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This Town Needs Guns

Interview publiée par Fab le 7 novembre 2008

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Dernière révélation en date de la ville d'Oxford, This Town Needs Guns confirment avec leur premier album, Animals, les promesses entrevues sur le split album publié l'année passée. Rencontre avec ces nouveaux adeptes d'une musique math-rock dépouillée et sans artifices...

Aucun de vos disques n’est encore sorti en France et vous n’avez pas encore eu la possibilité de venir donner des concerts... pouvez-vous donc vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas ?

This Town Needs Guns est compose de quatre musiciens : Stu au chant, Jamie à la basse, Tim à la guitare et Chris à la batterie. J’ai rencontré Stu durant mes études à l’université d’Oxford en 2002 puis Jamie deux ans plus tard au Cellar, un club de cette même ville. Quant à Chris, je le connais depuis ma naissance pour la simple et bonne raison que c’est mon frère aîné.

Votre nom, This Town Needs Guns, ressemble plus à celui d’un groupe de punk ou métal qu’à celui d’une formation rock classique...

Le nom nous a été inspiré par une longue lettre qu’un vieil ami de Stu avait écrite. Il venait de déménager dans une petite ville du nord de l’Angleterre et expliquait à sa petite amie en quoi sa nouvelle vie consistait. Une nuit, alors que la lettre n’était pas encore achevée, des enfants du quartier ont jeté une brique dans la fenêtre de sa chambre, ce qui a eu pour résultat de voir cet ami blessé par de nombreuses projections de verre. En réaction à cet incident, il a donc ajouté la phrase « this town needs guns » à sa lettre... C’est donc une phrase sortie du contexte, un peu comme si une personne âgée parlait des enfants du quartier qu’il trouve insupportables. Il nous a semblé que cela pourrait constituer un excellent nom pour notre groupe car en adéquation avec notre état d’esprit. L’idée nous a paru plutôt amusante…

Daniel Adams, votre précédent bassiste, a quitté le groupe il y a quelques mois. Comment avez-vous réagi en apprenant sa décision ?

En buvant beaucoup de bières pour oublier ! Plus sérieusement, il était évidemment triste pour nous tous de voir Daniel quitter le groupe et la déception était grande en pensant au fait que nous ne pourrions plus jouer à ses côtés. Daniel souhaitait passer plus de temps avec sa famille et nous respectons beaucoup sa décision. Il aurait sans doute pu continuer à faire partie du groupe, mais avec moins d’énergie, de temps, de passion et d’enthousiasme cela aurait été un grand gâchis. Il aurait été injuste d’imposer ça à Daniel, sa famille ou même à nous.
Dans notre malheur nous avons quand même eu une part de chance car Jamie a très vite accepté de le remplacer. C’est un excellent musicien et nous savions dès lors que l’existence du groupe n’était plus menacée.

N’avez-vous pas craint que son départ puisse affecter votre dynamique en tant que groupe ?

Nous savions bien entendu que son départ allait engendrer certains changements, mais nous n’avons jamais douté du fait que cela serait pour le bien de tous. Daniel et Jamie sont différents en tant qu’être humains et ont donc des approches musicales différentes… mais le fait de savoir que Jamie est un musicien talentueux nous a rassurés. La perspective d’écrire de nouvelles chansons avec un ami était en conséquence très excitante !

Musicalement, quelles sont vos influences principales ?

Je pense que la diversité de nos goûts nous permet de tirer notre inspiration de nombreux styles musicaux. Nous aimons tous la musique en général, celle que nous considérons comme intelligente et constructive et que nous tentons de reproduire sur nos disques. Les groupes qui nous influencent le plus à l’heure actuelle sont ceux de la scène de Chicago, avec Owls, Make Believe, Maps And Atlases, Ghosts And Vodka, Owen…

Cette diversité se reflète dans votre musique qu’il me semble difficile de définir. Comment le feriez-vous ?

J’éprouve toujours de grandes difficultés à le faire lorsqu’une personne me pose cette question. Par défaut, je dirais indie-math. Indie-math ou guerilla-folk avec des revendications, croisé avec une overdose de power punk juif auquel se mêleraient des éléments de rap ethniques, des rythmiques et des chants africains, des mélodies schizophréniques d’Europe de l’est et un zeste de disco rural. C’est une description qui nous convient à tous.

L’an dernier vous avez publié un split album avec Cats and Cats and Cats. Le considérez-vous comme votre premier album ?

Non, c’était simplement une bonne opportunité pour nous de pouvoir faire écouter quelques chansons au public. Les compilations qu’on a sorties en Australie ou au Japon sont à contrario de vrais disques même s’il nous a semblé un peu étrange de rassembler les chansons qui étaient enregistrées à un moment donné. Animals est notre première vraie tentative d’écriture d’un album, un ensemble de chansons composées pour former un tout.

Treize animaux pour treize chansons… comment cette idée est-elle née ?

Lorsque nous étions en studios pour écrire et enregistrer des démos, aucune de celles-ci n’avait de vrai nom. Nous avons alors commencé par les nommer « new song 1 », « new song 2 » et ainsi de suite… Ce n’était pas très parlant et nous avons donc décidé d’associer un nom d’animal différent pour chaque nouvelle chanson. Au moment de chercher de véritables noms tout le monde était habitué à ces mêmes animaux, il nous a donc semblé logique de ne rien changer. Le thème animal s’est donc construit sans que nous nous en rendions vraiment compte, c’est pour cette raison que nous avons choisi d’intituler cet album Animals.

Je suppose que vos textes ne parlent pas explicitement des animaux, pouvez-vous me dire quels sont vos influences principales au niveau des textes ?

Les pantalons et l’économie chinoise ! [rires] Plus sérieusement, je ne pense pas qu’un sujet nous inspire plus que les autres, nos chansons sont très diverses. Je ne suis pas très à l’aise quand je dois aborder ce sujet car les textes que j’écris me permettent d’extérioriser les pensées que je ne parviens pas à exprimer oralement. Je pense que d’une certaine manière j’écris les paroles comme pour un poème : mon travail est de convertir des idées et des émotions sur une feuille de papier… si ensuite une personne ne parvient pas à interpréter ce que j’ai écrit, c’est que je n’ai pas suffisamment été bon.

Animals n’est donc en aucun cas un « concept album » ?

Absolument pas ! Le seul concept derrière cet album est d’avoir voulu écrire des chansons qui nous plaisaient puis de les avoir enregistrées ensemble !

Selon toi, quelles sont les différences principales entre vos anciennes chansons et celles sur cet album ?

Je pense que nos chansons actuelles sont plus complexes, il me semble moins aisé de les appréhender à la première écoute. Cela peut aussi dépendre des habitudes musicales de la personne en question, chacun aura une perception différente…

Votre musique s’est malgré tout adoucie sur cet album, avez-vous ressenti cette évolution ?

Elle n’a pas découlé d’une décision commune, la musique a suivi son cours et nous a amenés à là où nous en sommes aujourd’hui. Nous ne fixons jamais de règles à suivre lorsque nous écrivons de nouvelles chansons, le mieux est réellement de travailler en toute sérénité et sans barrières.
En discutant nous avons toutefois décidé de rester fidèles au rendu des chansons en studio pour obtenir un son très naturel et sans le moindre artifice. Nos chansons ne contiennent aucun effet particulier, nous avons simplement beaucoup travaillé sur le type de microphones à utiliser ainsi que la meilleure manière de les exploiter. Au final, le plus important reste la chanson en elle-même, c’est sur cet aspect que nous nous appuyons principalement.

Votre page Myspace propose depuis quelques mois un concept assez original, le « Download Amnesty ». En quoi consiste-il ?

Pour faire simple, nous sommes tous très pauvres et toutes les solutions nous permettant de financer nos tournées et nos disques sont bonnes à prendre. Lorsque nous réalisons que des blogs ou des sites illégaux proposent certaines de nos chansons gratuitement, nous le vivons avec une certaine fierté car cela montre que le groupe peut intéresser certaines personnes. C’est une bonne manière d’en apprendre un peu plus sur nous et de découvrir notre univers sans dépenser d’argent... nous respectons beaucoup cela. Le « Download Amnesty » a pour but de nous apporter une compensation. Si quelqu’un a téléchargé notre album et l’écoute régulièrement, nous lui proposons ainsi de nous faire un don par Internet en compensation. Il n’existe aucune sorte d’obligation bien entendu, mais l’enregistrement de chansons et les tournées nous coûtent beaucoup d’argent et nous espérons pouvoir continuer longtemps encore. Notre but n’est pas de pénaliser qui que ce soit, mais je crois qu’il n’est pas déraisonnable de penser qu’une personne qui nous apprécie puisse accepter de nous verser une petite somme si elle a acquis nos disques gratuitement. Il faut le voir comme une manière de nous aider à poursuivre notre carrière, rien de plus…

Je crois savoir que vous avez prévu plusieurs tournées suite à la sortie d’Animals, à quand une venue en Europe ?

Nous allons jouer durant une semaine en Allemagne et aux Pays-Bas pendant le mois de décembre. Ce sera une sorte de test avant de revenir en début d’année 2009 pour jouer dans un nombre plus important de pays. Le public français aura sans doute une chance de nous apercevoir au printemps prochain…