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Brakes

Interview publiée par Fab le 8 juin 2009

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En dépit des occupations parallèles de ses membres, c'est en avril dernier que Brakes a publié un troisième album studio en l'espace de quelques années seulement. De passage à Paris pour un concert dans la salle du Point Ephémère, Eamon Hamilton nous accordait une demi-heure de son temps pour nous parler de ce disque mêlant, entre autres, amour et extra-terrestres...

Le troisième album de Brakes vient de sortir en Europe, ce qui semble plutôt positif pour un groupe qui n'était au départ qu'un simple side-project. A partir de quel moment avez-vous senti que les choses devenaient sérieuses ?

Je pense que notre tournée avec Belle & Sebastian nous a permis de prendre conscience de certaines choses mais il n'y a pas eu d'élément déclencheur à proprement parler. Le premier album était une étape mais lorsque nous avons commencé à travaillé sur le second il nous a semblé un peu plus évident que Brakes n'était pas qu'un projet parallèle parmi d'autres. Et pourtant je n'ai toujours pas l'impression que Brakes est un groupe spécialement sérieux, même maintenant ! (rires)

Vos trois albums ont tous été écrits et enregistrés en l'espace de quatre années, comment expliques-tu que vous soyez si prolifiques ?

Nos disques sont toujours sortis très rapidement mais je n'ai pas l'impression que nous soyons particulièrement prolifiques. Notre second album a été écrit et enregistré en peu de temps car nous aimions particulièrement la plupart des chansons, ce qui avait rendu le processus plus simple, mais pour celui-ci nous avons pris plus de marge. Je suis fier du travail que nous avons fourni ces derniers mois et je pense sincèrement que c'est le plus réussi de notre discographie, peut-être parce que nous lui avons consacré beaucoup d'énergie. Les chansons ont été travaillées séparément, puis rassemblées pour le disque et enfin améliorées au cas par au cas.

Vous avez choisi de vous rendre à Glasgow pour les sessions d'enregistrement. Peux-tu m'expliquer ce choix ?

Là-bas nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec Paul Savage, l'ancien batteur de The Delgados. Alex, notre batteur, est fan depuis des années de ce groupe et lorsque nous avons su qu'il était possible de collaborer avec lui nous n'avons pas réfléchi longtemps... J'ai toujours aimé la ville de Glasgow et la scène musicale locale, notamment Teenage Fanclub ou les Rx Bandits, cela me semblait donc une belle opportunité pour Brakes de pouvoir vivre dans cette atmosphère quelques temps.

La ville de Glasgow vous a-t-elle amené à travailler avec Paul Savage ou l'inverse ?

Nous y sommes allés pour Paul ! Il s'occupe des studios Chem 19 du label Chemikal Underground et l'idée de pouvoir nous aussi nous y rendre semblait parfaite.

Après être allés à Nashville pour The Beatific Visions, je suppose que l'expérience a dû être très différente ?

Le climat était surtout beaucoup plus chaud à Nashville qu'à Glasgow ! En réalité ce sont deux villes où la culture musicale est très développée... mais de manières différentes. La scène actuelle de Nashville nous touche moins mais il m'arrive encore d'écouter certains artistes plus anciens originaires de cette ville. Pouvoir visiter des lieux si différents et si éloignés d'un album à l'autre nous permet de nous enrichir artistiquement.

Penses-tu que la ville de Glasgow en elle-même a influencé ce disque d'une manière ou d'une autre ?

Avec du recul je dirais que nous avons aussi cherché à travailler nos harmonies vocales plus qu'auparavant. Je pense que Teenage Fanclub est l'une de mes influences principales en tant que musicien et le fait d'être allé dans la ville dont le groupe est originaire a certainement eu un impact sur l'écriture des chansons. L'un des chanteurs du groupe, Norman Blake, est venu nous rendre visite dans le studio un jour pour juger de l'utilisation que nous faisions d'une pédale d'effets qu'il avait mise au point : le résultat lui a plu, je crois que c'était positif pour nous ! Quand un héros de ta jeunesse te fait des compliments, que peux-tu espérer de mieux ? (rires)

Ce nouvel album dégage un certain « fun », avez-vous aussi pris du plaisir en l'enregistrant ?

Absolument ! Nous avons voulu passer des messages sérieux mais en nous amusant. Le public ne s'en rend pas toujours compte mais toutes les bonnes comédies ou blagues se basent sur des choses plus sérieuses qu'elles n'y paraissent. Cet album a été enregistré sur le même principe, privilégier l'aspect fun en gardant en tête le véritable message. Il n'est pas obligatoire de choisir entre la réflexion et le fait le danser, il suffit de faire les deux simultanément !

Vos deux premiers disques manquaient parfois de cohésion mais Touchdown paraît lui plus homogène. Etait-ce l'un de vos objectifs ?

Je le prends comme un compliment, merci ! J'ai écrit la plupart des chansons de l'album lorsque je vivais en France à Romainville dans un bâtiment occupé par des artistes. La vie à Paris m'a fortement influencé et cette ville a pris une importante place dans mon cœur ces derniers mois... tout comme dans le disque. Les chansons auraient été très différentes dans un autre lieu.

Etant donné que tu es maintenant installé aux Etats-Unis à Brooklyn, le prochain album de Brakes sera donc influencé par les Etats-Unis ?

Je me suis marié à Romainville l'été dernier puis j'ai déménagé à New York car ma femme est originaire de cette ville. Je me plais beaucoup là-bas et ma femme est désormais enceinte... lorsque je déciderais de préparer de nouvelles chansons je suppose que ce lieu m'accompagnera tout comme Paris l'a fait pour Touchdown. Ce sera peut-être un disque sur les taxis et les hot dogs ! (rires)

Pour en revenir à Touchdown, quels thèmes as-tu souhaité aborder ?

Comme je l'ai expliqué plus tôt, je suis tombé amoureux durant l'écriture de ce disque... l'amour est donc un thème prédominant dans beaucoup de chansons. J'ai aussi souhaité traiter des sujets plus « étranges » comme les théories de complots, les esprits qui contrôlent les êtres vivants, la peur du futur... et les aliens bien entendu !

Vous n'avez jamais caché vos influences américaines, choisir Touchdown pour le nom de l'album est-il une forme d'hommage ? Ou une idée pour vendre plus de disques en Amérique ?

C'est à cause des aliens ! Tout est parti de la chanson Don't Take Me To Space (Man) qui traite du sujet des kidnappings par les extra-terrestres. Le terme touchdown doit être compris ici comme une forme d'atterrissage, le même type d'atterrissage que nous cherchions à créer pour que notre nouvel album se pose en douceur. C'est une métaphore pour exprimer l'arrivée de notre nouveau disque.

Don't Take Me To Space (Man) et Hey Hey ont tous deux été publiés en singles ces derniers mois, ce choix vous semblait le plus évident ?

Une personne qui commencera par écouter ces deux chansons aura une vision rock et décomplexée du disque mais il y a d'autres aspects à prendre en compte. Certains titres sont plus orientés country, d'autres pop façon Belle & Sebastian... les deux singles que nous avons choisis sont ceux qui nous semblaient les plus évidents mais leur rôle est de pousser l'auditeur à découvrir l'ensemble de l'album.

Si tu ne devais retenir qu'une seule chanson sur ce disque, laquelle serait-ce ?

Je crois que je choisirais Why Tell The Truth (When It's Easier To Lie). Je l'ai écrite tranquillement lors d'une soirée où je buvais quelques verres en fumant des cigarettes et les paroles me sont venues presque naturellement sans que je me rende compte que j'écrivais en réalité une chanson. J'étais pourtant dans un état d'esprit plutôt énervé ce jour-là à cause de ma banque qui me demandait de l'argent mais il faut croire que cela m'a inspiré !

Vous n'avez plus enregistré de duos depuis votre premier album qui en comportait deux avec Liela Moss (The Duke Spirit) et The Pipettes, aucune occasion ne s'est présentée depuis ?

Ce n'est pas une volonté de notre part... Je pense simplement que les chansons que nous avons écrites pour cet album ne s'y prêtaient pas et nous n'avons donc pas forcé les choses. J'ai essayé de me pousser à composer en ce sens mais j'ai vite réalisé que ce n'était pas une manière correcte et honnête de travailler. Le but d'un duo est de partager quelque chose avec un autre artiste, il faut donc qu'il y ait une réelle nécessité de le faire, pas juste une envie sans réelle motivation créative. A la place nous avons donc enregistré une reprise d'Ancient Mysteries de Charles Douglas. C'est une chanson qui parle d'histoires un peu étrange et elle s'intégrait parfaitement dans l'esprit du disque.

J'ai cru comprendre que durant le mixage de Touchdown, vous avez également enregistré un album acoustique et mixé un second disque live. Peux-tu m'en dire plus à ce sujet ?

Nous avons juste mis à profit notre temps libre. L'enregistrement à proprement parler de Touchdown n'a duré que deux semaines, ce qui nous a laissé plus de temps qu'il ne nous en fallait pour mixer les chansons. Plutôt que de jouer à GTA sur notre console durant nos heures de repos nous avons donc décidé de travailler sur des chansons acoustiques pour en faire un autre disque. Pour l'album live, nous avions quelques enregistrements de concerts à notre disposition alors nous les avons utilisés ! Le résultat me plaît et j'espère que notre label sera d'accord pour que nous les sortions en fin d'année.