup et on sait que les gens ici vont nous soutenir et promouvoir notre album, c'est un vrai changement. On pourra aussi venir en tournée, c'est une grande chance.
Thomas : On devrait revenir en juin pour donner un concert, et si tout se passe bien on partira en tournée en France à la rentrée prochaine. Avec Dad Records on espère pouvoir jouer régulièrement, et pas seulement à Paris mais dans beaucoup d'autres villes.

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Votre second guitariste vous a donc quitté il y a environ un an, vous y attendiez-vous ?

Thomas : On sentait depuis quelques mois déjà qu'il s'ennuyait avec nous, qu'il aspirait à une autre vie. Il est parti s'installer à New York pour vivre avec sa petite amie et il se plait beaucoup là-bas. Notre dernière tournée à cinq s'était très mal passée, il ne prenait plus de plaisir et cela se répercutait obligatoirement sur l'ambiance au sein du groupe. Il nous a fallu quelques semaines avant de décider comment poursuivre notre carrière. On aurait pu recruter un nouveau guitariste mais on a voulu tester le fonctionnement à quatre, et cette formule nous a semblé le meilleur le choix. L'atmosphère et la communication se sont rapidement améliorés, on se sentait tous comme libérés d'un poids. Tout le monde est heureux désormais, même lui.

N'a-t-il pas été un peu étrange de devoir apprendre à jouer vos anciennes chansons à quatre ?

Leesey : Un peu, mais le problème s'est posé pour toutes nos chansons car le nouvel album avait été enregistré avant son départ !
Thomas : Notre premier concert après cela fut comme un test grandeur nature, il nous a permis de réaliser que tout pouvait continuer presque comme si de rien n'était. Il y avait pourtant un vide sur scène, mais la réaction du public était tellement bonne que le stress s'est vite évaporé. La dynamique du groupe est bien entendu différente, le comportement de chacun sur scène également, mais on a su trouver un nouvel équilibre. Notre énergie est intacte, sur scène et en studio.

Votre nouvel album s'intitule donc The Death Of Nightlife, est-ce qu'il sous-entend que les soirées dans lesquelles vous vous rendez sont ennuyeuses ?

Leesey : C'est un constat général. Quand tu vas dans des soirées en Angleterre, tous les adolescents ne pensent qu'à boire de l'alcool et se droguer. C'est déprimant de voir comment la jeunesse du pays se comporte, les drogues sont tellement généralisées là-bas que la plupart des gens n'y font même plus attention. Et le problème est le même avec l'alcool ! Les jeunes sortent systématiquement de ces soirées dans un état lamentable et personne ne semble réagir.
Thomas : Le disque peut paraître très sombre au premier abord, notamment à travers ce type de sujet dont on parle, mais ce n'est que le reflet de la réalité, rien n'est inventé. Ce sont nos expériences personnelles qui nous ont poussé à parler de cela.

A l'écoute de cet album, on peut sentir une vraie volonté d'aller de l'avant, de pousser votre musique dans de nouvelles directions...

Thomas : On a vraiment eu plus de temps pour travailler les chansons et cela se ressent au final. Il n'était pas question de faire un disque calqué sur le précédent alors on a expérimenté de nouvelles idées, de nouveaux sons...
Leesey : Fashionista Super Dance Troupe était un disque très punk avec des chansons courtes et directes. On arrivait, on faisait quelque chose comme "bam bam boum" et la chanson était finie. C'était simple et efficace. Les chansons sur The Death Of Nightlife sont plus rationnelles, plus réfléchies sans doute. On a vraiment analysé toutes les possibilités qui s'offraient à nous et on a conservé les idées les plus cohérentes.
Thomas : Dès le départ on a décidé de surprendre les gens avec cet album et on a vraiment réussi à tirer le maximum de nos possibilités. Sur des titres comme Never The Right Time For Us ou Pass The Hat Around les mélodies sont très élaborées tout en restant très punk. On crie peut-être moins que dans le passé mais on s'exprime toujours avec une certaine énergie.

Vous avez pu passer beaucoup de temps en studio pour ce disque, est-ce que cela a changé votre façon de travailler ?

Leesey : Ce fut vraiment appréciable. On a pris notre temps pour pauffiner les chansons, ce qui n'avait pas été le cas pour Fashionista Super Dance Troupe qu'on avait enregistré et mixé en une petite dizaine de jours. Avec du recul je réalise que c'était vraiment trop rapide. Cette fois-ci on a pu améliorer le rendu de chaque instrument, tester différentes versions pour les chansons, expérimenter certaines idées...
Thomas : Cette liberté nous a aussi permis de moins ressentir la pression liée à un enregistrement. On a à nouveau décidé de travailler avec Justin Callaway pour la production du disque, c'est une personne qui nous connait parfaitement, qui avait déjà produit nos toutes premières démos et qui sait exactement ce qu'on attend de lui. Tout est plus simple quand tu es bien entouré et que tu n'es pas contraint par le temps.

Vous auriez aussi pu prendre le risque de choisir une autre personne ?

Thomas : On savait dès le départ qu'on voulait travailler avec Justin, et lui aussi en avait envie, c'était un choix naturel...
Leesey : On aurait pu prendre le risque d'aller voir ailleurs, mais quand tu as sous la main une personne que tu apprécies et en qui tu as une totale confiance tu ne veux pas la décevoir. On lui a donné quelques directives et il les a appliquées, je ne sais pas si certains producteurs plus connus auraient accepté de travailler de cette manière, sans avoir une totale liberté de choix. L'alchimie entre le groupe et Justin est incroyable.
Thomas : Notre label nous avait suggéré d'écouter nos disques favoris et de regarder si un producteur pourrait nous plaire. On l'a fait mais aucun ne nous convenait aussi bien que Justin.

Vous semblez avoir adopté une approche plus personnelle pour beaucoup des chansons de ce disque, le ressentez-vous ainsi ?

Thomas : C'est bien le cas. Cette évolution est née de notre volonté de composer un second album différent du premier. On a donc écrit des chansons sur des sujets qui nous concernaient tout en étant moins tournés vers l'extérieur. On avait tellement parlé de la culture pop dans le passé qu'on a voulu passer à autre chose. Entre temps on a beaucoup tourné, vécu des choses ensembles, et ce sont tous ces événements que l'on retrouve dans The Death Of Nightlife.
Leesey : On a juste voulu exprimer ce que nos cœurs renfermaient jusque là ! (rires)

Vous semblez avoir une certaine passion pour les artworks originaux : l'an dernier vous aviez customisé toutes les copies de votre EP Committing Social Suicide, et l'édition vinyle de votre nouvel album s'annonce très spéciale également. C'est une autre manière d'exprimer vos talents artistiques ?

Leesey : L'idée de peindre chaque copie de Committing Social Suicide était géniale, j'ai adoré le faire. Notre label aime toutes les idées un peu "indie" et il nous encourage systématiquement lorsque qu'on propose une initiative nouvelle. Customiser un CD c'est un cadeau pour les fans, beaucoup de groupes le faisaient encore au début des années 90 mais l'idée s'est un peu éteinte avec le temps car les labels considèrent souvent cela comme une perte de temps et d'argent.
Thomas : Le vinyle de The Death Of Nightlife sera aussi très spécial. Les pochettes seront peintes avec des couleurs différentes et l'object en lui-même sera bicolore, un peu comme si deux moitiés différentes avaient été assemblées ! Je suis sûr que nos fans vont adorer ça.
Leesey : Tout le monde pense qu'on sort des disques pour la musique, mais en réalité on le fait uniquement pour le packaging ! (rires)

Vous avez récemment eu l'occasion de jouer avec CSS et de partir en tournée avec les Blood Brothers. Pour votre retour vous n'avez pas fait les choses à moitié...

Thomas : On a toujours tous été des fans de Blood Brothers, surtout à nos débuts. On avait déjà joué avec eux en 2005 et on ne pensait vraiment pas avoir à nouveau une telle occasion... mais ils nous ont recontacté pour leur dernière tournée et on ne pouvait pas refuser ! C'était d'autant plus particulier qu'on avait encore jamais réellement tournée en Angleterre depuis le départ de notre guitariste. C'était presque un rêve de pouvoir les accompagner aux quatre coins du pays, de pouvoir passer du temps avec eux.

Et ce fameux concert avec CSS ?

Thomas : Ce fut un cauchemar. On nous avait invité pour une soirée avec cinq groupes et inévitablement on nous avait programmé en ouverture. Tout est allé très vite, on a fait le soundcheck en dix minutes et on est resté sur scène une petite demi-heure. Ce n'était donc pas un moment parfait mais on a pu rencontrer Jarvis Cocker à cette occasion. Je lui ai serré la main, je me suis assis à côté de lui... le souvenir de cette rencontre est meilleur que le concert en lui-même !

Le mot de la fin ?

Thomas : Get rich or die trying ! (rires) Plus sérieusement, j'espère sincèrement que les gens vont aimer notre nouvel album et l'achèteront. J'aimerais pouvoir jouer au Carling Weekend cet été et dans beaucoup d'autres festivals en Europe. La sortie du disque sera quoiqu'il en soit une libération, le point de départ de nos prochaines tournées et d'une nouvelle vie.. comme si toutes nos questions existentielles allaient trouver une réponse !

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