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The Hotrats

Interview publiée par Anne-Line le 29 mars 2010

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« Je ne suis pas fanatique d'Hitler ! ». À peine arrivé sur le lieu de rendez-vous, la conversation s'engage in medias res avec Danny Goffey et un Gaz Coombes d'humeur facétieuse, notamment à propos d'une femme chantant du Lionel Richie dans le métro, et sur le fait que Gaz est obsédé par Hitler. Sound Of Violence a tout de même tenté d'évoquer avec les deux trublions leur nouvel album de reprises tout juste sorti, en marge du prochain album de Supergrass...
Gaz : Je m'intéresse beaucoup à l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Je connais d'autres rock stars qui le sont aussi, ça doit sans doute être le côté leader, dominateur qui les fascine.

Sans doute... Et alors, The Hot Rats, c'est en référence à Zappa ou autre chose ?

Gaz : Ce n'est pas une référence directe. C'est un très bon album. Nous avons toujours aimé ce nom, nous trouvons que les mots sonnent très bien ensemble. Nous et Nigel, qui a produit l'album.

Cet album, c'est plutôt le genre d'albums qu'on fait chez soi, un soir entre copains, et qu'on garde pour soi au final. Pourquoi avoir choisi de le sortir et de faire une tournée avec?

Gaz : C'est ce qu'on voulait faire au départ ! On a juste enregistré deux outrois chansons un soir où on était dans le studio de Nigel, juste pour rigoler donc. Et puis elles sonnaient tellement bien... Alors on a vontinué.
Danny : C'est juste un prétexte pour pouvoir voyager ensemble à l'œil (rires) ! C'est comme partir en colonie de vacances autour du monde avec tes potes !
Gaz : Une colonie de vacances où il faut travailler un peu quand même... On n'a pas spécialement cherché à en arriver jusque là. On n'a pas cherché de label ni rien. C'est Pias qui nous a demandé s'ils pouvaient l'avoir! On venait de commencer à enregistrer le prochain album de Supergrass, et on avait quelques semaines de libres sur le planning. On est allé voir Nigel, et on a fait ces mixtapes de reprises. Juste pour nos amis et nos familles. Ils nous ont tous dit que c'était génial.
Danny : On en a fait au moins cinquante ou soixante en une semaine. Alors on s'est dit, autant profiter d'être encore dans la fleur de l'âge et les sortir tout de suite (rires) !
Gaz : On a remarqué qu'il n'y a pas beaucoup de groupes de rock'n'roll qui font des albums de reprises. C'est assez ringard comme concept. On a l'impression d'être à notre zénith musicalement en ce moment, alors on a voulu profiter de cette occasion pour en faire encore plus ! On ne voulait pas attendre d'être vieux et gâteux. Ces chansons, à force de les jouer, sont un peu devenues les nôtres aussi. On les a un peu arrangées, on a changé des parties de guitare. Donc quand on les joue, on n'a pas l'impression de faire juste des imitations.

Vous aviez déjà monté un side-project auparavant, les Diamond Hoo Ha Men. Quelle est la différence avec ce projet-ci ?

Gaz : Les Diamond, c'était juste pour faire des concerts le temps que Mickey récupère de son accident. Et on ne jouait que des chansons de cet album-là. En fait, la différence, c'est que les Diamond sont nés sur scène, alors que les Hot Rats sont nés en studio.

Comment va Mickey maintenant?

(En chœur) : Il est en pleine forme !

Pour en revenir au disque, comment s'est effectué le choix des morceaux ? Avez-vous choisi des chansons qui ont une signification particulière pour vous ?

Gaz : Non, pas spécialement. Enfin, pas au début en tous cas. Elle ont gagné en importance au fur et à mesure. À force d'en parler, de réfléchir à comment nous les approprier. Certaines ont été choisies par Nigel, d'autres sont notre idée. Bien sûr, il y en a avec lesquelles on a grandi, par exemple Big Sky des Kinks ou Lovecats des Cure... Il y en a qu'on a choisies sur un coup de tête, juste au moment d'enregistrer. On faisait un peu ce qui nous passait par la tête, mais on a tout de même essayé d'éviter les trop grands classiques que tout le monde connait ! Par exemple Let's Dance de David Bowie. On ne voulait pas faire des morceaux déjà repris vingt fois.

Avez-vous consulté les éventuelles reprises que d'autres groupes ont pu faire des chansons que vous aviez choisies ? Cela vous a-t-il influencé ?

Danny : On a regardé un peu sur YouTube, oui...
Gaz : Si on voyait qu'il y avait plus de cinq ou dix versions différentes qui existaient déjà, on abandonnait. Cela dit on, a trouvé une version de Crystal Ship par Duran Duran et une autre de Bike en acoustique par Pete Doherty qui valaient vraiment la peine d'être écoutées. C'est assez bizarre d'en parler en fait, parce que tout ce processus était assez spontané, il n'y a pas vraiment eu de réflexion sur le moment. On est obligé pour les interviews de trouver des explications a posteriori.

C'est quand même sympa, pour un délire entre copains, de pouvoir aller chercher Nigel Godrich à la production...

Gaz : On n'est pas allés le chercher, c'est lui qui nous a trouvé ! C'est un bon ami depuis dix ans. Il est aussi très proche de notre manager (ndlr : Chris Hufford, qui s'occupe également de Radiohead).
[Par pure coïncidence, il arrive dans la pièce juste à ce moment-là et se dirige vers nous...]
Danny : Tu vois ce vieillard qui est là? Avec les cheveux blancs ? C'est lui (rires) ! Nous sommes un petit gang très soudé tous les quatre. Il est venu alors qu'il n'y avait pas d'argent en jeu, et personne ne parlait de contrat.

A-t-il joué sur l'album?

Gaz : C'est un producteur très « musical » qui est du genre à jouer des instruments dans la salle de contrôle pendant que toi tu joues dans le studio. Il ne reste pas assis sans rien faire, il joue avec toi.
Danny : Tu peux le voir chanter et l'entendre faire des bruits très étranges pendant que tu essaies de jouer ! Un peu du genre [imite un Nigel Godrich surexcité aux manettes poussant des cris incohérents].

Y a-t-il eu des morceaux que vous avez eu du mal à adapter ?

Gaz : La plupart ont été enregistrés en une ou deux prises. Le challenge, c'était d'arriver à rendre chaque chanson intéressante par rapport à l'original et je pense qu'on s'est assez bien débrouillés (rires) ! Par exemple pour la chanson des Beastie Boys, notre manager voulait qu'on rappe vraiment dessus... Il pensait que ce serait drôle ! J'ai essayé de reproduire ce gros riff, mais ça n'allait pas. Au final, j'ai essayé quelque chose de totalement différent avec la guitare acoustique, et c'était tout d'un coup parfait ! Donc oui, on a pu avoir quelques hésitations sur certains morceaux, mais ça ne durait jamais bien longtemps.

Avez-vous eu des retours de la part des artistes originaux ?

Gaz : Quelques uns, oui ! On a eu que du positif.

Il parait que Bowie n'est pas du genre commode avec ce genre de choses...

Danny : C'est un ami à moi.
Gaz : Tu parles, tu l'as croisé deux ou trois fois (rires) ! Danny : Non, je suis sérieux ! D'ailleurs un autre ami à moi l'a croisé à un mariage l'autre jour, et Bowie lui a dit « Passe le bonjour à Dan ! ».

Quid du prochain album de Supergrass ?

Gaz : On a bien avancé. On a beaucoup de morceaux, on en est au premier écrémage. Voir ce qu'on garde, voir ce qu'on laisse... On en est à peu près à la moitié. Il devrait sortir sûrement au début de l'année prochaine ! Je pense qu'on devrait l'avoir fini pendant l'été, donc en toute logique il sortira pendant l'hiver. Il se passe toujours un laps de temps incompréhensible entre le moment où on finit un album et le moment où il sort ! Si ça ne tenait qu'à nous on le sortirait cette année, mais ça ne me paraît pas être dans le domaine du possible. Peut-être qu'on devrait essayer de faire du forcing auprès des gens qui décident pour nous !
Danny : De toute manière, maintenant ça n'a plus d'importance de savoir quand on sort un disque... Les gens ne les achètent plus (rire) !
Gaz : Le point positif, c'est qu'il n'y a personne qui nous fasse vraiment concurrence. Sur notre créneau, il n'y a personne d'autre. Donc nous dirons dans dix mois ou un an, aux alentours de janvier 2011.