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White Lies

Interview publiée par Fab le 13 janvier 2009

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Après des débuts discrets sous le nom de Fear Of Flying, White Lies suivent désormais depuis plus d'un an une trajectoire ascendante que rien ne semble entraver. Alors que leur premier album s'apprête à voir le jour en Europe, rencontre avec l'une des probables révélations de 2009...

Pouvez-vous commencer par présenter White Lies ?

Harry : Charles et Jack se connaissent depuis l'école primaire mais c'est au collège que j'ai fait la rencontre de Jack. Nous avions quelques amis en commun à cette époque mais c'est à l'âge de quinze ou seize ans que nous avons vraiment commencé à passer du temps ensemble. La musique est devenue une passion de plus en plus prenante et c'est cela qui nous a amenés à acheter des instruments et à décider de jouer ensemble. C'est ainsi qu'est né Fear Of Flying. Il y a environ un an maintenant nous avons décidé qu'il était temps de suivre une nouvelle voie et de proposer quelque chose de différent, c'est pour cela que nous avons pris le nom de White Lies.

Prendre un nouveau départ n'était-il pas un choix risqué ?

Charles : Comme l'a dit Harry, nous étions encore très jeune quand nous avons formé notre premier groupe et je crois que nous n'étions plus en adéquation avec nos envies sous cette forme. Durant notre adolescence nous avons beaucoup appris artistiquement, à la fois en tant que musiciens mais aussi en tant que groupe, et Fear Of Flying ne correspondait plus à ce que nous sommes aujourd'hui. En écoutant nos anciennes chansons et celles que nous jouons maintenant, il nous semblait évident qu'un fossé s'était creusé.

Votre but était donc de prendre un nouveau départ ?

Charles : Pour moi, tout ce que nous avions pu écrire et enregistrer jusque là, ce n'était que de simples brouillons. J'ai conscience que toutes ces choses ont eu une grande importante dans notre développement artistique... nous avons appris à jouer ensemble et à nous faire entendre, mais il fallait passer à autre chose. Un bon groupe ne naît pas d'un jour à l'autre, il faut suivre un véritable processus d'évolution jusqu'à la maturité. Lorsque nous avons choisi de devenir White Lies nous avions une grande confiance en nous, nous étions véritablement certains que ce choix était le bon.

Que signifie le nom de White Lies pour vous ?

Charles : C'était un choix naturel, le nom nous plaisait. Je ne pense pas qu'il existe de véritable équivalent en français, c'est une expression typiquement britannique qui se traduit par le fait de mentir à une personne pour la préserver. C'est un bon mensonge en quelque sorte. Notre nom a beaucoup surpris le public et les médias japonais quand nous nous sommes rendus dans ce pays, il était très compliqué de leur faire comprendre la véritable signification de notre nom. Après tout, il ne faut pas chercher une explication trop complexe... c'est un nom qui colle bien à notre musique et c'est ce qu'il faut retenir.

Votre musique est beaucoup plus sombre maintenant qu'elle ne l'était à vos débuts. Cette évolution a-t-elle été naturelle ou forcée ?

Harry : Je pense que ce changement est apparu lorsque nous avons écrit la première version de Unfinished Business en l'espace d'une demi-heure. Ce n'était qu'un simple brouillon mais l'utilisation du clavier apportait déjà une certaine noirceur. C'était quelque chose de nouveau pour nous mais nous avons immédiatement réalisé que cela nous semblait juste et que le résultat nous correspondait. Le processus a donc été complètement naturel au départ puis nous avons simplement continué à explorer cette même voie. Il ne nous a pas fallu plus de deux ou trois chansons avant de définir ce qu'était White Lies.

Il ne vous a ainsi fallu que quelques mois pour obtenir une certaine reconnaissance avec White Lies... ce qui ne fut jamais réellement le cas pour Fear Of Flying. Vivez-vous cela comme une revanche ?

Charles : Il n'est pas question de revanche car notre réussite actuelle tient en une seule raison : les chansons que nous écrivons maintenant sont bien meilleures ! Les chansons écrites à l'époque de Fear Of Flying n'étaient pas mauvaises, elles étaient simplement différentes. En réalisant qu'elles ne nous correspondaient plus nous avons donc voulu faire évoluer notre style musical tout comme nos personnalités avaient changé. Je ne suis pas surpris de voir que le public nous apprécie plus maintenant qu'il y a un an ou deux.

La musique de White Lies est souvent comparée à celle de Joy Division, Editors, The Killers ou Echo & The Bunnymen, cela vous semble-t-il approprié ?

Charles : Je ne pense pas qu'il soit possible de nier qu'il existe des similarités entre nos chansons et celles de ces groupes mais la vérité est qu'ils ne font pas partie de nos influences. Nous les connaissons certes, mais nous ne les écoutons pas tous. En réalité je pense que ce genre de comparaisons est plutôt flatteur pour nous, non ? Tous les groupes débutants sont catalogués un jour ou l'autre dans un style spécifique, ce n'est pas une particularité de White Lies. Il me semble parfaitement naturel de comparer des débutants à des formations reconnues afin de pouvoir mieux expliquer ce que le public peut en attendre. Je préfère que l'on nous rapproche de Joy Division plutôt que de mauvais groupes.

Quels sont alors les groupes qui vous ont le plus influencés ?

Harry : C'est sans doute un cliché mais nos goûts sont très différents et impactent donc notre musique en conséquence. Lorsque nous avons créé White Lies nous écoutions beaucoup les albums de Secret Machines et Interpol. Plus récemment nous avons consacré beaucoup de temps à l'album Ocean Rain d'Echo & The Bunnymen.

Votre premier single s'intitulait Unfinished Business, doit-on y voir un lien avec la fin de Fear Of Flying ?

Jack : Pas du tout !
Charles : Unfinished Business est un extrait des paroles de la chanson, ce n'est qu'une simple coïncidence si l'expression se rapproche de notre histoire.

Votre musique est donc sombre mais qu'en est-il de vos textes ? Quels sont vos thèmes favoris ?

Charles : Je n'écris que des chansons dont les textes peuvent être appréciés à n'importe quelle époque, je ne veux pas que le thème soit lié à un événement spécifique dont l'intérêt sera moindre quelques mois plus tard. Je ne cherche pas à disserter sur la société ou la politique en exposant ma vision des choses, cela ne correspond pas à ma vision de la musique. Je ne veux pas être perçu comme un prêtre qui chercherait à faire passer un message.
Harry : Nous avons vu un reportage sur le sujet à la télévision il y a quelques jours. Deux musiciens débattaient du fait que la musique doive ou non être utilisée pour influencer l'opinion publique et les hommes politiques. Ils prenaient pour exemple des artistes comme Bob Dylan ou Rage Against The Machine qui ont toujours été doués pour ce genre de choses, mais je suis totalement opposé à cette idée. La musique n'est pas faite pour ça, elle doit être utilisée pour transmettre des sentiments et faire éprouver des choses nouvelles au public.
Charles : La vie politique ne nous désintéresse pas pour autant, mais je ne veux pas tout mélanger.

>Pensez-vous que vos deux premiers singles, Unfinished Business et Death sont de bons exemples de votre univers artistique ?

Harry : Absolument ! Lorsque nous étions en studio pour enregistrer notre album nous avions pour habitude de réécouter Death régulièrement pour ne pas perdre de vue notre objectif. L'idée n'était pas de copier cette chansons mais plutôt de s'inspirer de certains éléments pour conserver une ligne directrice sur l'ensemble du disque. Ce n'était bien entendu qu'une simple base, cela ne nous a pas empêché de faire appel à un orchestre de cordes par exemple.

Le titre de votre album, To Lose My Life, possède lui aussi une connotation plutôt sombre. Pourquoi l'avoir choisi ?

Harry : To Lose My Life est le titre de l'album mais aussi celui de notre nouveau single.
Charles : La véritable typographie du titre de l'album est « To Lose My Life... ». Nous avons souhaité que l'expression puisse être interprétée de différentes manières, que cette affirmation demeure ouverte en quelque sorte. De nombreuses chansons du disque s'inspirent des thèmes de la mort, de la solitude ou de la perte, cette phrase a donc le rôle d'une synthèse. Elle pousse les personnes à se questionner et à analyser leurs pensées. Sur ce point, le texte va de paire avec la musique.

Ed Bueller (Suede, Pulp) a produit votre premier album, pourquoi l'avoir choisi lui et non un autre ?

Harry : C'est lui qui nous a contactés à nos débuts sous le nom de White Lies et non l'inverse. Il aimait notre son et il nous a proposé d'enregistrer quelques démos avec lui. C'était une bonne opportunité pour nous de travailler avec une personne qualifiée mais aussi de pouvoir mettre au propre quelques chansons pour voir le résultat en studio. Pour l'album nous avons aussi collaboré avec Max Dingle qui est surtout connu pour avoir travaillé avec Muse, Glasvegas et The Killers. C'est vraiment un excellent ingénieur du son, il connait parfaitement l'environnement dans lequel il évolue et ses conseils nous ont été précieux durant l'enregistrement du disque. C'est la combinaison de ces deux personnes qui nous a permis de réussir l'album.

Stephen Street avait pourtant produit vos premières chansons lorsque vous portiez encore le nom de Fear Of Flying...

Harry : C'est une personne pour laquelle j'ai beaucoup d'estime. Il aime la musique, c'est un excellent producteur, un homme très intelligent... mais je ne l'imagine pas capable de produire les chansons de White Lies. L'alchimie ne se ferait pas avec lui.
Jack : Je suis sûr qu'il aurait refusé dès le départ de produire cet album. Il est conscient de ce qu'il peut ou ne peut pas faire.

Quelles sont vos attentes pour les mois à venir ? Qu'attendez-vous de la sortie de votre album ?

Charles : Nous espérons d'abord que le public appréciera autant l'album que nous, c'est un point très important. Nous ne sommes encore qu'un petit groupe mais si tout se passe bien nous devrions pouvoir partir en tournée et jouer dans des salles de plus grande capacité. J'ai beaucoup de mal à réfléchir sur le long terme, il a encore trop de choses à régler dans les prochaines semaines. Nous prenons les choses comme elles viennent, c'est sans doute la meilleure manière de gérer notre carrière.