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The Hoosiers

Interview publiée par Fab le 30 janvier 2008

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Inconnu en début d'année 2007, The Hoosiers sont devenus de véritables star en l'espace de quelques semaines. La raison ? La sortie de Worried About Ray, installé des mois durant parmi les meilleures ventes de singles outre-Manche. De passage à Paris, Irwin Sparkes et Alfonso Sharland nous dévoilent récemment les secrets de cette réussite...

Vous venez tous les trois de lieux très différents, est-ce que vous pouvez m'en dire plus sur votre rencontre et la création du groupe ?

Irwin : Je connais Alfonso depuis très longtemps et il y a environ une dizaine d'années on a décidé de monter un petit groupe pour jouer des reprises dans des bars et pour nos amis. On aimait déjà beaucoup la musique pop à cette époque, comme les Beatles par exemple ou toute la vague britpop qui vendaient beaucoup de disques. On avait décidé de prendre trois années pour que le groupe se fasse connaître, après il aurait fallu chercher un vrai travail... mais on a eu la chance lors de notre première année à l'Université de partir aux Etats-Unis dans le cadre d'un échange scolaire. On n'a pas vraiment eu le choix du lieu et on nous a donc envoyé à Indianapolis. Ce n'était pas si mal après tout parce qu'on voulait simplement voyager et voir du pays comme notre ancien professeur de Chimie nous avait fortement encouragé à le faire.
Alfonso : Il pensait vraiment que le fait de voyager nous permettrait de grandir et de devenir meilleurs... et il n'hésitait pas à nous dire que notre musique était nulle et que nos textes étaient insipides. On était trop jeunes selon lui.
Irwin : On a donc pris l'avion pour Indianapolis et dix ans plus tard nous voilà avec notre premier album ! C'était facile non ? [rires]

Votre professeur de chimie a donc joué un rôle important dans votre vie ?

Irwin : Je ne pense pas, pour nous tout cela est plus une anecdote amusante qu'on raconte lors de nos interviews ! Mais si on était restés en Angleterre je ne pense pas qu'on en serait au même niveau aujourd'hui... A notre retour des Etats-Unis on a rencontré Martin qui était à Londres dans une école de musique. C'était vraiment bien de l'avoir avec nous car il possède une vraie culture musicale alors qu'Alfonso et moi sommes plus des songwriters d'une certaine façon.

Ressentiez-vous à cette époque le besoin de recruter un troisième musicien ?

Alfonso : Irwin et moi avons toujours formé la base du groupe mais il y a toujours eu d'autres personnes à nos côtés car on ne pouvait pas donner de concerts en duo. Ces personnes étaient plus ou moins impliquées et talentueuses alors que Martin nous a vraiment rejoint pour construire quelque chose sur le long terme. Ce n'était pas un simple intérimaire. A l'heure actuelle on fonctionne comme un vrai trio sauf lors de nos concerts où un de nos amis, Sam, nous accompagne aux claviers.
Irwin : On envisage de recruter encore une ou deux autres personnes pour nos prochaines tournées, notamment une personne aux cuivres. On a encore de la place sur scène alors on va en profiter ! [rires]

Vous me parliez tout à l'heure des Beatles et de la britpop, quels sont donc les groupes qui vous ont les plus influencés ?

Alfonso : Lorsqu'on a commencé à jouer de la musique on écoutait la même chose que tout le monde en Angleterre, Oasis et Blur. Il était impossible de passer à côté à l'époque, c'était l'âge d'or de la britpop et ces deux groupes devançaient tout le monde dans tous les domaines. On apprécie aussi des groupes de pop plus anciens et un peu ringards maintenant, comme Duran Duran ou A-Ha par exemple. Comme tout le monde, on a ensuite adoré Radiohead, principalement lorsque The Bends est sorti... c'était un groupe qui cherchait à se différencier des autres et qui avaient les idées pour le faire.
Irwin : Ce que j'aime avec la musique c'est qu'il n'est pas nécessaire d'être le meilleur pour avoir sa chance. Il faut aimer ça avant-tout et se donner beaucoup de mal pour réussir. On écoute les mêmes groupes aujourd'hui qu'il y a dix ans mais on a beaucoup progressé au fil du temps, on s'est imprégnés de la musique d'autres groupes et on a eu la chance que des personnes s'intéressent à nous.
Alfonso : A l'heure actuelle on aime énormément la musique d'Arcade Fire avec toutes les orchestrations, mais aussi Stevie Wonder, Supergrass, Super Furry Animals...
Irwin : On aime tout ce qui est « Super » en résumé ! Superman aussi... tu connais Superdog ? Il existe un comic book sur ce chien, qui peut aimer ça sérieusement ? Mais c'est lui aussi un Super donc on l'aime quand même ! [rires]

Après avoir passé dix années dans l'anonymat le plus complet, quel a été l'élément déclencheur de votre popularité ou de votre réussite selon vous ? Tout est allé vraiment très vite pour vous cette année...

Irwin : On peut le dire, et en plus on vient d'obtenir une nomination pour les Brit Awards ! C'est même un peu bizarre de voir un tel changement après dix années d'attente, tout a radicalement changé sans qu'on le sente venir.
Alfonso : C'est là que tu peux réaliser à quel point le succès est parfois inattendu. Tu peux investir tout ton temps et toute ton énergie dans un groupe durant des années sans jamais rien obtenir en retour, et d'un jour à l'autre tout change. On n'a pas travaillé différemment, on a juste eu le coup de pouce qui nous avait sans doute manqué... de la chance et rien d'autre. La différence se fait maintenant avec une bonne maison de disque pour sortir nos disques et un management qui fait bien son travail.
Irwin : Notre rôle est donc de continuer à travailler comme on l'a toujours fait pour que le public ne nous oublie pas dans quelques mois. Tout peut s'arrêter très vite, il ne faut pas l'oublier.

Je suppose que vous n'aviez jamais envisagé une telle ascension après toutes vos galères ?

Alfonso : Quand j'étais plus jeune il m'arrivait souvent de penser à ce que la vie de rockstar pouvait être. J'imaginais toutes les bonnes choses que cela pourrait m'apporter un jour si j'en étais une, c'était presque un rêve. Maintenant que je découvre cette vie, je réalise que j'idéalisais beaucoup trop tout cela...
Irwin : Imagine un adolescent qui pense au sexe toute la journée et qui un jour a finalement la chance de pouvoir coucher avec une fille. Sur le coup il va trouver ça fantastique mais il va ensuite comprendre que c'est une chose somme toute assez ordinaire. Je ne dis pas que ce n'est pas excitant, mais une fois que tu l'as fait la Terre ne s'arrête pas de tourner pour autant ! Il faut savoir relativiser tout simplement. Tout cela pour dire que devenir célèbre apporte beaucoup d'avantages dans ta vie mais ça ne change pas forcément qui tu es ni ce que tu feras par la suite.
Alfonso : C'est la même chose pour ce Brit Award, on sera ravis de le remporter mais ce n'est pas si important que cela...

Et si vous ne le remportez pas ?

Irwin : On déclenchera une guerre nucléaire ! [rires]
Alfonso : Si on gagne, on organisera une grande fête avec tous nos amis, mais si on perd ce ne sera pas un drame. C'est juste une statue après tout, ça ne compte pas tant que ça à mes yeux, contrairement à la presse qui tente de faire passer cette cérémonie pour un des plus grands événements musicaux au Royaume-Uni.
Irwin : Cette nomination est une bonne surprise comme il y a en a eu énormément dans notre vie durant l'année passée. Ce qui est vraiment gratifiant c'est de regarder le classement des ventes de disques et de découvrir que notre album est en tête avec Mika et Amy Winehouse par exemple. On n'était rien à côté de ces artistes il y a quelques mois encore mais maintenant le public apprend à nous connaître tout comme eux.

Je suppose que de nombreux labels vous avaient courtisé avant que vous ne décidiez de travailler avec RCA ?

Irwin : Tu serais surpris si on te disait la vérité... [rires]
Alfonso : Tout est allé plutôt lentement. On avait déjà eu quelques bons échos de personnes qui avaient écouté une poignée de démos mais ce n'est qu'après en avoir terminé d'autres que notre manager les a fait écouter à quelques labels. C'est grâce à ses connaissances qu'on a pu trouver une maison de disque, le problème est toujours de connaître ou non les bonnes personnes. On a donc vu pas mal de monde défiler à nos concerts durant un moment mais RCA est le seul label à nous avoir formulé une vraie offre. Ils nous ont vraiment fait sentir que The Hoosiers était leur priorité, ce qui n'était pas vraiment le cas avec d'autres majors...
Irwin : C'est important de pouvoir travailler avec un label qui a confiance en ta musique, ou du moins qui te le dit de cette manière. C'était peut-être naïf de notre part mais je crois qu'on s'en sort plutôt bien depuis.

Worried About Ray est resté près de deux mois dans le top 10 des ventes de singles au Royaume-Uni, est-ce selon vous la chanson qui vous représente le plus ?

Alfonso : C'est une chanson qui a vraiment très bien marché mais ce n'est vraiment pas la chanson qui nous représente le mieux. C'est la première chanson qu'on a sortie sous le nom de The Hoosiers et cela la rend bien sûr particulière à nos yeux mais notre univers musical est trop vaste pour être réduit à cela. C'est une très bonne pop song mais on ne veut pas être catalogué dans un genre à cause de cette chanson.
Irwin : C'est une chanson trop facile selon moi... trop évidente. Elle représente ce que le groupe était à une époque mais notre prochain disque sera probablement très différent. Je pense même que d'une manière générale elle ne représente pas The Trick To Life qui est un album plus sombre qu'il n'y parait au premier abord, à la fois au niveau des textes mais aussi des rythmes.
Alfonso : Worried About Ray est une chanson pop par excellence, avec un refrain vraiment efficace mais une structure très simple. Le reste de nos chansons demande une plus grande attention. Goodbye Mr. A s'est très bien vendu tout en étant plus complexe par exemple.

Quels sont les sujets qui vous tiennent à coeur dans les paroles de vos chansons ?

Alfonso : Les chansons présentes sur The Trick Of Life ont été écrites durant notre jeunesse, elles traitent donc de sujets simples et de tout ce qu'une personne peut éprouver durant sa vie personnelle ou professionnelle. La famille, le travail... le monde en général même ! Il y a quand même quelques exceptions comme Killer qui a été composée après une longue conversation qu'on a eue tous les trois une nuit.
Irwin : Une chanson peut être excellente tout en traitant d'un sujet vraiment simple ou idiot. C'est un emsemble de paramètres qui la rend bonne ou mauvaise au final. Je pense qu'en vieillissant notre perception de la vie évolue et il faut savoir ne pas être passéiste.

Votre succès au Royaume-Uni est très impressionnant mais peu de monde vous connaît en Europe. Est-ce que le fait de percer sur le continent est un objectif ?

Alfonso : Oui bien sûr, c'est une étape logique. On a vendu beaucoup de disques dans notre pays mais il me semble important de pouvoir découvrir d'autres pays pour tenter d'obtenir le même genre de succès. Notre ambition va nous mener en Europe puis au Japon...
Irwin : C'est important d'avoir une certaine exposition, d'autant plus que The Hoosiers n'est pas un groupe typiquement britannique. Alfonso et moi avons beaucoup voyagé alors que Martin est originaire de Suède, notre ouverture vers l'extérieur est donc relativement importante à mes yeux. On a réussi au Royaume-Uni mais on veut maintenant prouver que d'autres pays peuvent aimer notre musique. On aimerait vraiment suivre l'exemple de groupes comme Muse, Radiohead ou Bloc Party qui ont su s'imposer très rapidement partout dans le monde.

Ne ressentez-vous jamais une quelconque pression sur vos épaules ? Vous allez prochainement commencer à écrire un second album et l'attente sera très importante vis à vis de The Hoosiers...

Alfonso : On commence seulement à ressentir la pression dont tu parles mais ça me semble normal. Avec ce qu'on a accompli ces derniers mois cela me semble normal de devoir faire au moins aussi bien dans le futur.
Irwin : On n'a jamais arrêté d'écrire des chansons mais notre premier album contient des morceaux plus ou moins anciens, alors que notre second album sera constitué d'inédits. Alors même si on sait qu'il va vraiment falloir assurer, on reste très confiants parce qu'on a quelques très bonnes idées de chansons en réserve. Et si notre second album est mauvais, c'est qu'il devait en être ainsi...

De quelle manière pensez-vous parvenir à vous renouveler ?

Irwin : Je pense qu'on a tous la capacité de jouer de différents instruments dans le groupe et cela nous permet donc de varier les ambiances et les types de chansons. En plus de cela on a beaucoup appris ces douze derniers mois, en tant qu'humains mais aussi en tant que musiciens, et je crois que toute cette expérience va nous servir par la suite. On devrait pouvoir travailler de manière plus précise, essayer d'incorporer de nouvelles idées à notre musique... On ne peut pas prévoir comment notre prochain disque sonnera mais on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'il soit bon. Ce sera déjà une bonne chose.